A (re)voir en DVD et Blu-ray avec plus d'une heure de bonus.
Pour retracer la vie de Billie Holiday, James Erskine et ses équipes ont restauré de nombreux documents d'archive. Notamment des interviews de la journaliste Lipnack Kuehl, disparue dans des circonstances mystérieuses dans les années 1970 alors qu'elle était en train d'écrire un livre sur la chanteuse. Son documentaire Billie a ainsi une construction très originale, proche du thriller, puisqu'il raconte la vie de ces deux femmes en parallèle, créant une sorte de puzzle à assembler pour mieux comprendre leurs parcours respectifs, qui se font écho malgré les époques et sociétés différentes.
Billie - James Erskine : "Mon film est comme un film noir"A sa sortie, en septembre dernier, Première avait beaucoup apprécié ce film documentaire, et sa sortie en DVD et blu-ray, cette semaine, permet de se plonger davantage dans l'histoire très mouvementée de l'artiste de jazz grâce à des interviews du réalisateur, des productrices et des personnes chargées de restaurer le son et les photos d'archive. Sans ce travail minutieux, James Erskine n'aurait pas pu utiliser les enregistrements sonores de la journaliste, qui, n'ayant jamais été diffusés auparavant, offrent à Billie un intérêt certain. Le respect de l'oeuvre musicale de Billie Holiday est aussi un aspect important de ce projet, et a été supervisé par la société chargée de gérer à la fois son héritage artistique et humain. Notez qu'une édition prestige est également proposée, avec la bande originale et un livret pour se plonger encore davantage dans l'univers de Billie Holiday.
Voici la critique de Thierry Cheze dans Première : Elle s’appelait Eleanora Harris Fagan. Mais c’est sous le nom de Billie Holiday qu’elle a par sa voix écrit quelques-unes des plus grandes pages de l’histoire du jazz. Avec Billie, James Erskine ambitionne de résumer son œuvre impressionnante et sa vie mouvementée en 98 minutes. Et ce n’est pas la moindre de ses gageures ! Car, en lieu et place d’une biographie classique, de sa naissance en 1915 à sa disparition à seulement 44 ans, le réalisateur choisit un récit sortant des sentiers battus. Où il se fait télescoper l’histoire de la chanteuse avec celle de Lipnack Kuehl, une journaliste qui avait enquêté sur elle pour une biographie qu’elle n’a pas eu le temps d’achever avant de mourir dans des circonstances mystérieuses. Billie mêle donc images d’archives (restaurées et colorisées) de la chanteuse et témoignages sonores (Count Basie, Charlie Mingus, les avocats, les agents du FBI et les proxénètes de la diva du jazz…) d’une valeur inestimable recueillis par Kuehl. Ce documentaire rappelle que derrière la chanteuse culte, il y a une vie à la fois cabossée (viol dans sa pré-adolescence, drogues…) et engagée (sa chanson Strange Fruit, censurée par de nombreuses radios, est devenue au fil du temps l’hymne de la lutte pour l’égalité des Noirs américains). Mais il raconte aussi comment, en cherchant à retracer sa vie, Lipnack Kuehl a fini par perdre la sienne. Sur le papier, le geste peut paraître aussi capillotracté que confus. Mais la manière subtile dont Erskine joue avec les archives comme d’un puzzle, dont on sait qu’il restera toujours des pièces cachées, emporte le morceau.
Bande-annonce de Billie :
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