Wall-E : le plus optimiste
La surconsommation a transformé la Terre en un énorme dépotoir et l’humanité entière, contrainte à un exode massif 700 ans plus tôt, survit à bord d'une navette spatiale. À travers le regard de Wall-E, robot-nettoyeur obsolète et dernier être sur Terre, Pixar emmène le spectateur dans un futur proche alarmant où les humains, devenus obèses et impotents, ne se déplacent plus qu’en fauteuil volant et communiquent entre eux à travers la technologie. Disney oblige, tout est bien qui finit bien et, après la découverte d'une petite plante verte dans la terre redevenue fertile, l’humanité rentre à la maison, décidée à se reprendre en main.
La Forêt d'Emeraude : le plus rousseauiste
Un ingénieur américain parti construire un barrage s’installe avec sa famille en Amazonie. Son fils disparaît. Dix ans plus tard il réapparaît, mais, élevé par une tribu, il est devenu totalement indien… Utopie, rêve, magie, récit initiatique : c’est ce que brasse John Boorman depuis Délivrance. La Forêt d'émeraude est une synthèse parfaite de son cinoche lyrique et rousseauiste. Ecolo ? En tout cas, ce qui fascine Boorman depuis le début, c’est la nature. C’est là, dans cette jungle filmée comme la forêt légendaire d’Arthur, aux frontières du réel et de l’imaginaire, que l'homme doit se ressourcer pour que surgisse le meilleur de lui-même. Le message n’a pas vieilli, sa caméra attentive et mobile, ses compositions frénétiques et l’utilisation envoutante des sons et des bruits qui donnent une grâce convaincante à ce film radical. Dans le genre et la même année, on peut aussi revoir Mosquito Coast. Plus fou, plus dark, plus australien...
Avatar : Le plus gros
Grosse machine hollywoodienne, l’épopée SF de James Cameron n’est pourtant pas étrangère aux problèmes environnementaux : en confrontant la tribu des Na’vi, primitifs bleus vivant sur la belle planète Pandora en harmonie avec la nature, aux cruels terriens, le réalisateur de Titanic a sensibilisé le monde entier à la morale écolo. Paradoxalement, Avatar est l’un des films les plus chers jamais fabriqués dans l’histoire du divertissement : 261 millions de dollars furent nécessaires à sa production. Son budget a été largement remboursé avec plus de 2,5 milliards de dollars récoltés au box-office mondial et trois suites sont actuellement en développement.
Le Jour d'après : Le plus catastrophe
Des énormes grêlons tombent sur Tokyo et une tornade détruit Los Angeles au moment même où la ville de New York, plongée sous les eaux, gèle à -20 degrés. L’histoire du Jour d’Après a beau être fictionnelle, sa théorie n’en est pas moins plausible pour les climatologues. Lors de sa sortie, en 2004, le producteur Mark Gordon avait rebondi sur le sujet : "Nous avons quelque peu anticipé la venue d’un Nouvel Age de Glace mais la théorie selon laquelle le réchauffement de la planète pourrait entraîner des bouleversements climatiques soudains retient de plus en plus l’attention. Personne ne peut prédire les effets ultimes de la pollution au dioxyde de carbone, mais certains experts y voient déjà ‘la plus vaste expérience scientifique incontrôlable de tous les temps’." Voilà qui est rassurant.
Quantum of Solace : Le plus chic
Suite directe de Casino Royale (Mr White dans le coffre, souvenirs de Le Chiffre, requiem de Mathis…), Quantum of Solace est surtout le film qui tente d’imposer un rythme de croisière à l’ère Craig. 007 démarre donc avec la bonne intention de coincer le salaud qui a poussé Vesper au suicide, avant de participer à une pauvre histoire de vengeance (celle d’Olga Kurylenko). À défaut de faire le tri (sélectif) entre ces intrigues, les scénaristes imaginent quand même un super vilain, suave et cynique, lâche et dangereux, et par-dessus tout très français : Dominic Greene (Mathieu Amalric génial). Un milliardaire qui tente de mettre la main sur les ressources naturelles pour extorquer les grandes puissances. Un vrai malade, anti-écolo, qui met les pays riches en face de leurs propres contradictions. Bond, bras armé de la Cop 21 ?
Terrain miné : Le plus burné
Après un grave incendie, un combat acharné va opposer un village inuit d’Alaska au patron d’une raffinerie de pétrole. Forrest (oui, le nom du héros signifie "forêt" en français), l’expert en pétrole engagé par la firme en question, va vite se rendre compte que c’est l’équilibre écologique de toute une région qui est en jeu. Terrain Miné met en avant les propres préoccupations environnementales de Steven Seagal, qui passe pour la première et dernière fois derrière la caméra et tient également le rôle principal de ce film mêlant action et écologie, sorti en 1994.
