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Les gros studios -surtout Disney, Paramount et Warner- n'incluent pas assez de personnages LGBT dans leurs films.

L'organisation américaine GLAAD (Gay & Lesbian Alliance Against Defamation) vient de publier son "studio responsiblity index" pour la quatrième année consécutive : un document étudiant la représentativité (proportion, qualité) de personnages LGBT dans les films des gros studios. Mauvaise nouvelle : le GLAAD estime que sur 126 films distribués aux Etats-Unis par les gros studios, seuls 22 (17,5%) d'entre eux comporte des personnages identifiés comme gays ou lesbiens. Soit la même proportion qu'en 2014. Et sur ces 22 films, les personnages LGBT ont moins de dix minutes de temps de présence à l'écran dans plus de 73% d'entre eux. Et seuls 8 (36%) de ces films passent avec succès le "test de Russo" une espèce d' équivalent du Bechdel Test pour les LGBT qui mesure l'importance d'un personnage gay ou lesbien en trois critères : le film doit inclure un personnage clairement identifié comme LGBT, ce personnage ne doit pas se réduire à ce trait de caractère, et son importance doit être telle qu'il ne peut être retiré de l'intrigue sans dommage. Résultat : aucun des gros studios n'a reçu de niveau "Bon" pour sa représentation des LGBT. 20th Century Fox, Lionsgate, Sony/Columbia, et Universal ont reçu le label "Acceptable". Et Disney, Warner et Paramount sont désignés comme "Mauvais".

"Les films hollywoodiens sont bien en-dessous de tous les autres médias en termes de représentation de personnages LGBT", estime la présidente du GLAAD, Sarah Kate Ellis. "Trop souvent, les personnages LGBT sur grand écran sont la cible de répliques bien senties ou sont des personnages gadget. Si elle veut continuer à être compétitive et pertinente, l'industrie du cinéma doit accepter de créer des histoires plus inclusives." Le GLAAD remarque que dans la comédie Hot Pursuit avec Reese Witherspoon et Sofia Vergara, un personnage transgenre n'apparaît que pour faire le public sur son identité sexuelle. Et que deux comédies avec Kevin Hart sorties en 2015, En taule : mode d'emploi et Témoin à louer, contiennent "l'humour sur la peur des gays (gay panic humor) le plus assumé et ininterrompu qu'on ait vu récemment".

Pour améliorer ça, le GLAAD a une idée : il faut que Disney inclut des personnages LGBT dans ses prochains films Star Wars. "Comme les films de science-fiction ont la possibilité de créer des mondes uniques dans lesquels se trouvent des sociétés plus avancées qui peuvent éclairer la nôtre, le meilleur endroit où Disney peut inclure des personnages LGBT est la saga Star Wars. En 2015, Le Réveil de la Force a présenté un nouveau trio de héros aux origines diverses, ce qui permet aux créateurs de raconter de nouvelles histoires en développant leurs backgrounds. Des romans officiels récents Star Wars ont présenté des personnages lesbiens et gays qui peuvent facilement apparaître dans le film." En présentant des personnages LGBT tout à fait normaux, les blockbusters ont l'occasion de faire progresser la tolérance. A contrario, en les présentant comme des freaks ne servant qu'à être la cible de moqueries ou en les ignorant purement et simplement, les films entretiennent les clichés sur les LGBT et entretiennent leur invisibilité médiatique. On voit le cercle vicieux.

Dans le roman Star Wars : Aftermath publié en septembre dernier, un homosexuel est le héros -c'est une première pour l'univers de Star Wars. Mais ça nous rappelle surtout la relation très intense entre Poe Dameron (Oscar Isaac) et Finn ( John Boyega) qui ne demande qu'un petit tour de scénario pour passer de la catégorie "crypto-gay" à "explicitement gay". Mais Disney osera-t-il affirmer en tant qu'homosexuels les personnages principaux de sa très lucrative franchise ? En février dernier, J.J. Abrams déclarait être ouvert à l'idée d'inclure des personnages homosexuels dans l'univers de Star Wars. Espérons qu'il ne s'agisse pas d'un effet d'annonce, et que les LGBT de Star Wars ne se réduisent pas à un alien d'arrière-plan dont l'orientation sexuelle sera évoquée dans une note de bas de page de l'encyclopédie visuelle de l'Episode 9. Imaginez un peu Poe et Finn en train de s'embrasser au son de la musique de John Williams. Ca a l'air simple dit comme ça. Mais Disney n'est déjà pas capable d'inclure des personnages homosexuels dans aucun des films de son Marvel Cinematic Universe. Il faudra pour cela vaincre des hordes de cadres de studio qui craindront, par exemple, pour les recettes des films en salles dans des pays dotés de lois homophobes. L'exemple de Star Wars pourrait faire avancer les choses et contribuer à sortir les personnages LGBT de leur invisiblité.

Rogue One : A Star Wars Story est prévu pour décembre prochain. L'Episode 8 de Star Wars est actuellement en tournage et sortira en décembre 2017. Un film sur la jeunesse d'Han Solo est programmé pour mai 2018. Et l'Episode 9 sortira en 2019.