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Le dernier album de l’icône rock est un "cadeau d’adieu".

A peine 48 heures après avoir enterré Lemmy Kilmister, le chanteur/leader de Motorhead, c'est donc au tour du légendaire David Bowie de disparaitre, lui aussi emporté par un cancer.

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Les deux artistes britanniques s'en sont allés, chacun avec la sortie toute fraiche d'un nouvel album récemment enregistré, à l'atmosphère particulièrement funéraire. Celui de Motorhead, Bad Magic, débute par une chanson intitulée "Victory or Die", avant de finir avec une reprise de "Sympathy for the Devil" des Rolling Stones - une forme de testament musical, plus prémonitoire cependant qu'un choix délibéré, Lemmy n'ayant découvert l'existence de son cancer foudroyant que quelques jours avant de mourir, même s'il se savait en mauvaise santé. Le nouveau Bowie, Blackstar, a lui été réellement pensé de toutes pièces par son auteur qui se savait condamné comme un adieu au public, comme vient de le confirmer son producteur Tony Visconti sur son compte Facebook.

"Il a toujours fait ce qu’il voulait, et comme il le voulait, de la meilleure manière qui soit. Sa mort n'était pas si différente de sa vie - il la considérait comme une oeuvre d'art. Il a enregistré Blackstar pour nous, un cadeau d'adieu. Je savais depuis un an que ce disque serait le dernier. Je ne m'étais cependant pas préparé à un tel choc. Il était un homme extraordinaire, plein de vie et d'amour. Il sera toujours dans nos coeurs. Pour le moment, tout ce que l'on peut faire, c'est pleurer".

Visibles sur Youtube, les deux clips tirés de Blackstar sont encore plus sidérants que la musique qui les accompagne, truffés d'imageries lynchiennes (pour qui Bowie avait tourné dans le film Twin Peaks), dérangeantes, morbides et surréalistes.

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"Blackstar", la première vidéo, s'ouvre sur les images du cadavre d'un astronaute réduit à l'état de squelette sur une autre planète - un renvoi à "Space Oddity", le premier succès de David Bowie -, qui prêche ensuite son évangile à des épouvantails zombies. Un constat sur l'état sinistré du rock'n'roll aujourd'hui, et le désert artistique que sa disparition va créer ?

Dans le plus introspectif "Lazarus", le deuxième et ultime clip sorti de son vivant, le chanteur délivre des paroles-testament, revenant sur sa vie depuis un lit d'hôpital où la mort semble l'attendre juste en-dessous, avant de se retirer dans l'ombre d'un placard.


La chanson évoque une suite de L'homme qui venait d'ailleurs, film de Nicolas Roeg dans lequel Bowie incarnait le rôle principal en 1976. Sidérant. Le titre, curieusement, est homonyme de Lazare, personnage du nouveau testament que Jésus ramène à la vie au bout de quatre jours. L'indice que tout cela ne serait qu'un tour joué par Bowie à ses fans ?

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Si les derniers disques de nombreux chanteurs peuvent parfois révéler des préoccupations morbides, particulièrement dans leurs textes, jamais un artiste ne sera allé aussi loin, au point de faire de sa disparition son ultime oeuvre d'art. Seul Bowie pouvait tirer sa révérence avec une prodigiosité pareille. Be seeing you.