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De Zoolander 2 à Steve Jobs, des Visiteurs 3 à Batman : rentrée classe pour le premier semestre 2016.

Quel rapport entre des superhéros en cuir, des mannequins-vedettes en coton, des animaux qui causent et qui chantonnent, et des aliens qui foutent le feu à la Maison-Blanche ? Ils vont rythmer le premier semestre de 2016 qui promet d'une année XXL.

Steve Jobs

Punk. Génie. Traître. Millionnaire. Les qualificatifs qui zébraient le visage de Mark Zuckerberg sur l’affiche de The Social Network s’appliquent aussi parfaitement à Steve Jobs, autre gourou numérique dont le scénariste star, Aaron Sorkin, a décidé de tirer le portrait. David Fincher devait réaliser le film, Leo DiCaprio, puis Christian Bale, interpréter le rôle-titre. C’est finalement Danny Boyle et Michael Fassbender qui se sont emparés du script fou de Sorkin (qui raconte en "temps réel" trois moments décisifs de la vie de Jobs) pour en tirer un opéra pop flamboyant, aussi euphorisant et virevoltant que The Social Network était amer et glaçant. Un Citizen Kane digital, une enquête psy sur l’homme qui a changé nos vies.

Sortie le 3 février.

La Tour 2 contrôle infernale : panique à l'aréoport


Tout doucement, sans qu’on s’en aperçoive, La Tour Montparnasse infernale est devenue, depuis 2001, la comédie culte de toute une génération. Un grand film (très con) qui testait les limites de la bêtise au cinéma (et celle du spectateur). La Cité de la peur des années 2000. Quatorze ans plus tard, la suite est réalisée par Éric Judor, qui s’est entretemps taillé une réputation plus arty et a dynamité la comédie gauloise avec Seuls Two ou la série Platane. Si on vous dit que Philippe Katerine joue le grand méchant de ce 58 Minutes pour vivre version déconne, vous nous suivez ?

Sortie le 10 février.

Zootopie


Tandis que Pixar semble enlisé dans les sequels jusqu’en 2019 (Le Monde de Dory, Cars 3, Toy Story 4, Les Indestructibles 2...), les studios Disney carburent façon lapin de garenne. Zootopie et son uchronie peupée d’animaux anthropomorphes -un renard arnaqueur et une lapine contractuelle mal assortis enquêtent sur une embrouille- s’annoncent comme un pur Disney (character design fabuleux, monde conçu comme un grand parc d’attractions) et un buddy movie à l’ancienne. Confirmation par Rich Moore et Byron Howard (à qui l’on doit Les Mondes de Ralph et Volt) : "On est des gros, gros fans de buddy movies 80s. L’Arme fatale, 48 Heures, Un Fauteuil pour deux... L’animation mainstream d’aujourd’hui ne cherche pas assez à reproduire ce genre d’histoires plus adultes et beaucoup plus cool." Dans Zootopie, les fonctionnaires sont des paresseux, les flics des prédateurs et les touristes des gnous. Toute ressemblance...

Sortie le 17 février.

Avé César !


Hollywood dans les 50s : une star de cinéma sur le retour est kidnappée par le Futur, une bande d’anarchistes, ce qui menace le tournage de son prochain péplum. La star est jouée par George Clooney, et sa présence est le vortex autour duquel les Coen font tourbillonner un casting en forme de name opping vertigineux (Josh Brolin, Ralph Fiennes, Scarlett Johansson, Tilda Swinton, Channing Tatum – bon sang, il y a même Christophe Lambert...) Comédie musicale ? Film noir ? Detective story ? Hommage au slapstick, à la fin de l’âge d’or Hollywood ? Ave César ! est tout ça à la fois. Avec une photo signée Roger Deakins en plus. Comment refuser ? Signez là.

Sortie le 17 février.