Nanouk l’Esquimau : le plus froid
Méthodes de navigation, chasse et pêche, fabrication d’un igloo : Nanouk (qui signifie Ours en inuktitut, la langue Esquimau) dévoile les scènes quotidiennes et les rituels d’une famille nomade inuit de la région de Port Harrison (aujourd’hui Inukjuaq), dans le Grand Nord canadien. Réalisé en 1922 par l’explorateur Robert J. Flaherty, le film est aujourd’hui considéré comme le premier documentaire au format long-métrage de l’histoire du cinéma.
Mad Max 2 : Le plus culte
Dans un futur non défini, Max, ancien flic, vit en marge de la "société" (du moins ce qu’il en reste) après le massacre de sa famille par une dangereuse bande de motards, et sillonne les routes d’un pays livré au chaos et à la violence, dévasté depuis que le pétrole est devenu une denrée rare. Le premier film posait le décor, mais c'est dans Le Défi que Miller explore vraiment l'après. Près de 30 ans plus tard, il réalisera Mad Max : Fury Road, quatrième volet de sa saga explosive et brillant blockbuster dans lequel la guerre de l’eau vient s’ajouter à celle de l’or noir, et l’habituelle course-poursuite géante qui rythme les films se déroule uniquement sur le sable du wasteland.
Princesse Mononoké : Le plus éco-warrior
Petit bijou des studios Ghibli, la fresque épique de Hayao Miyazaki, dans laquelle la forêt japonaise se dépeuple à cause de l’homme, se regarde à travers plusieurs niveaux de lecture : d’abord comme une épopée fantastique expliquant au jeune public les méfaits de la guerre et la haine qu’elle engendre, mais aussi et surtout comme une fable écolo intemporelle, confrontant avec violence les forces de la nature à celles du progrès. Impossible de ne pas penser à un autre film des studios nippons : Pompoko, qui prend pour décor la croissance industrielle du Japon dans les années 1960 et la destruction de la faune et la flore qu’elle engendre.
The Land of Hope : le plus chialant
"Quand j’ai annoncé que je voulais faire un film sur l’accident de Fukushima, tout le monde s’est défilé. J’ai compris alors que le véritable sujet tabou au Japon n’était ni le sexe ni la violence mais le nucléaire", raconte Sion Sono, le réalisateur de The Land of Hope. Quelques mois aprèsla catastrophe nucléaire japonaise, ce dernier s’intéresse aux conséquences dramatiques de la radioactivité sur la population. C’est la première fois qu’un réalisateur traite ce sujet encore sensible à travers une fiction, et non un documentaire. The Land of Hope raconte ainsi l’histoire d’une famille vivant à Nagashima (nom inventé résultant du mélange entre Nagasaki, Hiroshima et Fukushima), ville toute proche de l’explosion d’une centrale nucléaire engendrée par un tremblement de terre, sous forme d'une sublime rêverie poétique.
Soleil Vert : le plus Monsanto
2022. La ville de New York est devenue un enfer peuplé de 44 millions d’habitants. La canicule y est perpétuelle, la police omniprésente et répressive, et surtout, la nourriture est synthétique. Les hommes ont en effet épuisé toutes leurs ressources naturelles et seul le soleil vert, sorte de pastille très chère, parvient à nourrir une population miséreuse au milieu d’une société inhumaine. Indémodable et affreusement pessimiste.
La Belle verte : Le plus mauvais
Fable accablante, La Belle verte raconte comment une alien (Coline Serreau herself) tombée d'une Arcadie macrobiotique où tout n'est que bio, tri sélectif et énergie non polluante se met à bader quand elle découvre la vie des Parisiens. Tous les fléaux du monde moderne sont étrillés (bagnoles, crottes de chien, sinistrose, hiérarchie d'entreprise) dans un film résolument has been, horriblement à côté de la plaque et d'autant plus irritant qu'il confine à l'intégrisme. Ce n'est pas drôle du tout, et ça pourrait presque être contre-productif. Donne des envies furieuses de s'asphyxier en lançant le moteur de son Hummer diesel à pleine puissance dans la garage de sa baraque (dont on aurait laissé toutes les lampes allumées).
De l'action, de l'animation, de l'anticipation : l'écologie est l'affaire de tous, et de tous les genres de cinéma.
Les dérèglements climatiques et les désastreuses conséquences du progrès de l’homme sur la nature ont longtemps été une source d’inspiration pour le cinéma, et ce bien avant que la situation ne s’aggrave. De Soleil Vert à Avatar en passant par Princesse Mononoké, voici une liste de (bons) films à voir ou à revoir pendant les douze jours de la la 21e "Conférence des Parties sur les changements climatiques", plus connue sous le nom de COP 21, à Paris. Un top 12 100% fiction.
Julia Beyer-Agostini
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