Géologue de formation, il tourne d'abord, vers les années 20, des films documentaires consacrés à la montagne. Puis il découvre et exploite un genre exclusivement allemand : l'héroïsme de l'ascension, la montée vers l'azur identifié à la divinité. Pour l'alpiniste tel que le conçoit Fanck, l'effort et la technique relèvent moins de l'exploit sportif que d'un rite qui donne à l'homme le moyen de s'affranchir de l'existence quotidienne vulgaire. Dans son livre, De Caligari à Hitler, Siegfried Kracauer étudie longuement ce qu'il nomme « l'évangile des fiers sommets » et conclut : « L'idolâtrie des glaciers et des rochers était symptomatique de l'antirationalisme sur lequel les Nazis allaient capitaliser. » Arnold Fanck fut l'un des principaux officiants de ce culte au cinéma, signant en 1926, interprétée par Luis Trenker et Leni Riefenstahl, une uvre au titre significatif : la Montagne sacrée (Der heilige Berg). Leni Riefenstahl interprétera ses cinq films suivants : le Grand Saut (Der grosse Sprung, 1927) ; l'Enfer blanc du Piz Palu (Die weisse Hölle vom Piz Palu, 1929 CO G. -W. Pabst) ; Tempête sur le Mont-Blanc (Stürme über dem Mont-Blanc, 1930) ; Ivresse blanche (Der weisse Rausch, 1931) ; S. O. S. Eisberg S. O. S. Iceberg (CO T. Garnett, 1933), tous ces films étant réalisés avec l'active collaboration du célèbre opérateur Richard Angst.