C’est le « plus gros succès du cinéma d’animation français depuis Arthur et Les Minimoys » selon Xavier Hirigoyen du Pacte, le distributeur de Minuscule. Avec près de 400 000 entrées en une semaine d’exploitation, le film de Thomas Szabo et Hélène Giraud qui mêle prises de vue réelles et éléments numériques est un véritable carton. Faut-il y voir la réussite du tarif à 4 euros pour les moins de 14 ans, entré en vigueur le 1er janvier ?Pas pour le distributeur, qui souligne les mérites propres au film : "Déjà la série dont est tiré le film a été un énorme succès en télévision : cela représente plus de 650 000 dvds vendus et des épisodes rediffusés pendant plusieurs années. Ensuite, les auteurs ont très bien réussi le passage du format court au format long. Puis il y a eu les retours de la presse qui furent dithyrambiques. Et de façon plus générale, on a été soutenue par toute la profession, aussi bien par l’AFCAE (Association Française des Cinémas d’Art et d’Essai) que les grands circuits comme CGR et des cinémas comme Pathé, UGC ou MK2. Enfin, en clair, ça sentait bon". D’ailleurs, le distributeur avait pour ambition de faire 1 à 2 millions d’entrées, ce qui d’après les chiffres semble plutôt en bonne voie. Un impact par encore quantifiablePour le délégué général de la FNCF (Fédération National des Cinémas Français, organisme à l’origine de ce nouveau prix), Marc-Olivier Sebbag, si l’effet de la place à 4 euros n’est pas quantifiable, il est tout de même indéniable : "C’est un succès exceptionnel surtout que le film est sorti hors période de vacances scolaires. Et d’après les remontées de terrain que nous avons, il est clair que l’activité tarifaire mise en place a joué pour le film, même s’il est pour l’instant impossible de la quantifier. Mais ce que nous confirment les retours de nos adhérents, c’est que les spectateurs sont au courant du nouveau tarif et qu’ils sont plus enclins à voir ou à revoir un film grâce à ce prix. Mais là où on pense qu’il y a eu un vrai effet de l’opération c’est que le fameux ‘délai d’attente’ avant les vacances scolaires n’a ici pas eu lieu".Du côté du Pacte, on reste un peu plus circonspect : "Ce n’est absolument pas mesurable car on manque d’éléments de comparaison. C’est-à-dire qu’aucun film ne ressemble à Minuscule. Mais nous on estime qu’on perd au moins 20% de nos recettes à cause de ce tarif à 4 euros. Après on se demande si ça va être compensé par une hausse des entrées, mais pour l’instant aucun outil statistique ne permet de savoir si oui ou non cela va permettre une augmentation des recettes". Rappelons que, dans l’ensemble, les distributeurs sont hostiles à cette baisse du tarif qui menace la rentabilité des films. Pourtant, Le Pacte n’a pas hésité à en faire un argument de vente pour attirer le spectateur en salles, comme le souligne Marc-Olivier Sebbag : "Ils ont repris sur leur affiche le nouveau tarif en disant que Minuscule était à prix minuscule, ils ont vraiment joué le jeu". Vraiment ? Xavier Hirigoyen apporte un petit bémol : "Ça peut avoir un double sens. Car, bon, 4 euros, c’est vraiment minuscule pour une place de ciné… Enfin, je ne tiens pas à en dire plus mais c’est un bon jeu de mots, non ?".Une zone de conflitIl faut dire que, depuis l’annonce de l’opération en novembre dernier, le sujet est une vraie zone de tension entre distributeurs et producteurs d’un côté, et exploitants de l’autre. Marc Missonnier, producteur, entre autres, du Petit Nicolas, est un des grands sceptiques. Si on lui demande si cette mesure a eu un quelconque impact sur le succès de Minuscule, l’homme est sans ambiguïté : "On ne pourra jamais savoir combien de personnes y seraient allées sans ce tarif à 4 euros, c’est une question abstraite. Tout ce que je sais, c’est que les exploitants s’y retrouvent plus avec les confiseries qu’ils arrivent à vendre à tous les gamins qui viennent voir les films que sur les prix des billets eux-mêmes. Car le vrai problème est que la recette qui remonte aux ayant droits, aux producteurs et aux distributeurs est bien moindre. La vraie question est : est-ce que ce tarif à 4 euros génère assez d’entrées pour compenser la baisse du prix du billet ? Personnellement, je n’ai pas la réponse à cette question, c’est un pari vraiment abstrait fait par les exploitants. Mais je pense surtout que Minuscule est un super film et je ne crois pas que cette nouveauté tarifaire change la donne dans ce cas-là. C’est la qualité du film qui fait les entrées, pas une quelconque opération". Perrine Quennesson
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Minuscule : la première réussite du tarif à 4 euros ?
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