Comment Eva Green, Vincent Cassel ou Louis Garrel sont arrivés sur le projet ? Tous les secrets des Trois mousquetaires sont là.
En mai 2022, François Civil, Vincent Cassel, Romain Duris et Pio Marmaï étaient réunis en couverture de Première, pour défendre Les Trois Mousquetaires : d'Artagnan, pendant que leur grande adversaire, Milady, était en une en solo pour teaser sa suite. Car cette adaptation de l'oeuvre d'Alexandre Dumas a été pensée en deux temps : sa première partie sortira au cinéma mercredi prochain, le 5 avril, et sa deuxième en fin d'année, le 13 décembre précisément.
Première dévoilait ainsi dans ce numéro 529 les secrets des Trois Mousquetaires de 2023, racontés par le producteur du projet, Dimitri Rassam, ainsi que les scénaristes Mathieu Delaporte et Alexandre de la Patellière, et le réalisateur Martin Bourboulon. Ce week-end, nous partageons leurs propos en ligne -en deux parties- à l'occasion de la sortie imminente du premier volet, D'Artagnan. Le dossier complet (avec notamment des interviews du casting principal) est à retrouver dans notre kiosque en ligne, et en plus de ce numéro, François Civil est de nouveau en couverture de Première pour ce mois d'avril (n°539, à découvrir ici).
Propos recueillis par Thomas Baurez, Thierry Chèze et Gaël Golhen.
La première partie est à lire ici
LE CASTING ET LE TOURNAGE
MB : Après la première phase d’écriture, des noms de casting et des envies ont circulé. Pour les mousquetaires, on avait une liste idéale et les quatre comédiens auxquels on avait pensé nous ont dit oui.
DR : On a approché les acteurs avant même d’avoir les versions définitives des scénarios. C’est une étape assez organique. Notre guide reste notre logique : il faut avant tout que l’on croie à tous les rôles. On a commencé par caster d’Artagnan et l’évidence s’est portée sur François Civil. On a construit à partir de là, en essayant toujours de dialoguer entre l’artistique et une ambition de production. La modernité qu’on recherchait est aussi passée par les rôles féminins et le fait de les rendre forts. Dans l’écriture, évidemment, comme dans leurs incarnations avec Eva Green, Vicky Krieps et Lyna Khoudri.
MB : Il y a dans notre casting un mélange des générations que j’aime – Romain [Duris] et Vincent [Cassel] face à Pio [Marmaï] et François [Civil] qui sont un peu plus jeunes. Cette envie, avec Eva Green, d’avoir une actrice mystérieuse : tout le monde la connaît mais on ne la voit pas tous les mois au cinéma. D’intégrer Vicky Krieps qui est extraordinaire, lui adjoindre Louis Garrel… C’est un casting qui a de la gueule.
DR : Qui a de la gueule et qui fonctionne. Là encore le collectif et la camaraderie ont été importants. On sait que ça compte quand on est mobilisé sur une période aussi longue. Au-delà des individualités, on a construit une équipe. On connaissait les liens entre Pio et François, Romain et Vincent, Vincent et Eva, Louis et Eva… Et ça a joué. Indépendamment de cela, il fallait qu’ils soient tous crédibles en costumes. Mais aussi les bloquer en amont sur des périodes extrêmement longues car ce projet exigeait une disponibilité rarement demandée.
ADLP : Dès les premières lectures (en visio) avec les comédiens, on les a sentis très impliqués. On n’a pas réécrit les personnages pour eux. Mais comme on avait coupé deux fois 50 pages par rapport à notre première version, certains ont pu ressentir des manques, l’ont exprimé, mais toujours en alliés. On n’a jamais senti de refus d’obstacles.
DR : Et puis il y avait l’entraînement physique, indispensable. C’est un siècle où la guerre mute avec l’apparition de la poudre. Les mousquetaires sont les derniers chevaliers, le GIGN de l’époque.
MD : Ce sont des tueurs qui rentrent dans les citadelles et ne font pas de prisonniers car ils doivent aller très vite, avec une espérance de vie très courte.
MB : Sur le tournage ce fut l’un de mes défis : trouver l’équilibre entre la sincérité de ce qu’on raconte et la violence de l’action et de l’époque. Il fallait que ce soit épique tout en respectant les enjeux intimes du script qu’on avait verrouillé.
DR : L’avantage quand tu es préparé à ce point-là, c’est que tu as la place pour faire encore mieux au tournage car tu ne subis rien. Je pense au traitement de l’action où Martin a pu dire parfois sur certaines scènes qu’il n’y croyait pas, alors qu’il avait travaillé depuis un an sur la manière précise de les filmer. Il a eu cette liberté de changer le mouvement. Sans ce socle de travail, ça aurait été impossible. On sait tricher, c’est notre métier et il y a évidemment des effets spéciaux (signés Buff), mais ils ne sont pas là pour pallier des choses ou masquer des éléments dans un plan. Ils sont là pour nous aider à passer un cap.