Zoolander 2

Quatorze ans que la pop culture est traversée par des crétins plus ou moins oubliables qui n’arrivent pas à la cheville de Derek Zoolander, mannequin homme, mètre étalon de la connerie planétaire. Quatorze ans qu’on se repasse en boucle les scènes cultes de cette comédie hautement régressive. La promo géniale du retour de Derek et Hansel (faire des selfies à la Fashion Week) nous rappelle que le monde est zoolanderisé. Ben Stiller (également à la réalisation), flanqué de son fidèle Owen Wilson, plus Penélope Cruz en renfort, le tout blindé de caméos des années 2010 (Kanye West, Justin Bieber, Benedict Cumberbatch, Mika). Zoolander 2 sera, sans problème aussi con que le premier. Relax ("Don’t do it, if you wanna come..."), c’est un compliment.

Sortie le 2 mars.

Midnight Special


On pensait déjà beaucoup à Spielberg devant Mud, le dernier film de Jeff Nichols, avec ces deux mômes qui aidaient un fugitif extraordinaire à échapper aux autorités -une sorte d’E.T. l’extraterrestre chez les péquenauds de l’Arkansas. Et Spielberg semble à nouveau être la référence de Midnight Special, quatrième long du prodige indé, son premier pour une major (Warner). L’histoire de la cavale d’un papa-poule (Michael Shannon, l’acteur fétiche du cinéaste) et de son fiston doté de pouvoirs surnaturels, traqués à travers tout le pays par des fanatiques religieux et les instances gouvernementales. Quelque part entre Rencontres du troisième type, E.T. (décidément une obsession) et le Starman de John Carpenter. On espérait voir Midnight Special au dernier Festival de Cannes, il ne sort finalement qu’en mars prochain aux États- Unis, les nombreux effets spéciaux ayant manifestement retardé sa post- production. Entretemps, Nichols a eu le temps de plancher sur son film d’après, Loving, l’histoire d’un amour interracial et hors la loi dans la Virginie des 50s. Spielbergien ? Pas sûr. Mais Michael Shannon sera là.

Sortie le 2 mars.

Eperdument

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Sous ce titre de romcom made in France se cache une histoire vraie. Celle de Florent Gonçalves, directeur de la prison pour femmes de Versailles tombé, en 2010, raide dingue de l’une des détenues. Emma, l’appât du "gang des barbares". Celle qui, à 19 ans, en 2006, a attiré Ilan Halimi vers Youssouf Fofana. Elle est placée sous la surveillance de Gonçalves, et il va tout lui donner, et tout perdre. Le réalisateur, Pierre Godeau, a fait appel à un duo flamboyant : Guillaume Gallienne et Adèle Exarchopoulos. Soit la méthode policée de la Comédie-Française contre la gouaille infernale de la prisonnière en survêt. Le fait divers, l’amour fou, le huis clos, le casting césarisé. Sur le papier, l’addition est imparable. On y croit, évidemment, éperdument.

Sortie le 2 mars.

Triple 9


Sur sa table de vivisection, le génie australien John Hillcoat (Des hommes sans loi) a posé Heat, Sicario, l’intégrale Oliver Stone, Dead or Alive (le Takashi Miike) et a joué du scalpel. Résultat ? Des visions dantesques (décapitations, tortures, strip-tease filmé en lumière noire, raids sanglants -bon sang, regardez ce trailer de dingue) d’un inframonde en guerre, où des flics corrompus et des braqueurs tarés font alliance pour exécuter un casse impossible. Au milieu, Kate Winslet, mafiosa juive hallucinante, arbitre la vie et la mort. Dans le code radio de la police, 999 indique la mort d’un flic. Ici, c’est le signal qui déchaîne des forces surpuissantes, celles de la loi, de l’ordre et du chaos. Le signal aussi d’embarquer pour un very bad trip au pays des ripoux.

Sortie le 16 mars.

