Mourir peut attendre (2021)
Universal

Comment réinventer la saga James Bond après le départ de Daniel Craig ? Nos 007 idées pour la suite. Avec quelques spoilers dedans (très peu).

Jouer à fond la franchise
EON (la boîte de prod’ des Bond) avait déjà tenté le coup en 2002, en annonçant un spin-off sur Jinx, la James Bond Girl jouée par Halle Berry dans Meurs un autre jour… avant de se rétracter quelques mois plus tard. Parce qu’ils ne voulaient pas miser d’argent sur un actioner porté par une Noire, d’après l’actrice. Peut-être aussi parce qu’un James Bond sans Bond, et bien, ça n’a pas vraiment d’intérêt… Tout change avec Mourir peut attendre, qui peut ouvrir réellement la voie à une "franchisation" à la Marvel. Pensez à Nomi-la-nouvelle-007 (Lashana Lynch), à Mathilde Vous-Savez-Qui, et surtout à Paloma (Ana de Armas), l’épatante apprentie espionne qui traverse en un éclair la meilleure scène du film et dont tout le monde est instantanément tombé amoureux. Les producteurs ont promis, juré, que Bond ne finirait jamais en direct-to-streaming. Opération Paloma, un jour peut-être sur Amazon Prime ?

Revenir dans les 60’s (ou même avant)
Tous les James Bond sont des films contemporains. Mais depuis GoldenEye, tout le monde rappelle à 007 qu’avec la fin de la Guerre Froide, il est quand même devenu un peu ringard. Plutôt que de faire un 007 sur TikTok, ne serait-ce pas l’occasion de revenir dans le passé ? Dans les sixties, par exemple, pour retrouver un peu de l’innocence, de la classe et de la stylisation des années Terence Young. Ou encore plus tôt, pourquoi pas ? D’après ses biographes, Bond est né d’un père écossais et d’une mère suisse, en 1920 ou 1921. Parmi les temps forts "officiels" de sa bio : la perte de sa virginité à 16 ans à Paris, son apprentissage du ski en Suisse… Le top : quand il s’est fait virer du prestigieux collège d’Eton pour "une affaire de mœurs". Mais surtout, il fête ses vingt ans pendant la Seconde Guerre mondiale. Bond faisait partie du Royal Naval Volunteer Reserve, un corps de réservistes de la marine anglaise, dans lequel il a terminé la guerre avec le grade de Commandant. Et si le jeune James, athlète polyglotte cosmopolite, avait rejoint le Special Operations Executive, service secret anglais menant des opérations commando (avec plein de gadgets allant du crayon-détonateur au mini-sous-marin) dans l’Europe occupée par le IIIème Reich ? Un Bond minot (et hop, on caste un jeune acteur du Commonwealth) cassant la gueule à des nazis dans une ambiance entre Casablanca et Quand les aigles attaquent : franchement, si vous n’avez pas envie de voir ça…

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Remaker les classiques
Avant de mourir en 1996, Albert "Cubby" Broccoli, le producteur historique de la saga, avait donné ce conseil à ses héritiers Michael G. Wilson et Barbara Broccoli : toujours revenir à la source de Bond, c’est à dire aux livres de Ian Fleming. Sauf qu’il n’y a que 21 aventures originelles de Bond (12 romans et 9 nouvelles) et que le filon s’épuise (même si les livres continuent de nourrir l’imaginaire des scénaristes, le poison garden de Rami Malek dans Mourir peut attendre venant en effet tout droit du "Garden of Death" du bouquin On ne vit que deux fois). Et si la solution était de replonger dans les œuvres d’origine pour les réadapter au monde contemporain ? Ce qui nous amènerait à des remakes de Dr. No, Moonraker ou Bons Baisers de Russie… Sacrilège ? Sans doute un peu, mais pas tant que ça, si on se souvient qu’Opération Tonnerre a déjà été adapté deux fois (d’abord en 65, puis en 83 avec Jamais plus jamais). Dans notre monde avide de remakes, une nouvelle version de Goldfinger serait-elle si incongrue, d’un strict point de vue industriel ? Une idée à méditer dans la file d’attente du West Side Story de Spielberg, en salles le 8 décembre.

