Ce qu’il faut voir en salles.
L’ÉVÉNEMENT
LOVE LIES BLEEDING ★★★☆☆
De Rose Glass
L’essentiel
Kristen Stewart survole ce thriller lesbien étrange au charme gentiment entêtant orchestré par la réalisatrice de Saint Maud
Bienvenue en 1989 chez Lou qui se morfond dans son job de gérante de salle de sport miteuse d’une banlieue pourrie d’Albuquerque où tout paraît bouché. Jusqu’au jour où Jackie (Katy O’Brian fantastique), une bodybuildeuse pousse la porte du gymnase. Coup de foudre presqu’aussi immédiat que les emmerdes. Leurs traumas resurgissent sous la forme de la famille dysfonctionnelle de Lou - son beau-frère abusif et son père violent… Il y a deux films dans Love Lies Bleeding. D’abord, un vrai thriller aux néons 80s, influencé par James Cain et David Goodis. Avant que ce néo- noir bascule vers l’étrange, le gore et le bizarre avec ces images et ces sons marquées du sceau du surnaturel. On ne sait pas trop où l’on va mais on pourrait aller jusqu’au bout de la nuit pour suivre Lou, sans doute le plus grand rôle de Kristen Stewart, incandescente et cool comme jamais.
Gaël Golhen
Lire la critique en intégralitéPREMIÈRE A BEAUCOUP AIME
JULIETTE AU PRINTEMPS ★★★★☆
De Blandine Lenoir
Cette adaptation du superbe roman graphique de Camille Jourdy Juliette - Les fantômes reviennent au printemps met en scène une illustratrice qui, traversant une dépression sans vraiment savoir pourquoi, revient passer quinze jours dans la ville de son enfance où elle retrouve sa famille va progressivement découvrir des secrets enfouis profondément dans sa mémoire… De façon quasi miraculeuse, la direction artistique de Blandine Lenoir épouse à merveille l’univers tragi-comique du roman d’origine et donne lieu à une adaptation particulièrement émouvante. Et au cœur de cette odyssée familiale mouvementée, Izïa Higelin étincelle dans le rôle-titre grâce à son regard mélancolique et interrogateur.
Damien Leblanc
Lire la critique en intégralitéC’EST PAS MOI ★★★★☆
De Leos Carax
En vue d’une expo, le Centre Pompidou a un jour posé cette question à Leos Carax : « Où en êtes-vous ? » L’expo afférente n’ayant pas eu lieu, sa réponse nous arrive donc dégagée de tout décorum. Le fantôme de Godard préside aux affaires de ce moyen-métrage volontairement citationnel où c’est tout autant l’après JLG que le devenir de Carax qui sont interrogés. 44 minutes de vertige où Boys Meets Girl, où Les Amants du Pont-Neuf, où Denis Lavant, jeune et moins jeune, court, avant que Baby Annette n’avance par mimétisme vers son destin. Un film poétique et généreux.
Thomas Baurez
Lire la critique en intégralitéPREMIÈRE A AIME
GLORIA ! ★★★☆☆
De Margherita Vicario
Spécialiste d’Histoire musicale et elle-même compositrice, Margherita Vicario se penche avec ce premier film sur les orphelinats de Venise, lieux qui délivraient au XIXème siècle une formation musicale de haut niveau à des jeunes filles. Mais les intéressées n’avaient pas l’autorisation de faire ensuite de la musique leur profession... Pour honorer cette mémoire cachée, la cinéaste a imaginé le destin de Teresa, jeune pensionnaire de l’Institut Sant’Ignazio à l’oreille très fine. Alors qu’un concert se prépare en l’honneur de la visite du Pape, Teresa découvre le piano-forte et invente une liberté musicale qui va révolutionner la vie de l’Institut. Proposant un sensoriel voyage dans le temps, ce récit en costumes surprend par sa bande originale détonante et son montage vivifiant. Et bénéficie d’une superbe performance de Galatéa Bellugi (Chien de la casse) qui joue ici en italien et touche au coeur.
Damien Leblanc
HAIKYU !! LA GUERRE DES POUBELLES ★★★☆☆
De Susumu Mitsunaka
A priori, rien de compliqué : deux équipes de volley lycéennes se font face dans HAIKYU!! La Guerre des Poubelles, et comme dans tout bon shonen, ça va être particulièrement spectaculaire. Sauf que le film est en réalité la conclusion d'une série animée, et à ce titre, se révèle un tantinet difficile d'accès (il y a une tonne de personnages, assez complexes, à suivre) si vous n'avez pas rattrapé les 85 épisodes précédents. ou si vous n'êtes pas fans de la BD. Le film, comme la série, ne cherche d'ailleurs pas à reproduire pas le trait particulièrement vigoureux d'Haruichi Furudate : on est dans un produit hyper carré, sans génie, mais très pro (c'est le vénérable studio Production I.G. aux manettes). On reste donc loin de The First Slam Dunk, qui faisait d'un terrain de basket et de ses joueurs un véritable enjeu artistique, mais la vigueur de la mise en scène et la modestie du propos (le leitmotiv du film : ce n'est qu'un match de volley, personne ne va mourir à cause d'un service raté) rend ce Haikyu carrément sympathique, en fait.