ADLP : En termes de spectaculaire, on s’est vraiment lâchés au moment du script. C’est l’avantage des scénaristes. (Rires.)
MD : Je repense à cette scène de duel entre Milady et d’Artagnan. Une fois finie, on la lit et avec Alex on se dit qu’elle est pas mal, mais qu’il manque un truc. « Et si on imaginait un incendie en même temps? » C’est une ligne qu’on rajoute dans le script. Une simple ligne : « Tout brûle. » Et puis un an plus tard, tu arrives sur le tournage et ils ont construit une maison, des pompiers sont sur le plateau… Et là, tu te dis que tu fais le plus beau métier du monde !
MB : C’est le genre de séquence qui au moment du tournage donne des sueurs froides! (Rires.) Mais c’est aussi pour ça qu’on fait ce job. Et puis c’est ce genre de scène qui permettait de garder tout le monde sous pression, véritablement affûté…
DR : Pour les acteurs, je pense que c’est la préparation physique en amont qui a créé ce cercle vertueux. Ils avaient tous envie de s’impressionner les uns les autres. Cet entraînement a eu lieu sous la direction de Yannick Borel, champion olympique d’épée. 1 m 96, prestance de dingue : c’était une façon pour Martin d’annoncer le niveau attendu. Dès le premier entraînement, on a tout de suite vu le plaisir de gosse de chacun. Et des mois plus tard, à la fin de la première grosse scène d’action à Saint-Malo, le hurlement de joie collectif en disait long. Ils avaient investi l’action comme le jeu. Dans l’idée ’un spectacle total. En fait, quand on joue dans de tels lieux, avec de tels moyens humains et de temps pris, on peut s’autoriser à fantasmer l’excellence, même si ça ne la garantit pas.
MB : On a tourné à Compiègne et à Saint-Malo sur les remparts, en forêt ou dans le centre de Troyes et à chaque fois, c’était complètement fou! Je suis encore en plein dedans, mais je n’ai que des superlatifs pour qualifier ce tournage. Stimulant, excitant, hors norme! Et aussi épuisant, parce que le tournage des deux films en même temps aura nécessité une organisation démentielle.
DR : Tourner les deux films à la suite apporte des synergies vraiment significatives, avec en contrepartie des contraintes lourdes pour les équipes qui s’engagent sur presque une année. Le budget total est de 72 millions d’euros pour les deux films. Mais au final, il y a une forme de fierté d’accomplir ça en France.
DERNIERE LIGNE DROITE
En fin d'interview, les quatre créateurs des Trois Mousquetaires : d'Artagnan et Milady faisaient le point sur l'avancée de leur diptyque. Leurs propos sont donc à remettre dans le contexte, car un an après, beaucoup de choses ont changé ! Le premier volet est prêt, et a déjà été montré en avant-première dans plusieurs villes de France (dont une exceptionnelle organisée aux Invalides, à revoir ci-dessous), et en plus de sa suite prévue en décembre, la production prévoit aussi deux séries dérivées de cet univers imaginé par Alexandre Dumas. Prévues sur Disney+, elles s'intituleront Milady Origins et Black Musketeer.
Voici la conclusion de Dimitri Rassam, Mathieu Delaporte, Alexandre de la Patellière et Martin Bourboulon, publiée initialement en mai 2022 :
MD : Il y a cent ans, Pathé avait fait Les Trois Mousquetaires [Henri Diamant-Berger, 1921] pour contrer les productions américaines. L’industrie est en train de changer sans que l’on sache où ça va nous mener. Et peut-être que ces deux films seront un élément de réponse.
ADLP : L’histoire continue car on est en train de réécrire une scène aujourd’hui. Il y a toujours un décor qui change et qui modifie les choses. Ce tournage au long cours est vraiment une aventure particulière.
DR : C’est la dernière ligne droite ! On termine le tournage le 1er mai. Et dès le 18, on va montrer un teaser de quinze minutes au Marché du film à Cannes. Très en amont, j’avais sondé des Allemands, des Espagnols, des Italiens avec qui je travaille régulièrement sur leur envie d’accompagner une fresque de cette nature-là, en français. Leur enthousiasme m’avait conforté dans l’idée qu’on était dans le vrai. On a donc assez vite vendu les droits pour l’Europe. On aurait pu aller plus loin mais on a préféré attendre ce rendez-vous cannois avec les premières images. À quasiment un an de la sortie du premier volet, D’Artagnan, qui sera suivi par Milady.
Merci les Mousquetaires ✨Tellement de chance de vivre des trucs pareils. Vive le cinéma !
— Dimitri Rassam (@Dimitri_Rassam) March 30, 2023
Vidéo complète : https://t.co/vtuzgOrPYt pic.twitter.com/HEdXNRRlCM
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