Batman V. Superman : L'Aube de la justice


Warner entame 2016 très haut, très fort, avec l’affrontement, longtemps fantasmé, de Batman et Superman sur grand écran (Wolfgang Petersen et George Miller s’y sont cassé les dents). Les défis sont coriaces : éviter le syndrome de The Amazing Spider-Man 2 (trop de nouveaux personnages ajoutés n’importe comment) et lancer le Cinematic Universe de DC/Warner. Pour faire passer Superman dans la stratosphère, la production a recruté une dream team. Ben Affleck est Batman, Gal Gadot Wonder Woman et Lex Luthor a la tête de Mark Zuckerberg. Plus de noirceur, plus de drama, plus de politique, plus de tout. On parle déjà d’un des films les plus chers jamais tournés, et Zack Snyder promet de faire passer la destruction massive de Man of Steel et les agitations de L’Ère d’Ultron pour d’aimables rigolades.

Sortie le 23 mars.

Silence

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Avec son scénariste, Jay Cocks, Martin Scorsese cherchait depuis près de vingt ans à adapter le livre éponyme de l’écrivain catholique japonais Shusaku Endo. On y suit le parcours de deux jeunes missionnaires jésuites qui cherchent à soutenir les chrétiens persécutés dans le Japon du XVIIe siècle. Ils doivent affronter un serviteur du pouvoir érudit et pervers, qui, connaissant les points faibles de la mentalité des jésuites, pratiquait sur eux une torture subtile en les plaçant devant leurs contradictions : les prêtres devaient-il refuser d’abjurer leur foi au prix de la souffrance de leurs ouailles ? En résistant, ne péchaient-ils pas par orgueil ? On attend avec impatience ces prises de tête qui s’annoncent autant physiques que mentales par le cinéaste du sang et des coupures.

Pas encore de date de sortie, mais sans doute à Cannes 2016.

Captain Fantastic

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A Deauville, en septembre dernier, au congrès des exploitants (où sont dévoilées en exclu les bandes-annonces des films événements de l’année à venir), les premières images de Captain Fantastic ont fait l’effet d’une bouffée d’air frais au milieu d’une avalanche de teasers pour des comédies franchouillardes et des gros machins de studio interchangeables. Le héros du film n’est pas le rejeton de Mr. Fantastic et Captain Marvel, non, c’est Viggo Mortensen : un marginal qui, après des années passées à vivre dans la nature, doit regagner la civilisation et réapprendre à vivre en société et avec ses six enfants. Soit un pitch façon Sundance pour une dramédie qui semble pétarader de couleurs et de bizarreries. Et si notre rubrique "L’Info qui sert à rien" existait encore, on préciserait que Captain Fantastic était aussi le surnom que se donnait Elton John en 1975, à l’époque de l’album Captain Fantastic and the Brown Dirt Cowboy. Dommage, elle était bien cette rubrique...

Pas encore de date de sortie.

Les Visiteurs : La Révolution

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Pourquoi s’exciter sur Les Visiteurs - La Révolution ? Mais c’est vrai ça, pourquoi ? Un peu par masochisme, sans doute, mais surtout par fascination pour ce qui ressemble au dernier round de Clavier dans les fripes de Jacquouille la Fripouille (son meilleur rôle, point barre). En 1992, ce délire halluciné et beauf, shooté comme une comédie hongkongaise (surdécoupage, faux raccords et grand angle déformant), braquait le tiroir-caisse du cinoche hexagonal. On frôlait l’expérimental. Vingt-trois ans plus tard, La Révolution entend refaire le même coup. Un pitch réac (mettre le dauphin sur le trône pendant la Révolution française, vue sous l’angle de la Terreur -même si le film a discrètement changé son titre de Terreur en Révolution début décembre), des travellings avant et un montage hyper cut, Alex Lutz, des nains, de la mauvaise haleine, des bons gros mots comme au bon vieux temps ("Il a une tête de bougrette, cet essuie-cul"). Et vous vous demandez pourquoi on s’excite ?

Sortie le 6 avril.

