Vous avez revu Skyfall hier soir ? Ca tombe bien, Première aussi.
Son nom est Bond. James Bond. Depuis que Daniel Craig a repris le rôle de l'agent 007, de nombreux moments purement bondiens parsèment ses films, montrant toute l'étendue de la gamme de l'acteur. Arrêts sur image et morceaux choisis commentés.
Notre critique de 007 Spectre001 Le saut de l'ange
On avait un peu perdu de vue Bond en chien fou avec l'épisode précédent Quantum Of Solace. Voilà qu'on le retrouve en pleine forme dès le prégénérique de Skyfall. Le saut que 007 effectue par dessus le parapet du pont, se servant de sa moto comme d'une catapulte, tire un trait d'union direct avec Casino Royale où, on se souvient, Bond passait entre autres folies littéralement à travers un mur pour poursuivre son adversaire. Cette scène, comme une large majorité de celles qui constituent le film, a une lecture à double sens : à la fois lisible au premier degré sous forme d'action spectaculaire, elle fait aussi passer le message que nous avons toujours affaire à l'agent insubordonné et un peu rugueux du reboot, prêt à prendre des risques insensés pour arriver à ses fins.
002 : Le réajustement de costume
Ce Bond là est cependant un peu plus évolué que celui de Casino Royale, et est en train de devenir le Bond que nous avons connu dans les 20 premiers films de la saga. La preuve avec cet amusant moment où, après avoir ouvert l'arrière d'un wagon avec une pelleteuse, Bond / Craig atterit sur la plateforme puis réajuste manche et costume avant de poursuivre sa route, comme Bond / Brosnan aimait réajuster sa cravate dans des moments similaires autrefois. Ce moment est un "groaner" déclenchant rires et commentaires dans les salles du monde entier, encore une preuve de l'universalité de Bond, et de la fidélité du public, qui sait reconnaitre les ingrédients iconiques de la saga au fur et à mesure qu'ils sont introduits dans le reboot.
003 : L'amour et la guerre
Après avoir défenestré l'assassin Patrice au cours d'une séquence filmée en silhouettes, Bond reprend ses esprits et son regard croise celui de Séverine dans l'immeuble d'en face. C'est l'un des plus beaux moments du film, à la fois romantique et poétique, superbement mis en musique par Thomas Newman et éclairé par le directeur de la photographie Roger Deakins, qui résume en un seul plan l'essence des ingrédients qui forment l'univers de James Bond : le noir, la violence, le luxe, la mort, l'amour, les femmes. On comprend ici pourquoi les producteurs ont choisi Sam Mendes pour réaliser le film : l'auteur imprime dans ses images divers niveaux de lectures, que les artisans responsables des Bond de l'ère pré-Craig et post Sean Connery ne captaient que dans de rares moments, et souvent par accident.
004 : L'effronterie
C'est sans aucun doute la plus grande image de Skyfall, arrivant à un tiers du film, mais dépassant de loin tout ce qui va suivre ensuite. Séverine a informé Bond que ses gardes du corps vont le tuer après son départ. Laissé seul, Bond lève son verre de Vodka Martini à l'adresse des gardes qui le surveillent de leur balcon et trinque à leur santé. Le plan, quasi Blade Runneresque, est parfaitement Bondien. Le bar luxueux, le smoking, le verre, le cocktail, et l'effronterie de Bond face au danger à venir. Tout y est. Dommage que la scène de combat qui suit soit aussi mal dirigée, et absolument pas à la hauteur de ce moment-là et de la promesse incroyable qu'il résume.
005 : L'érotisme
Si la scène de combat du Casino est décevante, on ne peut pas en dire autant de celle délicieusement bondienne où Bond s'introduit dans la salle de bain de Séverine et lui fait l'amour sous la douche. La scène a outré de nombreux spectateurs, pour qui avoir une relation sexuelle avec une femme que l'on vient de rencontrer s'apparenterait à un viol. Les mêmes qui estiment qu'offrir un verre à une femme relève du harcèlement sans doute. Message à leur intention : l'hétérosexualité entre deux personnes consentantes reste encore la forme de relation sexuelle majoritaire sur la planète. Heureusement que Bond est encore là pour nous le rappeler.
006 : La première fois ?
Si la scène avec Séverine existe dans le film c'est pour offrir un pendant à celle de la séduction homosexuelle qui suit, et a perturbé de nombreux spectateurs. Tentant de rendre Bond mal à l'aise, Raoul Silva le touche comme un amant le ferait avec sa femme. "Qu'est ce qui vous fait croire que c'est la première fois ?" lui répond Bond, désarmant la manoeuvre du méchant et choquant de nombreux puristes. En vérité, ce moment est absolument et totalement Flemingien. Ceux qui connaissent la biographie de l'auteur et créateur de James Bond savent qu'il a grandi à Eton, dans une école de garçons aux hormones croissantes où parfois se déroulaient des jeux de pouvoir, sous forme d'atouchements sexuels entre personnes du même sexe. C'est sans aucun doute à cette époque que Fleming a dévelopé à la fois une fascination et une répulsion pour l'homosexualité et le sadisme, qui est perceptible dans tous ses écrits, et qu'il a tout simplement transmise à Bond. A la question est-ce la première fois que Bond a été attaché et touché comme cela, nous serons donc très tenté de répondre, comme 007, non.
007 : La boucle est bouclée
La fin du reboot ? Aucune image de Skyfall n'a plus fait sourire les fans de longue durée de la saga que celle de Bond à la fin, croisant Moneypenny, puis entrant dans le bureau de M, complet avec porte matelassée de cuir comme autrefois et recevant sa nouvelle mission. Les choses vont-elles enfin rentrer dans l'ordre, et 007 Spectre va-t-il être une nouvelle aventure de Bond classique ? A la fois oui et non. Vous n'avez encore rien vu.
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