Ce qu’il faut voir cette semaine.
L’ÉVENEMENT
LA CH’TITE FAMILLE ★★★☆☆
De Dany Boon
L’essentiel
Très attendue, la nouvelle comédie de Dany Boon fait le job sans surprendre pour autant.
Champion du box-office français en 2017 avec Raid Dingue, Dany Boon va-t-il récidiver cette année ? On peut penser que oui tant La ch’tite famille suscite des attentes folles, notamment en raison du “ch’tite” dans le titre. Brisons le suspense d’entrée : ce n’est pas une suite, même lointaine, de Bienvenue chez les ch’tis et même si Kad Merad apparaît (dans son propre rôle) le temps d’un cameo.
Nicolas Bellet
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PREMIÈRE A ADORÉ
CALL ME BY YOUR NAME ★★★★☆
De Luca Guadagnino
Call Me By Your Name est le dernier volet d’une trilogie consacrée au surgissement et à la révélation du désir. C’est Luca Guadagnino lui-même qui le dit. Il y eut d’abord Amore, qui racontait l’adultère d’une desperate housewife ; un film radical imposant immédiatement ce cinéaste capable de sonder les mystères de la libido, de révéler les passions qui vous prennent par surprise et recomposent, en une caresse, votre personnalité tout entière. Puis ce fut A Bigger Splash, remake de La Piscine.
Anouk Féral
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LADY BIRD ★★★★☆
De Greta Gerwig
Christine a un plan : devenir écrivain. Mais avant la vraie vie, du moins celle qu’elle fantasme depuis sa chambre en écoutant « Cry Me a river » de Justin Timberlake (on est en 2002), il va falloir surmonter le frustrant surplace de sa dernière année dans un lycée catho de la banlieue de Sacramento. Rien ne convient à l’adolescente aux cheveux rouges. Ni sa ville, qu’elle juge trop plouc par rapport à la Mecque de la culture, New York, ni ses parents, largués selon elle, ni son grand frère (adopté), trop docile pour être honnête malgré ses piercings, ni sa situation sociale, rétrogradée depuis que son père est chômage, ni même son prénom.
Éric Vernay
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PREMIÈRE A AIMÉ
LA FÊTE EST FINIE ★★★☆☆
De Marie Garel-Weiss
Deux jeunes femmes sont admises le même jour dans un centre de désintoxication. Elles vont se voir, se reconnaître et s’adorer. Leur amitié, d’abord circonscrite aux règles strictes du centre, perdurera hors les murs, dans « la vraie vie », véritable mise à l’épreuve de leur sevrage et, par extension, de leur lien affectif. Si, comme l’explique Marie Garel-Weiss la réalisatrice qui connaît personnellement son sujet, la toxicomanie est la maladie du lien, c’est aussi, paradoxalement, de lui que peut jaillir la résurrection. Céleste et Sihem, Sihem et Céleste. Ces filles-là (Zita Hanrot et Clémence Boisnard, actrices chargées à bloc dès les premières secondes, increvables et sublimes) campent donc un binôme instantané, une bête à deux têtes façon résilient evil, divergentes dans leur capacité à sauver leur peau, semblables dans leur passion de la défonce. Cette dernière, puissance invisible et vénéneuse du film, l’irrigue de sa séduction fatale, comme une sirène planquée derrière l’écran qui leur chanterait doucement : « Revenez ». Ce traitement sensible et sans manichéisme de la dope fait la singularité de La fête est finie, qui décrit le manque dans ce qu’il a de plus élémentaire : ce que l’on quitte est une terreur qu’on aime. On le redit, Marie Garel-Weiss sait de quoi elle parle pour l’avoir traversé. Si sa caméra pâtit parfois d’un naturalisme un peu forcé, son empirisme intime permet au film de rester droit, animé d’une pulsion de vie indéfectible.
