Première
par Mathieu Carratier
Après "Le royaume", Matthew Michael Carnahan livre son deuxième scénario de l'année autour de la présence américaine au Moyen-Orient. Un film qui ne parle pas de l'Irak, juré, mais plus du rapport qu'entretiennent les citoyens et les médias avec leurs institutions. Le message, adressé à la jeunesse de tous les pays, est limpide : si tu ne t'engages pas, d'autres le feront pour toi, et il y a de grandes chances qu'ils prennent les mauvaises décisions. Ce message plein d'idéal, Redford l'assène avec le dynamisme d'un koala à l'heure de la sieste. A l'image, on ne verra rien d'autre que des gens qui parlent dans une pièce. Le plus gros rebondissement du film consiste un peu à voir Tom Cruise passer du salon à son bureau... Un refus de cinéma d'autant plus regrettable que les premières minutes de "Lions et Agneaux" promettaient un thriller politique seventies autrement plus mouvementé. Même le face-à-face Streep-Cruise, qu'on s'imaginait bouillant, s'avère d'une tiédeur et d'une politesse absolue. Peut-être avait-on placé nos attentes un peu trop haut... Mais quand un film s'achève en demandant au spectateur s'il compte enfin agir pour changer le monde, la moindre des choses serait de le faire autrement qu'avec un discours d'amphithéâtre mou de la thèse.