Elle a deux visages, qu'elle arbore à l'écran comme sur les planches où elle s'est révélée : celui propre aux comédies, souvent musicales, dont le charme un peu pâle mais enjoué plaît beaucoup outre-Manche ; l'autre, celui de la distinction compassée, dont la gravité sentimentale enchante l'Establishment. Sous les applaudissements, Anna Neagle est donc Florence Nightingale, l'agent secret Odette, et même, à deux reprises, la reine Victoria. Ce dévouement méritoire à incarner « the Unesthetic Queen » aida sans doute à son élévation à la dignité de dame de l'Empire (1969). Car elle n'a, hélas, qu'un seul metteur en scène à l'écran : Herbert Wilcox, qu'elle épouse en 1943. Ce qui, en dépit de sa grande popularité insulaire, laisse sceptique sur le sort de ses meilleurs films : Goodnight Vienna, aux côtés de Jack Buchanan (1932) ; Bitter Sweet (1933) et The Queen's Affair (1934) avec Fernand Gravey ; Nell Gwynn (rôle-titre, id.) ; la Reine Victoria (1937) ; No No Nanette (1940, US) ; Piccadilly Incident (1946) ; Park Lane (1948) ; Odette, agent secret (1950) ; Florence Nightingale (The Lady With the Lamp, 1951) ; l'Affaire Manderson, avec Orson Welles (Trent's Last Case, 1953). Elle a tourné jusqu'en 1960 et publié ses souvenirs : There's Always Tomorrow, en 1974.