Faire comme si les années Craig n’avaient pas existé
Comment survivre au Bond de Daniel Craig ? Comment dépasser le cycle renaissance-mort-résurrection-chant du cygne raconté au fil de ses cinq films? Il suffit de faire comme si de rien n’était. De tourner un James Bond "classique", avec 007 qui rentre dans le bureau de M, dit bonjour à Moneypenny, récupère ses instructions, ses gadgets et les clefs de son Aston Martin et zou ! En route pour une mission "à la James Bond". Après tout, James Bond contre Dr. No commence directement comme ça. En ces temps où les films de franchise sont d’interminables monuments de worldbuilding de près de trois heures s’achevant sur deux scènes post-générique, on ne dirait vraiment pas non à un "petit" 007 d’1h40 tourné par de super techniciens et cascadeurs. Un film sec, direct, sans temps mort, un pur film d’action frappé et secoué… Un James Bond, quoi.

Ce qu’on aime (vraiment beaucoup) dans Mourir peut attendre

Laisser faire Purvis et Wade
"Ce serait pas mal de le voir poser du papier peint dans sa maison" : dans un article de M – Le Magazine du Monde, on apprend que c’est en proposant cette idée de nouvelle activité du week-end pour 007 aux producteurs que Neal Purvis et Robert Wade sont devenus les scénaristes attitrés de la franchise Bond depuis Le Monde ne suffit pas (1999). Les deux compères sont crédités de tous les scripts (y compris celui de Meurs un autre jour, oui oui), même si leurs idées sont, évidemment, sérieusement révisées et réécrites avant tournage. Et ils ont quelques Bond refusés dans leurs disques durs, comme le raconte l’article : "Nous avons pensé à un Bond raconté en voix off comme dans un film noir, ou à un film où l’agent secret serait regardé de l’extérieur par une femme. Il y a aussi l’option de ne plus se rendre dans le monde entier. Bond évoluerait dans un lieu clos, nous passerions d’un agent secret globe-trotteur à un homme paranoïaque, ce serait une approche intéressante." Choisissez le pitch qui vous fait le plus fantasmer. Un Bond rêvé par ses fidèles scénaristes, loin des clichés recuits de la franchise, ça nous brancherait bien. Quelle couleur pour le papier peint, James ?

Rappeler Pierce Brosnan
Daniel Craig semble être soulagé de tourner enfin la page Bond, après 15 de services et un genou flingué sur le tournage de 007 Spectre. Celui qui n’a pas réussi à faire correctement ses adieux au personnage, en revanche, c’est Pierce Brosnan, viré comme un malpropre après Meurs un autre jour et qui rumine depuis son amertume tout en assumant avec panache d’être pour l’éternité regardé comme un ancien double-0-seven. Et si on offrait à Brosnan la possibilité de retrouver le costard de l’espion qu’il aimait ? Pierce a 68 ans, il porte encore beau, il ferait un magnifique 007 vieillissant, barbu (comme au début de Meurs un autre jour), retiré des affaires, mais obligé de reprendre le Walther PPK pour une dernière mission (ou quatre, si tout le monde est chaud). Soit l’option Old Man Bond, dans la lignée du Bruce Wayne de The Dark Knight Returns de Frank Miller ou du Wolverine de Old Man Logan de Mark Millar. Old Man Brosnan ? Avouez que ça aurait de la gueule.

Donner carte blanche à de grands auteurs
Impossible de regarder Mourir peut attendre sans s’empêcher de penser à ce qu’aurait pu être le 25ème opus de James Bond s’il avait été réalisé, comme c’était prévu au départ, par Danny Boyle (qui a finalement quitté le navire pour différends artistiques avec Michael G. Wilson et Barbara Broccoli). Après Sam Mendes sur Skyfall et 007 Spectre, l’arrivée du réalisateur de Trainspotting à la tête d’un Bond devait confirmer le virage "auteur" de la franchise. Finalement, non : le Bond 25 de Boyle est allé rejoindre le Casino Royale de Tarantino dans la liste des Bond fantômes. L’histoire de la franchise est aussi celle de ces films-fantasmes, jamais tournés, rêvés à distance par des fans célèbres nommés Steven Spielberg ou Christopher Nolan. De quoi nourrir l’illusion de voir Bond confier à de grands cinéastes, le temps de films "carte blanche", où ils pourraient faire ce qu’ils veulent du personnage, avant de passer le relais à un autre. Soit une collection d’épisodes stand-alone, où Bond changerait de visage, et la saga de look, à chaque nouvel opus. Denis Villeneuve, candidat officiel au poste, tournerait un Bond dark et monumental en IMAX, avant qu’Edgar Wright ne vienne détendre l’atmosphère. Le Bond de Michael Mann aurait la tête de Christian Bale. Celui de Park Chan-wook celle de Matthew Goode. Et Nolan finirait par se laisser convaincre et embaucherait Tom Hardy.