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Le petit ourson british revient ce soir sur TF1.

A 21h, Paddington sera à l'honneur sur la première chaîne. Le personnage reviendra ensuite au cinéma à partir du 6 décembre. Nous avions rencontré son producteur, David Heyman (qui est aussi derrière Harry Potter et Les Animaux fantastiques), à l'occasion de la sortie du long métrage au printemps 2015. Flashback.

Paddington repart à l’aventure : Nouvelle bande-annonce

Première : En sortant du cinéma, je me suis dit que Paddington était d’abord un film de producteur.
David Heyman : C’est flatteur, mais Paul (King, scénariste et réalisateur) a fait un boulot formidable. Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?

Disons que c’est mis en scène sans génie mais avec un sens du travail bien fait, qui révèle la patte d’un vrai producteur plutôt que celle d’un immense réalisateur.
J’ai effectivement été très impliqué sur ce projet mais mon boulot consiste à soutenir la vision du cinéaste. Si j’avais dû dire à Paul où placer sa caméra et comment écrire ses dialogues, j’aurais réalisé le film. On a eu beaucoup de discussions sur l’histoire, sur l’esthétique. Il y a eu des débats, des allers-retours sans fin et à tous les niveaux – script, effets spéciaux, animation, montage –, mais je n’en suis pas responsable. C’est Paul qui l’était. Dans tous les films que je produis, il y a une certaine fierté, une attention apportée aux détails, une méticulosité pour que le résultat soit le meilleur possible. Mais s’il fonctionne in fine, c’est parce qu’il y a un metteur en scène aux commandes. Que ce soit sur PaddingtonHarry Potter ou Gravity.

Avec Paddington, Paul King prouve qu'il a du goût, mais aussi le sens du rythme (critique)

Mais entre Gravity, film prototype porté par la vision d’Alfonso Cuarón, et Paddington, où l’on sent constamment la main du producteur de Harry Potter, il y a une sacrée différence.
Je ne sais pas, sans doute... Mais si vous connaissiez Paul, vous verriez que ce film est le sien. Il EST Paddington. Il a sa générosité, sa maladresse, ses fringues, parfois, et son ventre. Il a surtout un solide sens de l’humour dont je suis totalement dépourvu. C’est l’un des longs métrages sur lesquels je me suis le plus investi en tant que producteur, je dois le reconnaître. Je sais aussi que Paddington ne serait pas ce qu’il est sans Paul.

Concrètement, quel a été votre rôle ?
J’ai d’abord eu l’idée d’adapter les aventures de Paddington au cinéma. Puis il a fallu tour à tour convaincre les producteurs et les ayants droit, embaucher des scénaristes pour trouver une bonne histoire, rassembler l’équipe technique (qui est quasiment la même que celle de Harry Potter 7). J’ai également monté l’accord avec les frères Weinstein pour la distribution aux États-Unis – et quand on traite avec eux, il faut savoir encourager leurs bonnes idées et se garder des mauvaises, ce qui est un travail à plein temps... Enfin, j’ai engagé Paul.

Ce dernier s’est fait connaître grâce à des séries à l’humour « non-sensique » et il n’avait alors qu’un seul long métrage à présenter sur son Cv...
C’est la décision la plus importante que j’ai prise sur cette production. Paul n’avait réalisé qu’un film, arty et décalé. Je savais pourtant qu’il serait capable de respecter Paddington tout en ne tombant jamais dans la déférence. Il lui fallait séduire toutes les générations.

Colin Firth, un temps envisagé pour faire la voix off de l’ours avant d’être écarté, faisait la couverture de Première le mois dernier. Pour Kingsman, et aussi pour explorer la façon dont les Anglais réinventent sans cesse leur histoire et leur identité au cinéma. Précisément la force de Paddington...
Les Anglais sont les meilleurs quand ils embrassent leur propre mythologie pour la célébrer. C’est ce que j’aime dans ce qu’a fait Paul. Ce petit ours est une spécificité culturelle, mais il a su y injecter des idées, des thèmes et des personnages universels.

Comme vous l’aviez fait avec Harry Potter ?
C’est vrai, ça pourrait définir une certaine partie de ma filmographie. Vous savez qu’au début Warner voulait transposer Harry Potter en Amérique ? Heureusement, le succès des romans y a mis un frein : plus ça avançait, plus il devenait évident qu’il fallait respecter l’ADN britannique. Ce n’est pas parce que nous sommes de différents pays ou continents qu’on ne peut pas trouver des points de convergence. Il faut savoir célébrer nos différences comme nos similarités. C’est ce qu’on a fait avec Paddington, qui est un film sur l’intégration, l’acceptation de l’autre – qu’il soit chinois, débarqué d’Inde ou ourson péruvien parti à la conquête de la City ! Paddington a beau être british jusqu’au bout des griffes, ses valeurs sont universelles.

De la reine à James Bond en passant par Paddington, comment expliquez-vous la résonance des mythes anglais ?
Bond est un fantasme, Paddington un outsider, la Reine est seule et isolée. Ce sont à la fois des incarnations spécifiques, des icônes culturelles locales et des figures planétaires. Ces mythes sont bâtis sur la réalité, ils ne sont pas issus d’impératifs commerciaux. Ils ont d’abord servi le fun et la célébration d’une certaine idée de la vie et incarnent une bonne énergie. Ce ne sont pas des produits.

Vous dites cela alors que vous avez construit votre carrière de producteur précisément sur des franchises. Paddington ou Harry Potter sont des livres, des produits avant d’être des films...
Mais ce ne sont pas des franchises. Harry Potter est un bouquin que j’ai adoré et que j’ai eu envie d’adapter avant même qu’il ne sorte en librairies ; Paddington, lui, est un personnage de mon enfance. Ce n’est pas du merchandising car je ne réfléchis pas en termes de produits. D’ailleurs, en Grande- Bretagne, Paddington était même une « marque » un peu usée. Raisonner comme vous le faites m’aurait plutôt conduit à ne pas tenter le coup. C’est le personnage et son message qui m’intéressaient.

Définiriez-vous vos films comme des œuvres « politiques » ?
Il faut toujours une bonne raison pour monter un film. Et savoir pourquoi on le fait à ce moment-là. Quelle est sa pertinence. Les thèmes évoqués sont donc essentiels.Je déteste les œuvres qui prêchent, parce qu’au cinéma, on ne prêche que les convertis. Si on veut délivrer un message, on doit le faire subtilement, et pour ça, les films familiaux sont idéaux : les enfants sont très réceptifs, c’est un public qu’on ne peut pas tromper. Alors Paddington est-il un film politique ? À sa façon. On peut y voir l’histoire d’un immigré cherchant à s’intégrer. Certains critiques ont d’ailleurs fait le rapprochement entre le personnage joué par Nicole Kidman et Nigel Farage (leader d’un parti populiste anglais). Ni Paul ni moi n’avons cherché à faire un film engagé. Cela dit, certaines résonances peuvent lui donner cette vertu. Si Paddington est un film politique, c’est avec un petit « p », mais cette idée me plaît.

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Bande-annonce de Paddington :