Première
par Gérard Delorme
Paul, employé sur une plateforme téléphonique, n’en peut plus de son boulot, de sa famille, de sa vie... Un vendredi 13, il prend son vélo et grimpe en montagne, avec l’intention d’en finir. Une fois de l’autre côté, il commente l’existence qu’il a vécue... Pour rendre attractif leur sixième film, qui traite frontalement du suicide, Kervern et Delépine avaient besoin d’un argument de poids. Ils l’ont plus que trouvé en engageant dans le rôle principal le poète et écrivain Michel Houellebecq, qui se révèle un acteur d’exception. Il exploite les caractéristiques les plus frappantes de son visage. Sa peau, jaunie et tendue par le tabagisme, souligne des traits aux formes singulières, tandis que des tics faciaux ont sculpté une grimace amère qu’amplifie une lippe protubérante. Le tout suggère, sans doute de façon volontaire, sa ressemblance avec Céline. Grâce à cette tronche qui assure à elle seule un spectacle fascinant, Houellebecq délivre une série de monologues désabusés, souvent drôles, et bizarrement sereins. Servi par une image délibérément low cost, ce one-man-show existentialiste possède une force extraordinaire.