X-Men Days of Future Past : les enjeux
Le nouveau X-Men remporte son pari
Vous l'aurez compris, par ici <strong>on a beaucoup apprécié</strong> ce nouveau film signé Bryan Singer. Mais si X-Men Days of Future Past est une réussite en soi, il marque également le bout du tunnel pour une franchise qui a connu certaines baisses de régime. Contrairement à d'autres, X-Men DOFP ne se contente pas de faire table rase pou mieux construire son succès mais avait pour mission de tirer l'ensemble de la saga vers un avenir meilleur. L'enjeu était colossal et certains défis très durs à relever : comment faire coexister ce qui se présentait comme un reboot avec la temporalité de la première trilogie qui date maintenant de presque quinze ans ? Comment gérer l'irruption de la science-fiction totale ? Le tout sans noyer le spectateur ni surcharger un film qui devait rester relativement court (comprenez : plutôt 2h que 3) ?Parce qu'il n'y a pas que le festival de Cannes dans la vie, suivez le guide dans ce qui s'annonce comme le retour en force de l'univers mutant au cinéma.<strong>Yérim Sar</strong>
Remettre la saga au niveau
La saga X-Men a connu des heures difficiles. Les deux premiers films ont fait entrer le monde mutant au cinéma, un pari risqué mais qui a payé. Par contre le 3e volet, L'Affrontement Final, puis les deux films solos de Wolverine ont divisé le public - pour rester gentil (deux "<strong>trailers honnêtes</strong>" font d'ailleurs le <strong>tour de la question</strong>)... Le Commencement était déjà une tentative de faire oublier les erreurs passées en faisant table rase ; impossible d?être le film ultime donc, sachant qu'il fallait prendre le temps de réinstaller tous les personnages, et surtout les faire exister. DOFP réussit brillamment à transformer l'essai et fait de la saga X-Men une franchise avec laquelle il faut désormais compter, face à la rude concurrence Marvel et celle à venir de Warner/DC. Une réussite qui permet à James McAvoy d?affirmer que les Avengers n'auraient <strong>aucune chance face aux mutants</strong> !
Corriger la chronologie
C'est ça l'avantage quand on a le droit aux voyages dans le temps. Certes ça permet de sauver ses amis mutants, et plus généralement le monde entier, mais là n?est pas le plus important. En effet, modifier le passé en remontant aux années 70 a pour conséquence directe de bouleverser absolument tout ce qui a eu lieu après, ce qui inclut l'intégralité de la première trilogie X-Men mais aussi les deux films Wolverine. Ce qui veut dire que tout ce qui a été raté et/ou problématique peut être repris sur de nouvelles bases. Y compris certains personnages très aimés des fans, et ça c'est quand même une très bonne nouvelle. Quand on comparait le dernier Wolverine à la saga Fast & Furious, ce n'était <strong>pas vraiment un compliment</strong>. En effet, comme la saga des gros bolides, les incohérences chronologiques cumulées rendaient certains enchaînements absurdes. Ici, l'astuce du voyage temporel permet de ramener non pas un mais une bonne demi-douzaine de morts, cadeau. Demeurent quelques soucis, notamment quand, dans le futur, Xavier lâche au détour d'une phrase qu?il était « très proche de Mystique avant qu'elle rejoigne Magneto », un « détail » qu'il n'avait évidemment jamais révélé dans la première trilogie. Mais bon, on ne va pas chipoter, faites-nous un film Deadpool et promis on fera semblant de rien.
Réhabiliter Wolverine
Personnage le plus populaire de la saga, Wolverine est un outil en adamantium à double tranchant. Considéré comme le plus cool, il n'a pour l'instant aucun film dédié vraiment à sa hauteur. Sa présence avec l'équipe du <em>Commencement</em> est évidemment un atout, même si le risque était de répéter la pirouette des premiers films - avoir un personnage qui vampirise le long-métrage, comme pour « rattraper » les lacunes de ses projets solos. Ce n'est heureusement pas le cas. Ici on a le beurre et l'argent du beurre puisque ses interactions avec les autres héros sont souvent drôles (le « donc t'étais déjà un chieur à cette époque » lâché à la version jeune de Magneto se pose là), son histoire personnelle n'est pas éludée (via la version jeune de Stryker) mais pas non plus surexploitée. Retour gagnant pour Hugh Jackman après un Combat de l'immortel en demi-teinte, la fin du film le réinstalle dans une continuité qui permettra, on l'espère, un Wolverine 3 à la hauteur du personnage. D'autant que ce sera <strong>le dernier baroud d'honneur de l'acteur</strong>.
Réunir les deux castings
Là, il faut se rendre à l'évidence, ce n'est pas une « vraie » double affiche. Certes, presque tout le monde est là, mais on reste avant tout focalisé sur la troupe des seventies. Cela s'explique par la trame : c'est le voyage dans le passé qui est essentiel pour corriger l'avenir. Du coup ceux qui attendaient l'alliance des deux générations peuvent rester un peu sur leur faim même si c'est justifié par le scénario. Mais c'était également une contrainte : le réalisateur a lui-même confirmé que réunir tout le monde était <strong>une mission quasi-impossible</strong>. Bon ok, c'est vrai, nous aussi on aurait adoré voir une confrontation entre Michael Fassbender et Ian McKellen, mais on se contentera de James McAvoy face à Patrick Stewart, c'est la vie.
