Neuf mecs d'Emma de Caunes
Alessandro Clemenza-Studiocanal Original-Majie Films-Canal+

Un an après Neuf meufs, Emma de Caunes célèbre la sensibilité masculine dans une mini- série et un unitaire de 90 minutes à voir sur MyCanal. Rencontre

L’idée de former un diptyque Neuf meufs ! Neuf mecs était présente dès le départ ?

Emma de Caunes : Non parce Neuf meufs était au départ une idée de long métrage que je n’avais pas réussi à financer et dont j’ai ensuite modifié certaines histoires pour rentrer dans le cadre de la série, à commencer par l’unité de lieu qui était demandée. En fait, c’est pendant le tournage de Neuf meufs que j’ai eu l’idée de Neuf mecs. Et Canal + m’a donné assez vite le feu vert

Qu’est ce qui vous a guidé dans son écriture ?

Dans Neuf meufs, j’avais déjà accordé une attention particulière aux personnages masculins car je ne voulais pas tomber dans les travers de l’opposition entre les sexes. Je tenais à les montrer touchants et fragiles. C’est la même voie que j’ai empruntée pour Neuf mecs. Imaginer des portraits un peu inattendus, des personnages vulnérables. Montrer que souvent, chez les hommes, par rapport aux femmes l’expression des sentiments est plus pudique, plus en retenue. Car depuis #Metoo, la question basique de « c’est quoi être un homme aujourd’hui ? » a évolué. C’est aussi cela que j’avais envie de raconter

C’est plus difficile pour vous d’écrire pour des hommes que pour des femmes ?

Oui car ça ne me vient pas tout aussi naturellement mais heureusement, comme toujours j’ai pu compter sur Diastème. Et surtout j’ai essayé de passer par l’humour pour faire passer des messages aussi simples qu’accepter l’autre tel qu’il est. Dans sa sexualité, dans son rapport au romantisme, dans sa manière de voir l’existence. Mais Neuf mecs naît aussi de l’envie de travailler avec les acteurs et d’en révéler certains. Pour cela, il y a évidemment un gros boulot de casting avec Juliette Ménager et Nicolas Derouet, déjà présents sur Neuf meufs. Mais je me suis aussi fait plus confiance, en engageant des comédiens que j’avais repérés moi- même à l’Ecole du Jeu, une école de théâtre géniale, créée et dirigée par Delphine Eliet avec une méthode où le travail sur le corps et la voix est au centre de l’enseignement.

Vous travaillez comment avec eux ?

Comme sur Neuf meufs, j’ai exigé de répéter. C’est encore plus indispensable quand on a comme ici seulement deux jours de tournage par histoire. Il faut avoir régler le plus possible de questions et de problèmes avant d’arriver sur le plateau. Sans quoi on ne tiendra pas les délais ou on en ressortira frustré. Voilà pourquoi j’ai demandé et obtenu une journée de répétitions par épisode

NEUF MECS: LE PENDANT MASCULIN REUSSI DE 9 MEUFS [CRITIQUE]

Quel plaisir avez- vous pris à diriger votre père ?

Ce segment a été le plus dur à écrire. On se demande pourquoi ! (rires) Il joue un homme qui souffre du syndrome de la page blanche au moment d’écrire un discours pour l’enterrement d’un proche. Je l’ai associé à Philippe Katerine car j’avais envie d’un côté Laurel et Hardy burlesque, avec cette idée qu’il lui fait pratiquer de la gym à haute intensité. Avec Diastème, on est passé par de nombreuses étapes pour trouver la bonne idée et le ton juste. Et sur le plateau, j’étais très intimidée de le diriger. Car on a beau faire, ça reste papa ! Et j’imagine que pour lui aussi ce n’était pas simple. Je voulais qu’il en fasse le moins possible. Qu’il ne joue jamais sur sa malice, sur tout ce qui le constitue intimement. Car avec ce personnage, j’étais dans quelque chose de très émotif. A travers lui, je voulais parler du temps qui passe… en dépit du corps de jeune homme qu’il a conservé à 68 ans. C’est sans doute, et pas par hasard, l’épisode qui se donne le moins facilement, où les enjeux ne sont pas tout de suite définis et j’ai fait le pari qu’on y rentrerait grâce à mon père et Philippe parce qu’on aurait envie de les voir ensemble.

Vous avez pris plus de plaisir sur le plateau pour votre deuxième expérience ?

Exactement le même ! Je m’éclate sur un plateau et je suis une grande émotive. Je crois même que j’étais encore plus émue sur Neuf mecs que sur Neuf meufs. J’ai énormément chialé. Du coup, parfois, je suis privée de plateau et on m’envoie loin y compris parce que je ris trop ! Mais je vis totalement le tournage avec mes acteurs. C’est ce qui me plaît le plus dans tout le processus

Vous avez des choses en tête pour la suite ?

Je suis en train d’écrire un projet. Franco-britannique. J’en suis au tout début donc je ne sais pas encore si ce sera sous le format d’un film ou d’une série. Mais j’y travaille.