Première
par Emilie Lefort
On l’aura attendu ce nouveau Jaco Van Dormael. 13 ans pour être exacte. Et cette patience est récompensée. Il nous offre avec Mr Nobody, un conte sublime sur la vie et ses possibles. Nemo doit faire un choix entre son père et sa mère, mais ce choix il le refuse. Il vit alors toutes les vies. La force du film c'est la manière dont il résonne avec notre expérience personnelle et fait écho à notre intimité. Oui, on aurait voulu être Nemo. Oui, on voudrait pouvoir prendre toutes les routes que la vie met sur mon chemin. Van Dormael nous transporte avec une telle aisance dans cet univers fantastique qu’on est fasciné par ce qui se déroule sous nos yeux et la prestation des acteurs (Jared Leto, Juno Temple, Toby Regbo et Diane Kruger en tête) y est pour beaucoup. On pourra reprocher au film ses longueurs et au cinéaste de choisir la facilité en ne nous éclairant jamais sur ce qui est vrai ou pas. Qu’importe, ce voyage on le ferait mille fois les yeux fermés pour le vivre dans les moindres détails.
Première
par Christophe Narbonne
Cinéaste surdoué, scénariste fantasque, Jaco Van Dormael n’avait plus rien tourné depuis Le Huitième Jour, en 1996. La déception, énorme, est à la hauteur de l’attente. Empruntant un procédé narratif éculé (moteur du Hasard de Krzysztof Kieslowski et de tant d’autres films depuis), le réalisateur raconte les vies possibles de son héros, conditionnées à l’origine par un dilemme cornélien (...) À l’image des codes couleur affectés à chaque segment, Van Dormael ne fait pas vraiment dans la nuance. D’une direction artistique irréprochable (vision du futur glaçante, reconstitution soignée des différentes époques), Mr. Nobody cache, derrière sa sophistication apparente et ses audaces présumées, un académisme formel et une vision conservatrice du monde. Dans un genre voisin, le cinéma rétro-naïf assumé de Jean-Pierre Jeunet a le mérite de la simplicité. Jaco Van Dormael, qui désire à l’évidence être pris pour un « somebody », aurait tout intérêt à s’en inspirer.