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Chez Alex Garland, il est souvent question d’un lieu à explorer. D’un territoire à déchiffrer, qui permettra in fine de résoudre une énigme intime. Après le bunker high-tech d’Ex Machina, la forêt psychédélique d’Annihilation, le laboratoire quantique de la série Devs, Men propose de visiter un charmant coin de campagne anglaise. Harper (Jessie Buckley) y a loué une maison, pour se reposer et tenter de se remettre d’un événement traumatique, que le film dévoilera par bribes. En se baladant dans les bois alentour, en visitant l’église du village et le proverbial pub local, la jeune femme ne va pas tarder à s’apercevoir que tous les hommes des environs ont la même tête (celle de Rory Kinnear), comme dans une relecture horrifique de La Famille Foldingue, et que la nature, à son passage, semble émerger d’un long sommeil. Men est une fable sur la guérison et le retour à la vie, un écho aux préoccupations féministes de l’époque, un commentaire sur la masculinité toxique – question très contemporaine que l’auteur fond dans une atmosphère d’angoisse immémoriale, convoquant pour se faire des mythes locaux, des symboles anciens de fertilité et de renaissance (l’Homme vert, la Sheela Na Gig…), et les codes de la folk-horror. C’est un genre sans doute excessivement visité ces jours-ci (Midsommar, The Witch, la série The Third Day…) mais Garland parvient à en donner une vision très personnelle, extraordinairement investie, constamment surprenante, parfois très brutale, aussi brillante dans le registre de l’envoûtement que dans celui de la pure terreur.