Isabelle Adjani en diva de la chanson des années 50, Barbara Pravi et Jacques Bonnaffé dominent cette adaptation d’un roman policier de Boileau-Narcejac signée Josée Dayan.
Au départ, il y a A cœur perdu, un roman policier de Boileau et Narcejac (duo qui a souvent inspiré les cinéastes : Celle qui n’était pour Les Diaboliques de Clouzot, D’entre les morts pour Sueurs froides d’Hitchcock …), publié en 1960 et qui avait connu, la même année, une adaptation sur grand écran : Meurtre en 45 tours d’Etienne Périer avec en têtes d’affiche Danielle Darrieux et Michel Auclair. Au cœur du récit situé à la fin des années 50, on retrouve Eve, une star glamour de la chanson française au sommet de sa gloire mais menacée par l’arrivée en force de la jeune génération yéyé et partagée entre deux hommes : son mari, auteur de chansons qui a fait sa carrière et son jeune amant pianiste. Une histoire de ménage à trois qui va tourner au drame quand, suite à une altercation, l’amant tue le mari et tente de faire passer le meurtre pour un accident. Un stratagème qui paraît marcher jusqu’à Eve commence à recevoir chaque jour des 45 Tours avec… la voix de son mari défunt annonçant qu’il va les dénoncer à la police.
Qui se cache derrière tout cela ? C’est la question centrale d'Adieu vinyle, un téléfilm où manipulateurs et manipulés sont souvent les mêmes. Mais si ce suspense policier sait manier ses effets et ses rebondissements, il pâtit hélas trop d’une mise en scène (Josée Dayan, la reine des audiences avec Capitaine Marleau) et d’une photographie (Kika Ungaro, la chef op’ de nombreux épisodes de Marleau et du téléfilm sur Jacqueline Sauvage avec Muriel Robin) dans lesquelles on perçoit le désir d’offrir un climat baroque, étrange, quasi fantastique au récit mais sans parvenir à trouver le bon dosage, créant à l’écran un carcan dont nombre des comédiens du riche casting (une des signatures de Dayan) peinent à s’échapper au fil de compositions outrées qui virent parfois au comique involontaire.
Et pourtant Adieu vinyle mérite qu’on s’y intéresse. Précisément, par la performance des comédiens qui, eux, parviennent à transcender ce climat. A commencer évidemment par Isabelle Adjani, l’interprète d’Eve, héroïne passionnante car prise à un moment de bascule de ses vies amoureuse et artistique et que la comédienne compose avec une aura et une folie douce assumée uniques. Et ce sans écraser ses petits camarades. Car pour ses premiers pas devant une caméra, Barbara Pravi, l’interprète de Voilà qui lui a valu la deuxième place au concours de l’Eurovision 2021 (qui donne aussi joliment de la voix sur des chansons signées Benjamin Biolay) crève l’écran dans le rôle de la jeune concurrente arriviste d’Eve prête à tout pour réussir et la faire tomber de son piédestal. Et l’immense Jacques Bonnaffé livre une composition toute en douceur empathique non dénuée de malice dans le rôle du commissaire chargé de l’enquête et grand admirateur jusqu’à l’aveuglement d’Eve. Ce trio- là justifie à lui seul de s’aventure à la découverte d’Adieu Vinyle, ce soir à 21h10 sur France 2.
De Josée Dayan. Avec Isabelle Adjani, Barbara Pravi, Jacques Bonnaffé… Durée : 1h30. Diffusion le 18 septembre à 21h10 sur France 2
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