Première
par Isabelle Danel
Les films de Hong Sang-soo sont des songes, ils tournent en rond, font des digressions sur la vie, l’amour, la trahison. Haewon et les hommes est un bon cru : inracontable, en apparence ténu, envoûtant. Comme La Vierge mise à nu par ses prétendants et In Another Country, il est centré sur une femme. Jeune, ravissante, perdue. Haewon nous entraîne et nous égare. Elle croise une mère idéale (Jane Birkin dans son propre rôle), renoue avec la sienne au moment où celle-ci part au Canada. Elle retrouve son amant marié, est remarquée par un jeune homme, demandée en mariage par un troisième. Blessures secrètes, rendez-vous ratés, petits arrangements avec la vérité. Par touches successives, se dessine le portrait d’une femme en quête d’une place, tissé de moments mélancoliques, bouleversants. Tel celui où un magnétophone crachotant la 7e Symphonie de Beethoven insuffle un fugace apaisement