Né en 1954 à Boissy l'Aillerie (Val d'Oise), Patrick Tosani étudie l'architecture à Paris entre 1973 et 1979, puis se lance dans la photographie. Depuis une vingtaine d'années, il développe une pratique hors normes, travaille de manière sérielle et revendique l'emploi « des moyens les plus objectifs de la photographie : la précision, la frontalité des prises de vue, la netteté, la couleur, l'agrandissement » pour interroger la force de l'image. Les photographies de Patrick Tosani ont des thèmes assez banaux et abordent généralement la notion de « fragment ». Il s'agit généralement d'objets manufacturés isolés (cuillères, talons, vêtements, niveaux, glaçons...) ou d'abstraction d'extrémités du corps humains (des têtes, pieds et ongles rongés). « Le geste essentiel de la photographie est d'isoler une petite partie du réel par le cadrage, et ce choix de cadrage est un choix de fragmentation. » Lorsque Patrick Tosani se penche sur les vêtements, il les dispose de manière plus ou moins organisée sur des chaises jusqu'à les envelopper. « Les vêtements sont déshabités, mais formellement architecturés. La forme qui en résulte, assez incertaine, est suggestive d'une possible architecture, d'une architecture utopique [...] Une architecture dans laquelle, par la monumentalité de l'image, on pourrait rentrer. » En 2000, Patrick Tosani réalise des « masques » colorés et les photographie frontalement, la partir creuse tournée vers nous, de telle sorte qu'ils semblent nous regarder. Ceux-ci portent des traits qui les individualisent et leur donnent des allures de portraits En partenariat avec le musée Niepce, Patrick Tosani réalise -; d'abord avec des enfants de l'école des Charreaux de Châlon-sur-Saône puis avec des enfants palestiniens scolarisés à Damas dans l'école de l'UNWRA -; deux séries avec de véritables visages : « Regards » (2001) et « Territoires » (2002). Ceux-ci sont encadrés d'une sorte de chrysalide évanescente et colorée. « Mon objectif est de mettre en évidence une situation de mélange entre le corps et le vêtement par le phénomène de la couleur. Cette enveloppe autour du visage délimite aussi une sorte de territoire intérieur exploré par le modèle. (...) Cette question du regard serait une façon de transpercer l'apparence des visages, des corps, des objets. » En 2002, dans sa série des « chaussures de lait », Patrick Tosani explore les possibilités du vêtement comme enveloppe, aborde le corps et tente d'en interroger ses limites. Traité en négatif, comme un « signe indiciel », le corps reste présent dans l'oeuvre, n'a pas besoin d'être représenté pour être là et exerce sur nous un fort pouvoir haptique.. « Le corps y est absent et pourtant incarné par le lait, qui envahit la forme et déborde dans l'environnement. » Quelques oeuvres majeures : « Abeilles », 1984 « Surfaces », 1984 « Pluies », 1986 « Talons », 1987 « Bouchées », 1992 « Sols », 1993 « Corps du dessous », 1996 « Chaussures de lait », 2002 « Damas », 2002 « Territoires », 2002[Illustration : Patrock Tosani, Masque 6]
Genre | Homme |
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