La cinéaste Anja Breien naît en 1940 à Oslo, en Norvège. D'abord attirée par des études de physique nucléaire, elle se tourne finalement vers le cinéma et vient à Paris pour intégrer l'IDHEC où elle y acquiert une solide formation. Anja Breien fait ensuite quelques courts métrages et est engagée en tant qu'assistante par Henning Carlsen avec qui elle travaille notamment sur La Faim en 1966. En 1971, elle tourne son premier long métrage, Le Viol, dans lequel elle dresse le procès du système juridique de son pays. Plus d'une décennie après la France, Anja Breien ouvre la voie de la Nouvelle Vague Norvégienne. Elle se place immédiatement en cinéaste engagée, avocate de sa génération et consciente des problèmes de société de son époque. Depuis son court métrage Grandir en 1970, elle a su développer un style très personnel. Elle place le spectateur au centre de son film. Elle devient actrice à son tour et participe au récit. Dans Le Viol, elle intensifie cette technique. Tourné à la manière d'un documentaire, en noir et blanc, avec un célèbre avocat du moment interprétant son propre rôle, ce film va imposer de nouvelles bases de travail qui seront suivies pendant plusieurs années en Norvège. Anja Breien lance le néo-réalisme dans son pays. En 1975, elle tourne Wives, premier volet d'une trilogie. Cette production sera reconnue sur le plan international et obtiendra de nombreuses récompenses, notamment à Locarno et Chicago. Les suites de ce film sortiront en 1985 et 1996. Dans ces films, Anja Breien soutient la cause féministe et le mouvement de libération de la femme, et au-delà, bien entendu celle des hommes, dans la société. Les actrices principales, Anne-Marie Ottersen, Froydis Armand et Katja Medboe, qui tiendront chacune le rôle principal tour à tour (en 1975, puis en 1985 et en 1996), jouent sous sa direction dans un style nouveau, inventif et plein de drôlerie. Elles incarnent une femme qui tente, comme le ferait un homme, de profiter de la vie, osant abandonner pour quelques heures sa famille à elle-même. Suite à ces réalisations, de nombreuses femmes contacteront Anja Breien, se reconnaissant dans son héroïne, tout en ayant partiellement seulement conscience de leur place dans une société traditionnellement phallocrate. C'est en 1979 que la cinéaste norvégienne réalise le film le plus marquant de sa carrière: L'Héritage. Cette œuvre lui permet d'être choisie pour faire partie de la Sélection Officielle du Festival de Cannes. Dans les années qui suivent, Anja Breien réalise plusieurs films, restant sur une thématique identique : la description d'un univers essentiellement masculin dans lequel tente d'évoluer les femmes, qui tiennent d'une manière générale les rôles principaux. Ainsi, elle produit La Persécution, qui est salué au Festival de Venise, Le Cerf-Volant qui lui vaut un prix au Festival International de Chicago et Le Voleur de Bijoux. L'Institut du Film Suédois est très présent auprès d'Anja Breien. Il coproduit une partie de ses films, notamment grâce à son directeur artistique Bengt Forslund. De son côté, Anja Breien permet à de nombreux acteurs suédois de participer à ses films, de manière à créer un groupe de travail qui puisse intervenir dans toute la Scandinavie. Professionnellement, Anja Breien a su s'entourer de personnes ayant la même vision du cinéma qu'elle. Elle a notamment travaillé de longues années avec un seul chef opérateur, Erling Thymann-Andersen. Entre la réalisation de ses différents longs métrages, Anja Breien reste fidèle au court métrage. On mentionnera Visages en 1970, Mes Frères et Soeurs, Bonjour en 1974 et Des Vieux en 1975. Ses dernières réalisations datent de 1997 pour Solvorn et 2000 pour Voir un Bateau Naviguer. Ce sont également des courts métrages et ils ont chacun été présentés au Festival de Berlin. Moralement et socialement très engagée, Anja Breien reste très actuelle dans les thèmes qu'elle aborde, même lorsqu'elle propose des films historiques. Elle reste un auteur majeur pour le cinéma norvégien.