Ancien flic des stups, Clément Godart a eu l'idée de raconter son expérience dans une nouvelle série coup de poing, après avoir fait la connaissance du célèbre rappeur à Miami...
Si Ourika prend pour point de départ les émeutes de 2005 en banlieue, la nouvelle série criminelle qui sort aujourd'hui sur Prime Video a une ambition beaucoup plus vaste : celle de raconter l'essor du trafic de drogue en France et dans le monde, évoquant l'incapacité de la police à l'endiguer. Clément Godart en sait quelque chose. Lui qui a été flic pendant deux décennies a traqué les narcotrafiquants dans les cités d'Île de France, jusqu'en Amérique du sud. Et c'est même là-bas qu'a germé l'idée de la série Ourika.
"En 2016, j'étais en opération d'infiltration entre la Colombie et les Etats-Unis, en lien avec la DEA (l'Agence américaine, Drug Enforcement Administration). Là, on serre le neveu d'Escobar, qui bosse pour le cartel de Medelin", raconte à Première Clément Godart, en marge du festival Séries Mania où Ourika était présentée en compétiton. Le policier devenu scénariste poursuit son récit : "Je me retrouve à Miami, pour enquêter sur la branche financière du cartel. Sur place, je croise un vieux pote devenu chasseur de primes, qui s'avère être le meilleur ami de Booba ! Je le rencontre, on discute, et on devient pote assez vite. Moi, je continue ma vie de flic, et ça, ça fascine Booba. Dans la foulée, il me dit que ça fait 25 ans qu'on lui propose de faire du cinéma, qu'il a toujours dit non, mais que là, il a envie qu'on fasse un truc ensemble. Moi, j'en avais un peu marre de mon job, au bout de 20 ans de police... J'avais envie de passer à autre chose."
Booba et Clément Godart commencent ainsi à coucher sur le papier les premières idées de ce qui deviendra Ourika, avec l'aide de Marine Francou, plume affûtée de la fiction française et ex-showrunner d'Engrenages. "C'est génial, pour une scénariste comme moi, d'avoir ce matériel brut à disposition. Je crois que je n'ai jamais écrit aussi vite. Il faut dire que toutes ces choses qu'on voit dans les premiers épisodes, ce sont des choses que Clément a vécu. Par exemple, un trafiquant, quand ça gagne son premier million, ça arrose tout le monde... et ça fait un méchoui !" s'amuse-t-elle, en référence à la première scène d'Ourika. "Oui, j'ai été ce policier là, qui tire en l'air au milieu de la cité", confirme Clément Godart, qui a tenu à faire passer dans sa série la réalité de son expérience de policier, "ce malaise, la difficulté à travailler au quotidien, malgré la pugnacité, l'envie de bien faire. On n'est pas dans la corruption. La série s'éloigne du fantasme du mec des stup' qui va croquer... Mais on montre aussi qu'il doit franchir certaines lignes pour faire avancer son enquête..."
Côté flics et côté voyous, Ourika a la volonté d'explorer tous les pans du business des cités, afin de "porter un regard sur l'évolution du trafic dans le monde depuis 2005, en partant de la France, où se trouve la bourse de la drogue mondiale !" Marianne Francou prévient d'ailleurs : "Notre série n'est pas un western urbain sur les émeutes, mais un un polar réaliste, qui s'inspire de la vie de Clément et son expérience très concrète. On décrit comment la police essaye de lutter contre les trafiquants et comment les trafiquants se servent de la police pour grandir".
Une production permise par l'investissement de Booba. Le rappeur a donné de sa personne pour que le projet de Clément Godart se concrétise. "Il impulse. Il a été une figure tutélaire, qui a rendu cette série possible grâce à son nom", insiste le co-créateur. "On a tout fait ensemble. Il est allé beaucoup sur l'artistique, le choix des comédiens, la musique, les costumes, la création de cet univers. Ca apporte du glamour d'avoir Booba, mais il a aussi fait attention de ne pas prendre toute la place. C'est pour ça qu'il ne voulait jouer qu'un second rôle à l'écran". Clément Godart loue ainsi l'humilité du rappeur français de Miami, dans son approche d'un métier qu'il découvre : "C'est un immense artiste dans son domaine, qui a eu l'intelligence de comprendre qu'il n'allait pas devenir, comme ça, du jour au lendemain, un immense artiste dans le domaine de la série."
Ourika, saison 1 en 7 épisodes, à voir à partir du 28 mars sur Prime Video.
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