Destinée à accueillir des programmes courts, en misant sur le streaming des millenials en mouvement, le réseau lancé en avril a subi de plein fouet la crise sanitaire.
Elle aura eu une vie encore plus courte que ses programmes. La petite plateforme Quibi, pensée comme le streaming de demain, avec des séries courtes aux épisodes d'une dizaine de minutes (à binge-watcher dans le métro, en somme), s'arrête déjà. La société, dirigée et fondée par Jeffrey Katzenberg et Meg Whitman, a confirmé hier soir (via Variety) son intention de "mettre fin à ses activités commerciales et de lancer un processus de vente de ses actifs". Et cela six mois seulement après le lancement de Quibi, en avril dernier, en pleine pandémie COVID aux États-Unis.
En raison de l'évolution du paysage de l'industrie, "il était clair que l'entreprise ne serait pas en mesure de continuer à fonctionner à long terme de manière autonome", précise le communiqué de Quibi. Elle laissera sur le carreau quelques 200 employés et des dizaines de projets dans les limbes. Il faut dire qu'au troisième trimestre, Quibi atteignait la barre des 710 000 foyers abonnés, avec une baisse de 300 000 par rapport au trimestre précédent, alors que le groupe avait prévu de toucher 7,4 millions d'abonnés payants au cours de sa première année, selon le Wall Street Journal. La concurrence des autres plateformes de streaming, sur l'écran du salon pendant ces longs mois de confinement, et aussi des applications gratuites comme Snapchat, TikTok, Instagram et YouTube, ont été le glas de Quibi, qui n'a pas su réagir assez vit et vient seulement de lancer une app pour Apple TV, Fire TV (Amazon) et Android TV, afin que ses programmes soient visibles sur la télé familiale.
"Quibi a été fondée pour créer la prochaine génération de narration", explique Katzenberg dans le communiqué. "Nous avons réuni une équipe créative et d'ingénierie de classe mondiale qui a créé une plateforme originale alimentée par une technologie révolutionnaire, permettant aux consommateurs de visualiser du contenu haut de gamme d'une toute nouvelle manière. Le monde a radicalement changé depuis le lancement de Quibi et notre modèle d'entreprise autonome n'est plus viable (...) Parce que l’idée elle-même n’était pas assez forte pour justifier un service de streaming indépendant, ou à cause de notre timing. Les circonstances de lancement pendant une pandémie sont quelque chose que nous n'aurions jamais pu imaginer, mais d'autres entreprises ont fait face à ces défis sans précédent et ont réussi à trouvé leur chemin. Nous n'avons pas su le faire."
Concrètement, les dirigeants vont maintenant travailler pour dissoudre la société et identifier un ou plusieurs acheteurs appropriés pour reprendre ses actifs : "Nous continuons de croire qu'il existe un marché attrayant pour du contenu haut de gamme en format court. Au cours des prochains mois, nous travaillerons d'arrache-pied pour trouver des acheteurs pour ces actifs précieux qui pourront les exploiter à leur plein potentiel."
Rappelons que Quibi avait mis gros sur la table (jusqu'à 6 millions de dollars par heure de programmation) pour s'offrir de grand noms hollywoodiens à la création de contenus, notamment Steven Spielberg, Guillermo del Toro, Jennifer Lopez, Sam Raimi, Chrissy Teigen, Reese Witherspoon, Antoine Fuqua, Lena Waithe, Anna Kendrick, Rachel Brosnahan, Issa Rae, Kevin Hart et Steven Soderbergh.
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