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Depuis deux décennies que Takashi Miike tourne au rythme infernal de 4 longs métrages par an, on a un peu de mal à faire le tri, d’autant qu’ils sont visibles en France dans une proportion d’environ un sur dix. Il faut donc s’estimer heureux de voir sortir 13 assassins – sans doute le meilleur de ses 87 films -, même directement en vidéo. À force, Miike a atteint une maîtrise qui se révèle ici avec une évidence aveuglante. Il avait rarement bénéficié d’autant de moyens, et n’a peut-être jamais atteint une aussi parfaite adéquation entre sujet et style. Cette fois, il s’attaque au remake d’un obscur chambara dont l’histoire pourrait se résumer à un croisement des Sept Samouraïs et de La Horde sauvage.Ça va couperAu XIXème siècle, dans un Japon en pleine mutation, un seigneur lucide fait appel à un samouraï pour organiser l’élimination d’un noble dégénéré qui s’apprête à prendre le pouvoir. L’exposition montre l’indiscutable nécessité de se débarrasser du psychopathe qui tue, viole et mutile en toute impunité. Une seconde partie détaille le recrutement des assassins et les préparatifs de l’embuscade, tandis que les 50 dernières minutes sont consacrées au massacre proprement dit, qui oppose les 13 assassins au noble et à sa garde rapprochée de 200 hommes. Sans rien dévoiler, on peut dire que les survivants se compteront sur les doigts d’une main fortement mutilée… À la fin, la jubilation exprimée par le noble fou (le plus beau jour de sa vie !) est évidemment un miroir tendu au spectateur, lui aussi invité à s’interroger sur la nature de l’excitation qu’il n’aura pas manqué d’éprouver face au spectacle de cette extraordinaire tuerie. Le film est présenté dans sa version « courte » (et ultra efficace) de 2H05, mais les suppléments montrent tout ce qui a été coupé, notamment une séquence de bordel où un homme des bois hypersexué sodomise le maquereau après avoir épuisé toutes les pensionnaires. Du Miike à son zénith.Gérard Delorme