Ce qu’il faut voir ou pas cette semaine.
L’ÉVENEMENT
K.O ★★★★☆
De Fabrice Gobert
L’essentiel
Le créateur de la série Les Revenants signe un thriller fantastique réussi.
Avant Les Revenants, il y a eu Simon Werner a disparu…, chronique des années lycée dans lequel le fantastique s’immisçait dans le naturalisme. Fabrice Gobert y démontrait déjà son attirance pour les narrations ambiguës et flottantes, un peu à la façon d’un Gus Van Sant. Chez lui tout est affaire de perception d’une réalité donnée comme vraisemblable qui glisse imperceptiblement dans le surnaturel.
Christophe Narbonne
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PREMIÈRE A AIMÉ
LE GRAND MÉCHANT RENARD ET AUTRES CONTES ★★★★☆
De Benjamin Renner et Patrick Imbert
Du début à la fin (ne ratez pas la recette de la pâte à crêpes à la farine de châtaignes, dans le générique), Le Grand Méchant Renard déborde de bonnes idées. Après Ernest et Célestine, César du meilleur film d'animation 2013, Benjamin Renner adapte ici ses BD à succès avec l'animateur Patrick Imbert. Leur film, plein de tendresse, charmera autant les petits que leurs parents, aussi bien par sa beauté visuelle, les dessins à l'aquarelle étant à la fois doux et dynamiques, que par ses histoires malignes brassant de grands thèmes -la vie de famille, l'amitié, l'écologie etc.- sans jamais être moralisatrices.
Élodie Bardinet
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IT COMES AT NIGHT ★★★★☆
De Trey Edward Shults
Au début, le film a des airs de La Cabane dans les bois. Une famille vit retranchée dans une grande maison perdue dont ils extraient, masques à gaz sur le nez, le corps abîmé d’un homme visiblement atteint d’un mal incurable et contagieux. Ils l’enterrent et le brûlent sans autre forme de procès. La vision est d’autant plus terrifiante qu’on apprend simultanément que le cadavre est celui du grand-père de la tribu. Au dehors, le silence est oppressant. À l’intérieur, une grande porte rouge (clien d’œil à Lynch) semble abriter une pièce où il ne vaut mieux pas aller.
Christophe Narbonne
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PREMIÈRE A PLUTÔT AIMÉ
AVA ★★★☆☆
De Léa Mysius
Un an après le choc Grave, film de genre réalisé par une jeune femme issue de la Fémis, voici Ava, chronique de l’adolescence signée d’une autre ex-pensionnaire de la fameuse école de cinéma. Pourquoi ce rapprochement ? Parce qu’il y a dans le premier long métrage de Léa Mysius des réminiscences de celui de Julia Ducournau : une protagoniste entre deux âges (à treize ans, elle s’éveille ici à la sexualité), une famille dysfonctionnelle (à la sœur qui initiait l’héroïne au cannibalisme se substitue une mère volage accélérant la mue d’Ava) et beaucoup de symbolisme (l’anthropophagie comme métaphore de l’épicurisme vs la cécité progressive d’Ava comme allégorie d’une société vaguement totalitaire qui a choisi l’obscurantisme). Là où Grave réussissait à sidérer par son propos franchement transgressif sur les plaisirs de la chair, Ava ne parvient pas à rendre complètement tranchant son discours sur la liberté –des esprits et des corps. Montrer des gens nus sur une plage tandis que patrouillent des nazis à cheval ou opposer le jaune éblouissant du soleil au noir d’un chien-loup adopté par Ava (qui finira par le voir, le loup) obéit à une logique de narration par trop simpliste et à une théorisation machinale. Le film est néanmoins traversé de quelques fulgurances : un cauchemar aux visions surréalistes, une séquence tribale burlesque, des tableaux érotiques troublants… Dans le rôle principal, Noée Abita évoque une Adèle Exarchopoulos précoce, désinhibée, avec une pointe d’arrogance dans la lippe. Encore un peu tendre pour porter un film, elle est avantageusement secondée par l’excellente Laure Calamy en mère irresponsable et tapageuse. Leurs scènes communes procurent le désordre et l’incarnation espérés.
Christophe Narbonne
MACADAM POPCORN ★★★☆☆
De Jean-Pierre Pozzi
Connu pour ses reportages dessinés (Le Château, sur François Hollande à l’Elysée ; Gérard, sur Depardieu), Mathieu Sapin est un artiste curieux dont on suit l’itinérance en France au contact des exploitants de salles de cinéma qu’il compte mettre en scène dans son futur album. Le dialogue qui s’instaure avec tous les intervenants (dans le sud-ouest, en Bourgogne, à Paris…) est passionnant de bout en bout et révèle le rôle fondateur de ces passeurs, chaînons essentiels du maillage social et culturel. Sapin et son pote chauffeur forment en parallèle un duo comique sympathique qui amène un peu de fiction décalée.
Christophe Narbonne
RARA ★★★☆☆
De Pepa San Martin
Sarah, 12 ans, vit avec sa petite sœur au sein d’une famille homoparentale. L’adolescence venant, Sarah vit de plus en plus mal le regard des autres et leurs commentaires faussement bienveillants. Elle commence à se rebeller. Son père va alors tenter de récupérer ses filles… Comment juger d’une situation complexe lorsqu’on est une enfant ? Ce joli film, qui épouse le point de vue d’une préado, évite le plaidoyer pro domo pour livrer une réflexion sensible sur la différence et la tolérance.
Christophe Narbonne
PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ
DES PLANS SUR LA COMÈTE ★★☆☆☆
De Guilhem Amesland
Assistant réalisateur sur La Fille du 14 juillet et sur Tonnerre, Guilhem Amesland appartient à cette Nouvelle Vague auteuriste, tendance déconne, du cinéma français. Dans son premier film, il fait de l’inévitable Vincent Macaigne le frère de Philippe Rebbot avec lequel il forme un duo de pieds nickelés qui retape des maisons tout en vivotant de petites combines. L’intrusion dans leurs vies d’une agente immobilière excessive et d’une employée agressive d’un magasin de bricolage risque de remettre en cause leur unité. L’écriture directe d’Amesland donne naissance à une comédie de caractères plus typée que celles citées plus haut. Cela donne plus de défauts que de qualités : les personnages sont assez vite irritants et les situations manquent d’originalité. Macaigne sans barbe et les cheveux blonds ne suffit plus.
Christophe Narbonne
SONGS FOR MADAGASCAR ★★☆☆☆
De Cesar Paes
À Madagascar, six des plus grands musiciens de l'île se mobilisent pour défendre les ressources naturelles et l'écosystème du pays. Leur but ? Créer un son qui soit représentatif de leur île natale. À travers cette balade musicale socio-politique, Cesar Paes fait un état des lieux préoccupant d'une nation qui souffre de plus en plus de la crise économique. Entre concerts et petits boulots, démarche artistique et préoccupation environnementale, interviews du groupe et tranches de vies personnelles, Songs For Madagascar est un documentaire contemplatif, humaniste et musical qui manque cependant de perspectives. Réservé aux amateurs du genre.
François Rieux
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