Réussir la SF futuriste
On pourra là aussi estimer que ce n'est pas suffisant. Ce n?est ni bâclé ni maladroit, bien au contraire les séquences qui se déroulent dans le futur sont impressionnantes. Mais on pourra être déçus de ne pas en voir plus : la chasse aux mutants par les Sentinelles est simplement racontées par les uns et les autres, et on n'a « que » deux énormes scènes d'action où les mutants affrontent les robots. Par cette rareté, le film parvient à éviter de trop rappeler Matrix et rendre ces séquences d?autant plus efficaces. Plutôt un mal pour un bien. Cela n'enlève rien aux décors et aux combats visuellement réussis.
S’emparer de Vif-Argent
Kevin Feige, big boss de Marvel Studios, avait grillé la politesse à tout le monde en annonçant que les personnages de Vif-Argent (Quicksilver) et La Sorcière Rouge seraient présents dans Avengers Age of Ultron. Et histoire d'enfoncer le clou, on les voit dans la scène du générique de Captain America le soldat de l'hiver. Ce sont effectivement des membres de l'équipe Avengers dans les comics. Mais ce sont aussi les enfants de Magneto et donc des mutants, même si l'impasse sera sûrement faite là-dessus dans la version de Joss Whedon histoire de ne pas embrouiller les spectateurs. L'équipe X-Men l'a joué fair-play et n'a pas trop critiqué le doublon, se contentant de dire que l'utilisation du personnage ne serait pas la même. Emulation ou pas,<em> Days of Future Past</em> montre que Singer et l'acteur Evan Peters ont soigné leur version du héros. Pour le coup, sa scène « d'action » le pose instantanément (c'est la cas de le dire) en personnage le plus divertissant de toute la saga, entre gags, désinvolture et efficacité redoutable. Une sorte de Diablo à la Maison Blanche version Benny Hill : on est à des années-lumière du simple gadget de type qui court vite.Fun fact : Aaron Taylor-Johnson (Vif-Argent dans Age of Ultron) et Evan Peters étaient deux potes geeks fans de comics dans Kick-Ass. Ironie quand tu nous tiens.
Réussir les Sentinelles
Le défi était de taille dans la mesure où la version bd est presque inadaptable en l'état. Concrètement, ce serait des robots géants au look rétro, sorte de Transformers moches qui balancent des rayons sur les mutants et surtout, qui parlent avec une voix monocorde déprimante. Mais dans l'univers X-Men, ils restent une menace terrifiante tout au long des comics. Le film est parvenu à conserver cette idée tout en les transformant radicalement. Ici, les Sentinelles sont conçues en grande partie via l'ADN de Mystique et n'ont pas d'arme spécifique : de taille plus raisonnable (dans les 5m) elles ont la capacité de s'adapter au pouvoir du mutant qu'elles combattent (l'une se change en métal face à Colossus par exemple). Du coup, l'aspect cauchemardesque se pose là car leur côté caméléon les rend très dures à tuer.Fun fact : consciemment ou non, le film a pris pour modèle le Super Adaptoïde, autre méchant androïde de l'univers Marvel qui n'a aucun rapport avec les Sentinelles.
Ouvrir sur la suite
Wolverine n'est évidemment pas le seul à être réinstallé à une place prometteuse. Comme dit précédemment, le voyage temporel permet de ressusciter bon nombre d?excellents personnages massacrés tout au long des précédents films et notamment dans <em>L'Affrontement Final</em>. Singer et ceux qui prendront la suite ont à nouveau toutes les cartes en main pour faire absolument ce qu'ils veulent. Ça leur a pris dix ans mais ça valait le coup. De leur côté, les personnages du passé sont eux aussi toujours de la partie : Magneto en rebelle fugitif et Xavier en pacifique, chacun rassemblant ses troupes. Sans oublier Mystique qui part de son côté, ouvrant la porte à <strong>un potentiel spin-off</strong>...Et bien sûr, il y a la scène post-générique, avec « l'arrivée » d'un nouveau super méchant très attendu dans une courte séquence épique sur laquelle on revient <strong>en détails ici</strong>.
Vous l'aurez compris, par ici on a beaucoup apprécié ce nouveau film signé Bryan Singer. Mais si X-Men Days of Future Past est une réussite en soi, il marque également le bout du tunnel pour une franchise qui a connu certaines baisses de régime. Contrairement à d'autres, X-Men DOFP ne se contente pas de faire table rase pou mieux construire son succès mais avait pour mission de tirer l'ensemble de la saga vers un avenir meilleur. L'enjeu était colossal et certains défis très durs à relever : comment faire coexister ce qui se présentait comme un reboot avec la temporalité de la première trilogie qui date maintenant de presque quinze ans ? Comment gérer l'irruption de la science-fiction totale ? Le tout sans noyer le spectateur ni surcharger un film qui devait rester relativement court (comprenez : plutôt 2h que 3) ?Parce qu'il n'y a pas que le festival de Cannes dans la vie, suivez le guide dans ce qui s'annonce comme le retour en force de l'univers mutant au cinéma.Yérim Sar
Commentaires