Première
par Frédéric Foubert
Il n’y a pas beaucoup de plaisir cinéphile plus jouissif que celui de s’asseoir dans une salle de cinéma sans rien connaître du CV du type qui est derrière la caméra, et de recevoir le genre d’uppercut sensoriel que propose "Hyena". Il ne faut pas longtemps, cinq minutes à peine, pour comprendre que c’est gagné. On a déjà vu ce polar cent fois, certes, mais on le voit ici pour la première fois. C’est une question d’atmosphère, de bande-son obsédante, de quartiers londoniens traversés comme jamais (un "Notting Hill" barbare et sidérant), de casting (le charisme hébété de Peter Ferdinando), de microdétails intrigants qui pullulent dans chaque recoin du cadre… Le refrain est connu (un "bad lieutenant" tente de déchiffrer un monde encore plus corrompu que lui), mais la version proposée ici est incroyablement teigneuse. Sauvage. On pense à "Pusher", de Nicolas Winding Refn, autre polar qui surgissait de nulle part pour mieux vous sauter à la gorge. Des scories ? Des trous d’air scénaristiques ? Des erreurs de jeunesse ? Il y en a, oui. Ça ne pèse pas lourd dans la balance au moment du bilan. On était passé à côté de "Tony", le premier long de Gerard Johnson. Une certitude en sortant de "Hyena" : on sera là pour le suivant.