Sa présence et la place qu’elle occupe dans le choral Mystère à Venise de Kenneth Branagh confirme que les Anglo-saxons s’arrachent l’actrice française.
Canal + mise sur Mystère à venise pour son rendez-vous blockbusters du vendredi soir. Focus sur l'une de ses comédiennes principales, qui vient d'ailleurs d'être choisie pour animer les cérémonies d'ouverture et de clôture du festival de Cannes 2024.
Tout a commencé discrètement en 2016, le temps d’un court passage dans Alliés où Robert Zemeckis mettait en scène Marion Cotillard et Brad Pitt en couple d’espions au cœur de la seconde guerre. La carrière française de Camille Cottin venait alors de s’emballer avec le double succès sur le petit écran de la série Dix pour cent et sur le grand de Connasse, Princesse des cœurs, prolongeant la mini-série qui avait fait les belles heures du Grand Journal. Ce même Connasse, Princesse des cœurs - comme elle l’a raconté récemment sur RTL - qui a fait partie des films que Marion Cotillard a conseillé à Brad Pitt pour apprendre le français et qui lui vaudra dès le lendemain un compliment franc du collier de l’acteur américain : « Tu as des couilles » !
Tout a démarré là, et voilà que sept ans plus tard, on retrouve Camille Cottin au cœur du prestigieux casting du Mystère à Venise de Kenneth Branagh, entre Branagh himself, Tina Fey, l’Oscarisée Michelle Yeoh ou encore Kelly Reilly, avec cette fois- ci une vraie partition à défendre et un rôle essentiel à l’intrigue. Celui de Olga Seminoff, la gouvernante de Rowena Drake, chanteuse d’opéra à la retraite, dont la somptueuse demeure vénitienne paraît hantée par sa fille, décédée un an plus tôt dans des circonstances mystérieuses. Elle se retrouve donc au cœur de cette nouvelle enquête d’Hercule Poirot.
« Elle est très dévouée envers cette mère et sa fille », explique l’actrice française. « Comme elle n’a pas d’enfant, elle est très émue par la proximité entre Rowena et Alicia et elle est très attachée à Alicia. »
« Olga est un personnage intéressant parce qu’elle est bourrée de contradictions », poursuit Camille Cottin. « Elle s’exprime en latin car elle a eu une éducation très religieuse. Elle a été bonne sœur et vécu dans un couvent, mais elle a renoncé à sa vocation quand elle est tombée amoureuse d’un type venu réparer la toiture, un certain M. Seminoff. Mais Dieu occupe toujours une place à part dans son cœur ».
Camille Cottin a mis un pied à Hollywood, mais sans ne rien sacrifier de sa carrière française de plus en plus passionnante (Chambre 212 de Christophe Honoré, Les Eblouis de Sarah Suco, Mon légionnaire de Rachel Lang, Toni en famille de Nathan Ambrosioni en salles depuis mercredi et L’Empire, le prochain Bruno Dumont), elle a tout aussi remarquablement mené sa barque hors de nos frontières. De Stillwater de Thomas McCarthy où elle joue une mère célibataire marseillaise se prenant d’amitié pour un Américain (Matt Damon) dont la fille est accusée de meurtre, à House of Gucci de Ridley Scott, où elle incarne Paola Franchi, la femme pour laquelle Maurizio Gucci a quitté Patrizia Reggiani, en passant par la série de Phoebe Waller-Bridge, Killing Eve.
Quel est donc le secret de la comédienne pour être parvenue à cette montée en puissance aussi tranquille qu’irrésistible ? Sans doute ne pas avoir de plan de carrière, comme elle l’expliquait à Première au moment de la sortie de Stillwater : « je trouve ça difficile d’être dans le calcul ». Et si le succès à l’international de Dix pour cent l’a forcément aidée, chaque rôle est le fruit d’une aventure singulière. Stéphane Foenkinos qui la recommande pour Stillwater à Tom McCarthy, dont il avait été le directeur de casting sur The Visitor. Un festival de directeurs de casting britanniques, Kilkenny, dans lequel, alors qu’elle confie son amour de la série Killing Eve, on lui organise une sorte de speed dating de 15 minutes avec la productrice de la série. La directrice de casting de House of Gucci qui la contacte directement pour passer l’audition du biopic de Ridley Scott.
Mais toutes ces aventures ont malgré tout un point commun : ce succès à l’international, elle le doit plus aux Anglais – pays où elle a passé 5 ans adolescente, scolarisée au lycée français Charles-de-Gaulle de Londres – qu’aux Américains. Comme le symbolise sa présence devant la caméra de Kenneth Branagh à partir de mercredi. Un cinéaste avec qui elle a adoré travailler : « En matière de direction d’acteur, Ken vous sollicite beaucoup et ce qui compte pour lui, c’est ce que vous lui dites et votre regard sur le personnage. Il ne cesse de vous poser des questions sur le plateau avant chaque scène ».
« Je trouve ça hyper amusant et assez génial de me dire qu’à un certain âge – je ne fais pas mes débuts – il existe une ouverture. Un second souffle », se réjouit aussi Camille Cottin. Par ricochet, elle expérimente également une autre manière de préparer ses rôles. « Je travaille avec une coach, c’est passionnant. Une coach d’accent. Je ne cherche pas tant à avoir un accent parfait pour avoir l’air d’être anglaise – je pense que ça n’arrivera jamais. Par contre, faire oublier l’accent, ça me semble possible. Mon travail, c’est de ne plus y penser sur le plateau, pour que rien n’accroche l’oreille, à moins que je ne l’ai décidé. Il faut que le sous-texte respire. C’est un appui de jeu. » Mystère à Venise montre que cette méthode porte ses fruits. Les Anglo-saxons n’ont pas fini de s’arracher Camille Cottin.
Bande-annonce de Mystère à Venise, de Kenneth Branagh :
Mystère à Venise est le meilleur des Hercule Poirot [critique]
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