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Sur un canevas de comédie romantique, ce premier long argentin aurait pu virer au scabreux. Mais ce qui se noue entre Bruno et Pablo est joliment joyeux. Une amitié régressive qui leur rappelle leurs 12 ans, quand ils invitaient un copain à dormir à la maison et parlaient de tout et de rien jusqu’à pas d’heure. Le film capte les silences et les regards, les sourires échangés et les cigarettes fumées à l’unisson. Les moments de vide aussi. Des plans fixes récurrents montrent les protagonistes seuls, plongés dans leurs rêveries, avec, en fond sonore, une sorte de bruit sourd. Car, en jouant avec les sentiments, Bruno a ouvert la boîte de Pandore : non seulement son nouvel ami se trouble, mais lui-même ne sait plus où il en est… Si Plan B est inutilement long et parfois déroutant (Buenos Aires n’est montrée qu’à travers des images d’immeubles se détachant sur le ciel), son sujet et son traitement singuliers, ainsi que ses interprètes à la grâce fragile, méritent largement notre intérêt.
Toutes les critiques de Plan B
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Réalisme et simplicité, deux marques du cinéma argentin, marquent cette comédie qui prend son temps, ne filme quasiment pas les extérieurs mais d’abord, en gros plans, parfois en silence, ses amoureux transis. Deux garçons encore immatures, très proches de l’enfance, qui jouent à être amants pour bluffer une copine, avant de se découvrir, ébahis, très amoureux. Entre liberté sexuelle et confusion des sentiments, la question ici n’est pas d’aimer les hommes ou les femmes mais tout simplement d’aimer quelqu’un.
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Mission impossible pour l'auteur-réalisateur de ce premier long métrage ? Si l'impression initiale de « trucage » demeure, Plan B réussit à produire du trouble, de l'imprévu. Partie au quart de tour, cette comédie romantique sans gag, aux airs rugueux de home movie, s'épanouit finalement dans la lenteur et la langueur, dans l'hésitation et la confusion, au fil de conversations nocturnes, de moments suspendus, sur fond de banlieue assoupie.
Le personnage féminin est (hélas) sacrifié. Mais, entre les deux garçons, c'est un drôle de suspense gêné et sensuel qui s'installe, une rechute dans la préadolescence et ses amitiés amoureuses, une embellie au milieu de la grisaille - à peine suggérée - de vies en jachère, en attente.
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Plan B est un film pudique, où les protagonistes apparaissent comme des enfants innocents, un plaidoyer pour le non refoulement du désir en dépit des règles sociales.
La facture en reste trop rudimentaire, et l'insertion systématique de plans d'immeubles sur fond de bruits d'aéroports entre deux scènes intimes s'avère énigmatique.
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Malheureusement, ce que le film de Marco Berger gagne en nuances en multipliant les hésitations de la part des personnages (beaucoup plus crédible que s’ils se précipitaient dans les bras l’un de l’autre sans se poser de questions), il le perd en efficacité immédiate. Avec un nombre conséquent de plan-séquences particulièrement lents (et bien souvent inutiles) et des atermoiements qui n’en finissent plus de ramener les protagonistes au point de départ, le spectateur trouve tout de même le temps long, d’autant qu’on prévoit assez aisément la fin du film. Comme dans la plupart des comédies romantiques, le scénariste étire jusqu’à plus soif les séquences qui permettent enfin d’arriver à une conclusion émouvante. En l’état, le film de Marco Berger hésite trop souvent entre légèreté et gravité pour paraître convaincant. Au milieu de ces personnages déboussolés, le spectateur s’accroche donc à l’impeccable interprétation du duo principal, tout en s’ennuyant quand même beaucoup devant ce traitement trop banal d’un sujet qui méritait plus d’audace pour vraiment nous captiver.