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Après Carnage, en 2011, adaptation cinématographique de la pièce de Yasmina RezaLe Dieu du Carnage, avec un quatuor d’acteurs de grand choix (Jodie Foster, Kate Winslet, Christoph Waltz et John C. Reilly) Roman Polanski revient au huis-clos, genre dans lequel il excelle, et dirige sa propre femme, la comédienne Emmanuelle Seigner dans un face à face sous haute tension avec Mathieu Amalric. Le point de départ du film ? Une pièce de théâtre, La Vénus à la fourrure signée David Ives, elle-même adaptation du roman du même titre de l’écrivain autrichien Sacher-Masoch. Et comme il n’est pas à une mise en abyme près, Polanski met en scène un metteur en scène justement, à la recherche de l’actrice qui interprétera le rôle féminin de ce dialogue intimiste explorant les ressorts et rebondissements d’un rapport de domination trouble entre un homme et une femme au XIXème siècle. Le film est une réussite et le pin-pong verbal entre les deux interprètes un sommet d’écriture, de cadrage, de montage. Il y a du rythme, du souffle, et surtout du théâtre en diable dans ce véritable jeu de rôle où ce qui arrive n’est jamais ce que l’on attend. Duel intellectuel sous-tendu d’érotisme qui trouve son espace de représentation entre la salle du théâtre et son plateau, La Vénus à la fourrure parvient à capter ce qui fait le sel du théâtre (quand il est bien servi), à savoir un au-delà du texte et du contexte. Il transcende le réalisme de la situation par une mise en perspective fantasmatique et délirante. Dans un décor un peu poussiéreux avec canapé décati et costumes d’époques chinés côtoyant garde-robe contemporaine, Polanski évite le piège du théâtre bourgeois, artificiel et figé, et nous entraîne dans une valse tumultueuse où la vie se mêle à la scène, où les époques s’entremêlent en une réflexion souvent drolatique voire désopilante sur l’éternelle guerre des sexes.La Vénus à la fourrure, dans ces excès-mêmes, sa propension à aller débusquer le burlesque d’une situation, à grossir le trait parfois, à glisser l’incongruité du comique dans un cadre dramatique, à  se perdre avec délice dans les recoins les plus obscurs de l’âme humaine… rejoint sans conteste les chefs-d’œuvre de la filmographie de Polanski et témoigne de son goût pour les situations exacerbées. Rien d’étonnant alors que le réalisateur se tourne du côté des planches et de la comédie-musicale pour adapter à la scène son film culte, Le Bal des Vampires, grâce à la société de production Stage Entertainment France (Le Roi Lion, Cabaret, Zorro, Mamma Mia, Sister Act…)."Quand j’ai réalisé mon film "Le Bal des vampires", le ton, l’humour et l’histoire se prêtaient à une comédie musicale. Depuis sa création en Autriche en 1997, j’ai toujours rêvé de voir mes vampires chanter et danser à Paris. Et voilà, en octobre 2014, vous pourrez les découvrir ici, au théâtre Mogador." dixit Roman Polanski qui signe la mise en scène du spectacle le plus attendu de la prochaine rentrée théâtrale, entouré de l’auteur à succès Michael Kunze pour le livret et du géant du Rock Jim Steinman pour la musique. Humour et horreur au rendez-vous de cette comédie musicale qui aura assurément du mordant !Par Marie Plantin