Dans la BD Hollywood Menteur, Luz raconte les coulisses de The Misfits. Un classique à revoir ce soir sur Arte.
Née Norman Jeane Mortenson le 1er juin 1926, c'est sous le pseudonyme Marilyn Monroe que l'actrice a réussi à se faire une place à Hollywood. La jolie blonde platine, au charme ravageur et aux courbes sensuelles, a tapé dans l'oeil des producteurs grâce à ses talents de mannequin posant pour des calendriers. Propulsée sur grand écran, elle incarne à merveille les pin-ups et s'impose rapidement comme le nouveau sex-symbol du septième art. A son actif, les films Niagara, Sept ans de réflexion ou encore Certains l'aiment chaud.
Marilyn Monroe en 5 rôlesSi le cinéma lui sourit, elle est beaucoup moins chanceuse dans sa vie personnelle. L'actrice se marie trois fois et fait succomber certains grands séducteurs parmi lesquels Yves Montand mais également les frères Kennedy. Un succès qui ne l'empêche pas d'être ravagée par la solitude. Le 5 août 1962, elle est découverte sans vie dans sa villa californienne. Selon les conclusions de l'enquête, elle s'est suicidée par overdose de médicaments alors qu'elle n'avait que 36 ans. Des conclusions remises en cause par une rumeur insistance qui évoque plutôt un homicide. Cette étoile filante inoubliable, malgré une courte carrière, est à retrouver ce soir sur le petit écran. Et ce grâce à Arte qui rediffuse The Misfits : Les Désaxés de John Huston.
Une oeuvre justement entrée dans l'histoire du 7e art comme un "film maudit", car il fut le dernier de ses interprètes principaux Marilyn Monroe et Clarke Gable. Réalisée au coeur du désert du Nevada, cette histoire d'amour entre une femme fragile et un homme plus âgé qu'elle a connu un tournage compliqué. Une histoire triste racontée par Luz dans sa BD Hollywood Menteur (publiée par Futuropolis). L'auteur nous en avait parlé dans le Première Classics n° 7 (avril-juin 2019) et nous partageons aujourd'hui un extrait de cet entretien à l'occasion de la rediffusion du film sur Arte, ce soir.
"J’avais envie d’imaginer les acteurs derrière leurs masques.
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Je n’arrivais plus à voir de films à l’époque… Mais celui-là, je le vois. Et je le vois encore, et encore… Jusqu’à ce que ça devienne une véritable obsession. J’ai commencé à m’intéresser aux coulisses du film et j’ai publié des planches sur le tournage dans Les Cahiers du cinéma. Comme ça, sans savoir vraiment où ça allait… Et quand est née l’idée d’en faire un livre, je crois que j’ai commencé à comprendre ce que le film représentait pour moi. D’abord, c’est un film charnière, un film «crépusculaire» comme on dit. Il y a quelque chose de morbide. Par un étrange effet d’écho ça rejoignait ce qu’on vivait ici, ça me renvoyait à notre propre changement d’époque… Et puis, plus je m’intéressais au film, plus je comprenais que ce que Huston décrivait, c’était des gens qui vivent cachés. Les personnages, mais aussi les acteurs planqués derrière leurs personnages, et derrière leur propre réalité d’acteurs. Derrière des symboles. Quelque chose qui m’intriguait.
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J’écrivais sur une Amérique qui agonise, sur une époque en train de crever, sur un symbole, sur une femme. Une scène clé du film pour moi – et qu’on a choisi de mettre en couverture – c’est la scène du cri, quand Marilyn s’éloigne dans le désert et pousse un hurlement… À ce moment-là, c’est une femme prisonnière qui veut tout extérioriser.
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C’est ce qui en fait l’une des scènes les plus cruelles de toute la filmo de Marilyn d’ailleurs. On ne la voit pas
crier, on ne lui permet pas de hurler sa douleur ou en tout cas on la cache à moitié. Le seul moment de cinéma où
elle semble enfin se rebeller, on ne la voit pas: vous imaginez! C’était un peut-être un choix de Huston, ou de Marilyn, je ne sais pas, mais pour moi il y avait un manque et rétrospectivement, je dirais que c’est pour ça que j’ai fait le livre. Redonner à Marilyn le droit de crier.
(...)
Ce que j’ai compris au fur et à mesure des visionnages, c’est que tout le monde a essayé d’utiliser le symbole de
ces stars. Pour Huston c’était un film de commande, mais on sent qu’il a voulu jouer avec l’image de Clark Gable, avec le statut de Marilyn et avec le masque de Monty Clift. À mon avis, il n’a pas su aller au bout de sa démarche. À la fin du film, Monty reste un gentil torturé; Gable un cow-boy et Marilyn un sex-symbol. Il n’a pas pu briser leur image. Plus je regardais The Misfits, plus je me demandais: «Est-ce que c’est possible de s’en sortir quand tu as été enfermé dans un symbole? Est-ce qu’on peut s’extraire du cliché?» Pour moi, c’est de là que vient l’infinie tristesse du film: quand le carton The End arrive sur l’écran, tout le monde rentre à la maison."
L'histoire des Désaxés : A Reno, Roslyn s'apprête à divorcer. Fasciné par la beauté de la jeune femme, un cow-boy entre deux âges lui demande de partager son existence. Elle se lie également d'amitié avec un riche éleveur et un garagiste veuf. Ils paraissent comblés mais subissent en fait une misère affective et intellectuelle.
La bande annonce du film :
Une nouvelle série sur Marilyn Monroe est en préparation
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