Sylvestre Picard
LES PREMIERS JOURS ★★★☆☆
De Stéphane Breton
Qui sont- ils et que font-ils ? Pour répondre à cette question pourtant simple, Les Premiers jours mise tout sur la minutie de l’observation de son spectateur. Sans dialogue et surtout sans voix off, ce documentaire fait le pari de raconter le quotidien de ramasseurs d’algues, sur la côte nord du Chili. La mer d’un côté, le désert de l’autre, on suit un groupe quasiment sans attache matérielle (deux trois carcasses de voitures ou autres créations humaines), dans ses moindres faits et gestes, restitués dans toute leur précision. Le film n’est pourtant pas silencieux : car tout en documentant la vie sur place, il enregistre surtout le ballet anarchique orchestré par la nature, à coup de vagues, pierres, vent… C’est une intention poétique et méditative qui initie le projet, peut-être trop libre dans sa forme pour atteindre l’honorable ambition qu’il s’était fixée au départ.
Nicolas Moreno
Lire la critique en intégralitéPREMIERE A MOYENNEMENT AIME
LES GUETTEURS ★★☆☆☆
De Ishana Shyamalan
Pour son premier long, la fille de M Night Shyamalan a décidé d’aller chasser directement sur les terres de son père avec un thriller fantastique et semi-horrifique. On y suit Mina, une jeune femme un peu paumée dont la voiture tombe en panne en pleine forêt et qui trouve refuge dans un bâtiment aux allures de bunker, déjà occupé par trois personnes et où chaque nuit, les habitants doivent se laisser observer à travers un miroir sans tain par les mystérieux occupants de la forêt… Occupants dont on se demande très vite s'ils existent vraiment. La limite de ce scénario qu’on pourrait croire sorti du cerveau de M. Night Shyamalan est qu’on passe beaucoup de temps à faire le parallèle entre le père et la fille. Et qu'à ce petit jeu, Ishana n’en sort pas totalement gagnante : si ses mouvements de caméra amples lui permettent de s’émanciper de son géniteur, sa gestion du suspense (dans la réalisation comme dans le scénario) a du mal à tenir la comparaison. Les performances plutôt solides de Dakota Fanning et Georgina Campbell n’y feront pas grand-chose : sans angle affûté pour tenir la barque (l’envie de marier la fable et l’horreur ne suffisent pas à égaler le Guillermo del Toro du Labyrinthe de Pan malgré une volonté évidente de s'en rapprocher), Les Guetteurs finit par s’effondrer tout doucement sous sa littéralité et des explications bien trop nombreuses dans les 45 dernières minutes.
François Léger
Lire la critique dans son intégralitéTEHACHAPI ★★☆☆☆
De JR
Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas encore JR, l’artiste se charge lui-même de s’auto-célébrer sous la forme d’une compil worldwide en introduction. L’homme au chapeau et aux lunettes noires débarque ensuite dans une prison de haute-sécurité californienne – la Tehachapi du titre – qui connaît régulièrement des affrontements entre communautés. Il propose à un groupe de détenus d’apaiser leurs esprits en participant à la pose dans la cour du pénitencier d’une gigantesque fresque-photographique représentant leur visage. Un geste artistique bigger than life dont une sorte de making of retrace en accéléré les différentes étapes avant de s’arrêter sur ses effets positifs auprès des prisonniers qui ne tarissent d’ailleurs pas d’éloges sur leur bienfaiteur. Si se dégagent de cette expérience collective certaines individualités au parcours édifiant la construction confuse du récit nous ramène invariablement vers l’artiste lui-même. Ici, le « Je » n’est jamais tout à fait un autre.
Thomas Baurez
PARADIS PARIS ★★☆☆☆
De Marjane Satrapi
Associée à Vincent Paronnaud au début de sa carrière de réalisatrice, Marjana Satrapi vole de ses propres ailes depuis maintenant une décennie. Mais pas question d’être solitaire : pour Paris Paradis, elle s’entoure d’un casting monstre – Monica Bellucci, Rossy De Palma, Ben Aldridge, André Dussollier, Roschdy Zem, Alex Lutz… Cette belle mosaïque d’acteurs, la cinéaste l’utilise pour construire un film choral où seul un élément relie les personnages entre eux : la mort. Chacun y fait face, de près ou de loin, de manière tragique ou bien comique. Une certaine mélancolie se dégage de ces destins qui se croisent sans jamais converger, mais rapidement, Paris Paradis patine et s’embourbe dans son trop-plein de personnages. En résulte un film qui, en voulant trop en montrer, ne raconte finalement plus grand chose, excepté le gentillet propos de la mort qui redonne goût à la vie.
Lucie Chiquer
EXCURSION ★★☆☆☆
De Una Gunjak
Le milieu scolaire envisagé comme un précipité des maux d’une société. Il n’est quasiment pas une semaine sans que nos écrans nous raconte à travers des drames adolescents la violence de notre présent. L’action d’Excursion se déroule à Sarajevo. Iman, l’héroïne, pour avoir menti au sujet d’une relation avec son petit ami lors d’un jeu avec ses copains de collège, se retrouve prise dans un engrenage qui va bientôt dépasser le simple cadre de son microcosme. Les parents déjà échaudés par une histoire lue dans les journaux autour de jeunes filles tombées simultanément enceintes lors d’un voyage scolaire, resserrent leur vigilance. La caméra d’Una Gunjak dont c’est le premier long-métrage, reste braquée sur sa jeune héroïne sans parvenir tout à fait à nous faire ressentir pleinement les tourments qui l’assaillent. La faute à un scénario trop programmatique qui peine à s’élever au-dessus de son sujet. Dommage.
Thomas Baurez
Et aussi
Les Passeurs, de Jacques Deschamps
Les reprises
Crépuscule, de György Feher
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