Ready Player One
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Le scénariste revient sur l’adaptation de son roman.

En 2011, Ernest Cline publie Ready Player One, un premier roman qui mêle réalité virtuelle, pop culture et nostalgie du cinéma 80’s. Un best-seller que Spielberg adapte sur grand écran sept ans plus tard. Et Cline ne s’en remet toujours pas.

De quoi parle Ready Player One?
Ernest Cline : L’histoire se situe dans un futur proche, où chacun peut se connecter à un monde virtuel, l’OASIS. Le héros, Wade, est un adolescent fan de pop culture des années 80-90. Et quand le créateur de l’OASIS décède, on apprend qu’il avait prévu de laisser les rênes du programme à celui qui trouverait trois clés cachées. Wade se lance dans la course, mais une entreprise veut mettre la main dessus avant tout le monde.

Comment l’adaptation s’est retrouvée entre les mains de Steven Spielberg?
Au début, je n’étais même pas sûr que le bouquin soit publié, mais très vite, beaucoup d’éditeurs ont fait monter les enchères pour en obtenir les droits. C’est cette guerre qui a attiré l’attention des studios hollywoodiens. Et à leur tour, ils se sont mis à se battre pour obtenir les droits d’adaptation cinéma ! C’était surréaliste. En 48 heures, ma vie a totalement changé. Résultat, j’ai dû écrire une première version du scénario avant même la sortie du livre. Puis l’adaptation est restée en stand-by pendant cinq ans. Le gros problème était que le roman cite beaucoup de films et qu’aucun studio ne voulait donner son autorisation d’utilisation. 

Comment les choses se sont-elles débloquées?
Il y a trois ans, j’apprends que Spielberg est fan du roman et intéressé par son adaptation. Hallucinant : il a tout inspiré dans ce livre, jusqu’à la narration, qui est calquée sur son style ! On me dit qu’il va lire le script et que je ne dois pas attendre de réponse avant deux semaines. Les quatorze jours les plus longs de ma vie. Et il a accepté. Immédiatement, il a réussi à convaincre les ayants droit de chaque licence. Si Steven n’avait pas été là, le film n’aurait pas pu voir le jour.

Qu’est-ce qui a été le plus dur à adapter à l’écran?
L’imbrication de la technologie futuriste dans le récit. Steven dit que Ready Player One a été l’un des films les plus durs à tourner de sa carrière après Les Dents de la mer et Il faut sauver le soldat Ryan. L’histoire se déroule dans deux mondes : le vrai, et un autre totalement fabriqué par les équipes d’ILM. Pour rendre cela homogène, il fallait au moins le génie de Spielberg. Depuis son expérience sur Le Bon Gros Géant, il savait que la technologie était au point. Le timing était parfait, on n’aurait certainement pas pu se lancer il y a encore quelques années. Je sais qu’il a quand même consulté James Cameron pour savoir comment il avait réussi certaines choses sur Avatar ... Le challenge technologique l’excitait beaucoup. 

Steven Spielberg : “Ready Player One, c’est mon convecteur temporel”

Le livre est bourré de références à sa filmographie, mais il assure avoir coupé les citations tirées de ses propres films...
Pas vraiment. Ça l’inquiétait beaucoup de s’auto-référencer, il avait peur de l’autopromotion. On a dû le convaincre qu’il était impossible de rendre hommage au cinéma des 80’s sans utiliser ses films. Il y a de nombreuses références à Amblin, pas toutes mises en avant, mais bien présentes. Ça l’a forcé à réfléchir à son propre héritage, mais il ne voulait pas se confronter frontalement à son travail de réalisateur. C’était plus facile pour lui de rendre hommage à ses collègues, comme Robert Zemeckis. Bon, on a quand même réussi à placer des références à Jurassic Park. (Rires.)

Qu’avez-vous appris en voyant Spielberg tourner ?
Comment il arrive à tirer la meilleure performance possible des acteurs : tout le monde veut faire plaisir à Steven Spielberg, personne n’a envie de le décevoir. Et quand vous travaillez avec lui, il vous donne l’impression que ce que votre boulot est aussi important que le sien. C’est une illusion bien sûr, mais vous y croyez. Sur le tournage, il rassemble les gens. C’est assez unique à observer.

Ready Player One est-il envisagé comme une franchise cinématographique ?
J’ai toujours imaginé écrire plusieurs romans si le premier se vendait bien. Mais j’étais loin de penser que ça deviendrait un film ! J’écris en ce moment la suite du livre, Ready Player Two. Je veux avoir fini avant la sortie du film (NDLR : l’interview a eu lieu en janvier dernier), parce que si ça fait un carton, j’imagine qu’une suite sera lancée !

Et si Steven Spielberg refuse de la faire, vous seriez partant pour laisser les rênes à un autre réalisateur ?
Oui. Il a mis la barre très haut, mais il a également fait le plus dur. Ce serait moins compliqué pour celui ou celle qui suivra après. Mais j’espère avoir la chance de Michael Crichton avec Le Monde Perdu. Je lui en ai déjà parlé, il m’a répondu : « Laisse-moi déjà finir ce film ! » Il n’est pas contre l’idée, surtout si le public répond à Ready Player One avec la même ferveur que pour Jurassic Park.

Avec Ready Player One, Steven Spielberg signe un autoportrait phénoménal [critique]

Ready Player One, en salles le 28 mars.