High Rise


Une gigantesque tour de béton à l’horizon, les riches en haut, les hipsters au milieu, la classe moyenne en bas. Ben Wheatley adapte un roman de J. G. Ballard (auteur de Crash !) et envoie Tom Hiddleston se salir dans ce cauchemar brutaliste et paranoïaque. Entre les murs et entre les classes, la grande guerre menace, la grande partouze commence, tout s’effondre et tout crame. Imaginez Ken Russell chez Le Corbusier. Avec High-Rise, Wheatley (auteur des superbes Kill List et A Field in England) veut, en bon agent du chaos, mettre le bordel dans un monde réglé et retrouver une folie 70s nihiliste, pré-punk, tarée, malpropre et dérangeante. Ca risque de faire beaucoup de bruit.

Sortie le 6 avril.

Le Livre de la jungle


Mission impossible ? En tout cas, le job de Jon Favreau semblait, sur le papier, très compliqué. En s’attaquant au remake du Livre de la jungle, il devait trouver le point d’équilibre entre la puissance mystérieuse du bouquin de Rudyard Kipling et la simplicité pop de la version animée millésimée 1967 (trésor Disney). Le premier trailer, lâché au D23, a mis tout le monde d’accord. Les images, chatoyantes et inquiétantes, majestueuses et violentes, laissent penser qu’il a peut-être réussi son coup. A l’écran, le jeune Neel Sethi a l’air d’un Mowgli convaincant, enfant sauvage perdu dans une nature menaçante (ça, c’est pour Kipling), mais épaulé par un casting voix dément (Bill Murray, Scarlett Johansson, Idriss Elba et Ben Kingsley) qui poussera sans doute la chansonnette (ça, c’est pour Disney). Reste une question : que vient faire Justin Marks, le scénariste de Street Fighter - Legend of Chun-Li, dans cette pirogue ?

Sortie le 13 avril.

Independence Day - Resurgence


Que vient faire notre Charlotte Gainsbourg nationale dans Independence Day 2 (et devant des équations incompréhensibles) ? Pourquoi aura-t-il fallu attendre vingt ans pour avoir droit à cette suite ? Et y aurait-il un lien secret entre Shakespeare (Anonymous), les LGBT (Stonewall) et les aliens ? Le destructeur à grande échelle Roland Emmerich reprend la barre de son blockbuster Béhémoth. Avec deux missions : exploser les compteurs du premier opus et "ouvrir la voie à un Cinematic Universe, un peu à la manière de Marvel Studios", comme nous le confie le scénariste Dean Devlin. Resurgence fait revenir les piliers (Goldblum, Pullman, etc. – Will Smith a décliné) pour passer le relais en douceur à la nouvelle génération conduite par Liam Hemsworth. Cette fois, l’humanité s’est préparée à une nouvelle attaque en fabriquant des armes, grâce à la technologie laissée par les aliens. Un programme SF comme on les aime, avec base lunaire, vaisseaux géants et E.T. énervés. Le tout coordonné par Jeff Goldblum, qui joue le chef de l’alliance mondiale. "Attendez de voir ce qui arrive à la Maison- Blanche dans celui-là !", prévient Devlin. Ne nous dites pas qu’il y aura des explosions ?

Sortie le 27 juillet.

The Neon Demon

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Il a suffi de deux images d’Elle Fanning, deux flashs de violence ultrastylisée et très référencée, pour ranimer une flamme qu’on avait crue éteinte. Tout le monde, aujourd’hui, cinéphiles ou pas, a envie de voir le nouveau film de Nicolas Winding Refn, l’homme qui avait mis la planète à genoux avec Drive, avant de se la mettre à dos (à tort) avec Only God Forgives. Portrait d’une aspirante mannequin à Los Angeles dévorée par le succès, The Neon Demon ressemble encore, de loin, à un objet fétichiste et pop, sans doute à mi-chemin entre Only Lovers Left Alive et Spring Breakers. Au fait, Christina Hendricks est de la partie. Il vous reste des doutes ?

Pas encore de date de sortie.