Première
par Lucie Chiquer
Après avoir été le visage des Nuits de Mashhad et la voix de Sept hivers à Téhéran, l’actrice Zar Amir Ebrahimi passe derrière la caméra. Et ce tout en restant devant même si elle n’est cette fois-ci pas le personnage central du récit mais incarne l’entraineuse de Leila, une judoka iranienne pleine d’espoir (Arienne Mandi, d'une intensité à couper le souffle). Ensemble, elles se rendent au championnat du monde en Géorgie et forment un binôme indestructible... jusqu’à ce que la fédération iranienne en décide autrement. La compétition prend alors une autre tournure lorsque, dans la possibilité de se retrouver face à une athlète israélienne, Leila est ordonnée de déclarer forfait. Et si le véritable combat se trouvait finalement en dehors du tapis ? Alors, les affrontements où s'enchaînent les prises (Uchi-mata, Tomoe-nage, et autres) deviennent paradoxalement des interludes permettant de souffler. Car les vestiaires, eux, accueillent la confrontation de deux opinions adverses : celle d’une coach apeurée face à une athlète survoltée, celle du noir et du blanc. Sous couvert de film sportif, Tatami s’adonne ici à la critique frénétique du régime autoritaire iranien, en veillant à montrer deux réactions aux événements sans jamais apporter de jugement, ni sur l’une, ni sur l’autre. Le duel est omniprésent, nous agrippe pour ne jamais nous lâcher. Alors, le film disparaît et laisse place à un cri. Celui d’une insurrection qui ne fait que commencer.