On pensait la polémique stérile : l’année dernière, le comédien-réalisateur Dany Boon dénonçait l’élitisme de l’Académie des César, qui selon lui ne récompense jamais les grands succès populaires. Son Bienvenue chez les Ch’tis, immense succès du box office de l’an passé, n’avait en effet reçu qu’une nomination, dans la catégorie « meilleur scénario ». L’acteur déplore cette tendance à ne récompenser que des films « sérieux » et vus par un public restreint. Dans les faits, difficile de donner tort à Boon : les trois dernières cérémonies ont couronnées trois films exigeants et relativement peu vus (du moins comparés aux chiffres moyens du box office) : Lady Chatterley, La Graine et le Mulet et Séraphine. La personnalité préférée des Français avait alors suggéré la création d’un César de la meilleure comédie. Une manière de célébrer du cinéma plus léger et plus axé grand public. Contre toute attente, il semblerait que les lamentations de Boon aient été entendues : si la création d’une telle récompense ne semble pas à l’ordre du jour, celle d’un César du box office fait son chemin ! L’information a été révélée par Alain Rocca, le trésorier de l’Académie, dans le quotidien belge Le Soir : « …en 2010, l'Académie va attribuer un César au champion du box-office ». Mais alors, pas de suspens quant à connaître le nom de l’heureux élu ? Apparemment, si : « Il y aura sept nominations (…). L'idée des membres de l'Académie est de reconnaître des films qui, pour une raison ou une autre, sont devenus tout à coup, un événement social ». On peut donc s’attendre à ce que les sept plus gros succès de l’année soient en lice pour ce nouveau prix, et que le jury tranchera. Une initiative symbolique : c’est Dany Boon qui remettra ce prix. Que l’Académie des César s’intéresse aux films populaires, voilà quelque chose de plutôt positif. Seulement, est-ce le rôle des César de décerner des récompenses aux films à succès, au détriment d’un vrai regard critique ? Son ambition n’est-elle pas au contraire de mettre en lumière des films intéressants peu médiatisés, et de célébrer les meilleures productions hexagonales ? D’autant plus que les succès ne sont pas systématiquement évincés par l’Académie : à titre d’exemple, Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, Le Dernier Métro ou encore Les Ripoux avaient obtenu le César du meilleur film.
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