Transformers 4
Paramount

Mark Wahlberg succède à Shia LaBeouf en héros de la saga.

Ce soir, C8 mise sur Transformers 4, alias L'Âge de l'extinction, opus qui voyait arriver Mark Wahlberg dans le rôle principal. A sa sortie en 2014, première avait été bluffé par la maîtrise de son réalisateur Michael Bay. Voici notre critique.

Michael Bay : "On me paie pour être le meilleur, et c'est ce que j'essaie d'être"

C’est la seule authentique promesse de cinéma de l’été US 2014. Faites les comptes, une fois les Wachowski éjectés des plannings estivaux, que nous reste t-il - à part nos yeux pour pleurer à la limite ? Ce qu’il nous reste en fait c’est Michael Bay. On nous aurait dit ça il y a 20 ans, lorsque ce nom-là était synonyme de pas grand chose si ce n’est de la pure dégénérescence hollywoodienne post 80’s, avouez qu’on aurait tous bien rigolé. Appelez ça remise en perspective ou nivellement par le bas : cet été le seul film à 200 patates qui nous autorise à causer un peu de cinéma n’est autre que Transformers : L'âge de l'extinction. Ça alors...Ça ne veut pas dire nécessairement qu’on tient là le meilleur film de la saison. Ca ne signifie pas non plus que Bay vient subitement de rebooter tous ses principes de cinéma. Ca met simplement en évidence que le réal de Bad Boys 2 est aujourd’hui l’un des tous derniers sur ce territoire-là à croire encore en l’outil mise en scène, à refuser catégoriquement l’illustration pépère et statique qui mine depuis déjà une bonne décennie l’imagerie du grand spectacle hollywoodien.

Donc voilà : ici tout est une question de dynamique, de pure cinégénie ; de comment raccorder deux plans pour produire subitement un bel effet de vertige; de savoir gérer les échelles et les compositions de cadre pour imaginer des visions d’un gigantisme sidérant (ou assommant, selon sa capacité à digérer ad lib ce genre de vignettes). Sans vouloir faire de procès d’intention malveillant, James Gunn et ses Gardiens de la Galaxie ou Brett Ratner et son Hercule ne seront pas forcément animés des même envies ni des mêmes intentions. Incontestablement en quittant le giron Bruckheimer pour se faire adopter par Spielberg, Bay a beaucoup appris: chaque volet de ses Transformers est un peu plus lisible et excitant que le précédent, et de ce point de vue la ce quatrième épisode marquerait presque une apogée stylistique dans sa carrière (le machin est épuisant certes, mais jamais épileptique ni indéchiffrable). Sur ce terrain là, on serait presque d'accord pour affirmer qu’on tient là son meilleur film.

Mark Wahlberg : "Franchement, Michael Bay est un génie"

Subsiste malgré tout chez le cinéaste l’éternel problème du dosage, cette incapacité terrible à savoir orchestrer un crescendo pyrotechnique, à faire monter la sauce, à mettre en place une scénographie qui parviendrait à catalyser ce grand opéra de tole froissée, à le propulser dans une nouvelle dimension de cinéma. Or, après 2H45 de spectacle furieux, impossible de savoir si le climax valait vraiment mieux que la toute première scène d’action. Tout finit par se confondre dans le grand fracas du Dolby Atmos qui fait vibrer les sièges et des coups de genoux d’Optimus Prime, parce que tout est envisagé systématiquement sous le même angle (foutre les compteurs dans les rouges et regarder ce que ça produit). LA grande limite de son cinéma depuis toujours.

Reste alors un drôle de sentiment paradoxal, l’impression d’avoir assisté à l’un des films les plus spectaculaires et les plus amusants jamais conçus, tout en ne ramenant strictement rien à la maison, pas une scène, à peine quelques plans, un robot rigolo et une petite poussée d’euphorie qui s’est estompée aussi vite qu’elle s’est enclenchée. N’empêche: en réveillant par à-coups le spectre du grand show à l’hollywoodienne, Transformers 4 trouve un petit charme désuet, réveille des souvenirs enfantins, rallume des lumière qu’on croyait éteintes à jamais et nous rappelle surtout qu’à une époque pas si lointaine on s’amusait encore sacrément dans des salles obscures et climatisées pendant que les autres glandouillaient tristement à la plage. Comme l’annonce sans sourciller l’un des personnages au milieu du film: “Le problème du cinéma aujourd’hui, c’est qu’il n’ y a pas plus que des suites ou des remakes”. Ne pas voir là dedans une quelconque once d’ autodérision de la part de Michael. Juste un bel élan de nostalgie. T4 est fait de ce bois là.
François Grelet