Anouk Féral
LES GARÇONS SAUVAGES ★★★☆☆
De Bertrand Mandico
Après les documentaires historiques Les Jours Heureux et La Sociale, Gilles Perret a cette fois voulu filmer l’histoire politique en direct en suivant Jean-Luc Mélenchon pendant les trois derniers mois de la campagne présidentielle 2017. Le cinéaste recueille les confidences de ce candidat « qui ne laisse personne indifférent » et montre comment sa pensée se déploie et se précise au fil des réunions et des meetings organisés aux quatre coins de la France. Mais on retient aussi de ce film l’impressionnante tension qui règne lors de plusieurs émissions télévisées, où les pièges de la politique spectacle paraissent inévitables. En captant avec subtilité la difficulté qu’ont parfois les idées à s’affranchir des codes médiatiques, L’Insoumis dépasse ainsi le simple statut de témoignage laudatif.
Éric Vernay
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L’AMOUR DES HOMMES ★★★☆☆
De Mehdi Ben Attia
Hafsia Herzi campe une Tunisienne qui, après la mort brutale de son mari, reprend goût à la vie en photographiant des hommes inconnus croisés dans la rue. Des clichés érotiques que l’encourage à prendre le père très protecteur de son défunt mari mais qui la mettent en danger dans une société tunisienne peu encline à tant de liberté. Ce film raconte donc les blocages culturels, sociaux et religieux de la Tunisie d’aujourd’hui. Mais il le fait avec une grande subtilité, jamais de manière binaire. D’abord en mettant en avant une femme forte consciente des risques encourus mais allant au bout de ses envies, porte-drapeau de toutes celles qui sur place se battent au quotidien pour faire changer les choses. Ensuite, en distillant en permanence de l’ambigüité dans les personnages qui l’entourent. Ambigüité amoureuse, sexuelle et morale, symbolisée par ce remarquable personnage de beau- père dont on va découvrir que l’amour qu’il porte à sa belle- fille n’est pas forcément uniquement platonique. Passionnant portrait de femme, L’amour des hommes est aussi un film d’une grande sensualité où Ben Attia dénude les corps masculins sans fausse pudeur ni placer à l’inverse le spectateur en position de voyeur. Avec les yeux piquants et perçants de son héroïne donc.
Thierry Cheze
TRAIT DE VIE ★★★☆☆
De Sophie Arlot et Fabien Rabin
Des paysans enclenchent une nouvelle marche, celle du retour à l’utilisation des animaux de traits comme outil de travail. Sophie Arlot et Fabien Rabin nous emmènent dans la France profonde à la rencontre de ces irréductibles agriculteurs, criant haut et fort leur amour du travail champêtre avec leurs animaux désormais “humanisés”. Faire du neuf avec du vieux, c’est le pari un peu fou de ces paysans qui préfèrent être "faiseurs plutôt que diseurs". Trait de vie soulève la question d’un retour aux bases, notamment d’un savoir-faire plus respectueux de l’environnement. Un instant de vie dépaysant.
Alexandre Bernard
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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ
CORPS ÉTRANGER ★★☆☆☆
De Raja Amari
La réalisatrice du Satin rouge raconte l’histoire d’une jeune Tunisienne qui a fui clandestinement son pays pour la France avec une épée de Damoclès sur sa tête : la possible vengeance de son frère islamiste qui s'est retrouvé en prison après qu'elle l'a dénoncé. A Paris, elle trouve refuge chez une connaissance de son village, installé dans la capitale où il travaille comme serveur puis chez une veuve qui va l'engager pour mettre de l'ordre dans les affaires de son mari défunt. Co-écrit par Jacques Fieschi (Nelly et Mr Arnaud), Corps étranger est un pur film d'atmosphère qui transcende la simple analyse sociétale. Le tout porté par un trio de personnages aux liens aussi troubles que troublants qu’une scène de danse sensuelle à trois suffit à résumer. Entre désir et peur de briser des interdits, les lèvres et les corps s'approchent, jouent avec le feu sans jamais totalement se brûler. Pour incarner ces personnages bouillonnants de l'intérieur, il fallait un trio aussi à l'aise dans la douceur que la douleur, la sensualité que la dureté. Hiam Abbass, Salim Kechiouche et Sarra Hanachi répondent brillamment à ces critères. Mais ils ne font qu’insuffisamment oublier les quelques coups de mou du récit, conséquence inévitable de cette volonté de suggérer et de vagabonder plutôt que de clamer et dénoncer.
Thierry Cheze
Et aussi
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Citadel, première mondiale d’Alastair Lee
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