On a l’ADN, on a l’émotion plastique… Mais on sort quand même un peu ébranlé par ce qu’on vient de voir. Finalement, que raconte ce Conte des Contes ? On perçoit bien les échos contemporains du film, la potentielle critique sociale que contiennent certains segments (la chirurgie esthétique, l'empowerment féminin, le caractère essentiellement tyrannique du pouvoir), mais ça ne suffit pas à donner un sens clair au film, dénué de conclusion ou de morale comme les contes originels. Pareil, on voit bien la manière dont l'univers de Garrone fusionne dans ces contes médiévaux - il y a du Gomorra (la corruption), du Reality (la cruauté, le miracle et la bouffonnerie) et même de L'Etrange Monsieur Peppino (l'idée du corps et de ses transformations), mais il nous manque une clé. Le sens se dérobe… On a l'impression d'avoir loupé un truc, comme si notre attention était ailleurs pendant la projection, comme si on avait été envapé, absorbé par autre chose. L'effet Cannes ? A moins que finalement ce soit le sens de l'équilibriste et du saltimbanque. On pense à la dernière phrase de Songe d'une nuit d'été : "si nous avons déplu, figurez-vous seulement (et tout sera réparé) que vous n’avez fait qu’un somme"