Skyfall James Bond 007
Sony

Skyfall, sorti vendredi dernier, a réalisé le troisième meilleur démarrage français de 2012 et en était à 1,8 million de spectateurs mercredi... Le film -qui n'est même pas encore sorti aux Etats-Unis- s'apprête à dépasser la barre des 100 millions de dollars de recettes mondiales, et a réalisé le plus gros démarrage de la saga en Angleterre.

Le tout dans une unanimité critique remarquable... Ou presque : de rares voix discordantes font quelques reproches au dernier opus des aventures de 007. En faisant la revue des reviews qui ne partagent pas l'enthousiasme général, on se rend compte qu'aucune n'est véritablement négative et reconnaît des qualités à Skyfall -à la différence de Quantum of Solace, que beaucoup de critiques ont lynché dans son ensemble à sa sortie en 2008.

Pas assez profond, d'après un critique américain :

"Skyfall n'a pas la profondeur nécessaire pour tenir aussi longtemps." (Ed Whitfield, The Ooh Tray)

Un autre trouve que Bond est devenu "un jouet guerrier" :

"Où es-tu passé, 007 ? Skyfall t'a transformé : de l'espion vulnérable, humain et doué, tu es devenu le super-héros Bond. Dans Slyfall, Bond est 50% Aquaman et 50% Bip-Bip, avec un peu de problèmes familiaux à la Bruce Wayne. Il est devenu un jouet guerrier." (Tony Macklin, critique à Las Vegas)

Pour L'Humanité, "ça patine dans la semoule" :

"On sent le poids de la formation théâtrale de Sam Mendes. (...) Si on se doit de reconnaître que la série renoue avec un humour qu’elle semblait avoir perdu de vue depuis Pierce Brosnan, et si Daniel Craig s’est un peu assoupli, le film s’égare dans  les dédales freudiens de l’enfance de l’agent du MI6, sans parler de l’interminable scène finale autour de son manoir ancestral en Écosse : ça patine dans la semoule. Les poursuites sont correctes (en particulier dans le métro londonien), mais ordinaires par rapport au moindre Jason Bourne. Seul aspect vraiment réjouissant : la piquante autodérision du film à l’égard de ses propres clichés." (Vincent Ostria, L'Humanité)

Chronic'Art n'aime pas le scénario :

" Bon directeur d'acteurs, Sam Mendes est l'homme de la situation pour porter au plus haut cet alliage de classe et de virilité. (...) Mais au-delà de ce savoir-faire qu'on lui connaît, on se demande ce que Mendes pilote réellement dans Skyfall. (...)  Ici, il divise scolairement son travail, jongle avec plusieurs casquettes sans faire fusionner ses compétences. (...)  En attendant, l'essentiel manque : on se fout de savoir qui est aux trousses de notre lad pisse-froid. La faute à un scénario dont Mendes n'a cure, parce qu'il n'est qu'un gros noeud d'artifices. (...) pourquoi diable inventer à Bond un passé et des hantises, pourquoi le barder d'une lourde psychologie, ici matérialisée par le foyer écossais de son enfance, grande chaumière grise qui fait peur aux moineaux ? On l'a dit, le blockbuster est pénible quand il pompe les pages géopolitiques du New York Times, mais c'est pire quand il joue les freudiens. " (Yal Sadat, Chronic'Art)

Libération fait dans l'ésotérique :

" 'Bond au rapport…» dit le héros dans l’ombre à sa supérieure M, Judi Dench. -Où diable étiez-vous passé ?! - Je profitais de ma mort…' Cette hauteur cabalistique du propos justifie sans doute celle de la durée de projection : 2 heures 23 minutes ; trente de plus que d’usage - et que nécessaire selon les détracteurs. Baste. Comme le dernier Batman, plein de noirceur sépulcrale et de longueurs idem. Question d’époque, de crise. Byzantinisme de saison, névrose des décadences. Intrigues de couloirs, morbidesse, révolution de palais, consanguinité dévirilisée. Les Atrides s’étripent, Œdipe proie. Entre On ne vit que deux fois et Vivre et laisser mourir, cet ultime faux Bond avant le dernier (lancé in extremis) eût pu s’intituler : On ne meurt que deux fois. (...) Poussé dans ses derniers retranchements, avec le Malévolent déphasé, un Bond plus Cowboys & Aliens à carabine et couteau de chasse western, que GoldenEye tech. Rat à rat, l’un dans l’autre, Bond à tirer." (Bayon, Libération)

L'Express n'aime pas du tout le méchant :

"Daniel Craig, lui, est impeccable. C'est définitivement le meilleur James. Mais il y a deux mais. Le premier explose le noeud pap en vol: puisque le scénario évite la surenchère, le méchant devient quasi anachronique et ne trouve jamais ses marques. Or, comme disait Hitchcock, meilleur est le méchant, meilleur est le film. Depuis le Joker, dans The Dark Knight, pas un ne s'est imposé au musée des enfoirés. Ce Silva-là est un maillon faible énervant. Le second est potentiellement plus dangereux: c'est bien gentil de dire merci à la saga 007 avant de repartir pour de nouvelles aventures, mais pour faire quoi? Après avoir redynamisé Bond avec Casino Royale, la production recule ici pour mieux sauter." (Eric Libiot, L'Express)

Enfin, Technikart n'est pas convaincu par le duo Daniel Craig / Judi Dench :

"(...) la confiture ne prend jamais. Sans doute parce que Daniel Craig à l'air d'errer tristement dans un film de Judi Dench et parce qu'il est clair, en tout état de cause, que ladite M manque un poil de sex appeal dans le registre James Bond girl." (Léonard Haddad, Technikart)

Bande-annonce de Skyfall, actuellement en salles :