La nouvelle série criminelle de France 3 était présentée à Séries Mania il y a quelques jours. Rencontre avec l'équipe.
Nouvelle création originale France Télévisions qui lorgne du côté du polar, La Forêt s'inscrit brillamment dans la lignée de Disparue et autre Capitaine Marleau. Prochainement, les téléspectateurs de l'Hexagone pourront découvrir cette glaçante série criminelle, présentée ces derniers jours au 8e Festival Séries Mania. A cette occasion, nous avons pu rencontrer le producteur Christophe Carmona, le réalisateur Julius Berg, ainsi que les acteurs vedettes, Samuel Labarthe (Les petits meurtres d'Agatha Christie), Alexia Barlier (Falco) et Suzanne Clément (Mommy).
Qu'est-ce que ça vous fait d'être là, à Séries Mania ? Vous connaissiez déjà un peu le Festival ?
Christophe Carmona (producteur) : Moi j'y viens depuis plusieurs années, parce que c'est l'un des rendez-vous incontournables, le seul rendez-vous international des séries en France. C'est un festival qui ne cesse de grandir. Alors forcément, on est très content d'être sélectionné et de présenter la série ici.
Alexia Barlier : Moi j'étais déjà venue avec Clément Manuel, pour Ennemi Public. C'est vrai que c'est un Festival qui a un gros rayonnement maintenant et on était tous très excités de pouvoir la montrer sur un grand écran aussi.
Vous êtes branchés Séries d'habitude ? Quelles séries vous regardez à la maison ?
Suzanne Clément : Oui, moi j'aime beaucoup les séries. Du coup, La Forêt, c'était l'occasion pour moi d'en faire une ici en France.
Alexia Barlier : Personnellement, je regarde plus de séries que de films. J'ai regardé Big Little Lies dernièrement. Je ne pensais pas que ça allait m'intéresser. Mais en fait, c'était super bien écrit, super bien joué.
Suzanne, au Canada, on regarde quoi comme séries ? Des Françaises aussi ?
Suzanne Clément : Des séries américaines surtout. Mais des séries locales aussi, on en produit énormément. Il y a aussi quelques séries françaises qu'on voit chez nous. Je pense aux Revenants par exemple. Ou encore Braquo.
Parlons de La Forêt. Comment est née l'idée de cette série ?
Christophe Carmona : Au départ, on a pensé faire une série autour du personnage d'Eve (joué par Alexia Barlier). Ce fantasme de L'Enfant Sauvage, quelqu'un qui aurait passé du temps, seul dans un environnement hostile. Et puis au fur et à mesure, on a eu envie de mettre en place une histoire autour d'une communauté, des gens qui ont des liens forts entre eux, et qui vont se désagrager au fur et à mesure que l'enquête progresse, que sont révélés les secrets de chacun.
Quand on parle d'un polar dans une communauté qui se désagrège, on pense forcément à la série anglaise Broadchurch. C'était une référence pour vous ?
Christophe Carmona : En fait, on a commencé à écrire La Forêt un an avant que Broadchurch ne soit diffusé en Angleterre. Compte tenu de la rapidité de production en France, on a été légèrement doublé... Et quand Broadchurch a été diffusée, on s'est même demandé s'il fallait qu'on continue ou pas. C'est vrai que les deux sont cousines, mais on a essayé de dépasser ça. On a mis Broadchurch de côté et on a avancé. Mais c'est l'air tu temps. Une certaine ubiquité des idées.
Comment s'est déroulé le tournage ? C'était éprouvant à filmer ?
Julius Berg (réalisateur) : Non, le tournage était très joyeux. Et il faut savoir que Samuel (Labarthe) a des fous rires à chaque séquence.
Samuel Labarthe : En fait, plus on tourne dans des univers durs, où il y a cette tension, plus on rit. C'est une tension nerveuse, il faut bien qu'elle parte quelque part ! C'était lourd ce qu'on avait à jouer alors dans ces conditions, c'est difficile de ne pas craquer.
Comment décririez-vous la série en deux mots ?
Julius Berg : C'est une série chorale, de personnages, basée sur des choses émotionnelles. On embarque le spectateur dans des affects très forts. En somme, c'est un un polar affectif en quelque sorte.
Pourquoi cette forêt ? Qu'est-ce qu'elle symbolise ?
Christophe Carmona : C'est un lieu de fantasmes. C'est un lieu dans lequel on peut projeter l'idée du monstre, qu'il soit humain ou pas. Ca marche très bien avec le thème de la nature. Ca permet de confronter les personnages à leurs angoisses. Elle sert de révélateur. C'est une Forêt métaphorique quelque part. Elle n'est d'ailleurs pas située précisémment, sur un plan géorgraphique. Ca a d'abord été une forêt du Vercors, puis ça a été une forêt de l'est et ça a fini par être une forêt des Ardennes. C'est une forêt qui a voyagé.
L'histoire de La Forêt se termine au bout du 6e épisode. Mais une saison 2 est-elle possible ? Sur une autre affaire, comme une anthologie criminelle ?
Christophe Carmona : Non. Aucune suite n'a été évoquée pour l'instant et elle n'a pas été écrite pour ça d'ailleurs. C'est une mini-série en six épisodes, bouclée et sans suite.
Quand vous voyez le succès de Capitaine Marleau, sur France 3, ça vous fait envie ? Comment vous expliquez le succès des séries Françaises, qui performent bien mieux que les séries américaines, aujourd'hui, à la télévision ?
Samuel Labarthe : France Télévisions, Arte ou même d'autres chaînes commencent à produire des séries de qualité, où l'on sort d'une espèce de formatage où l'on essayait de copier un peu les séries américaines sans y arriver.
Julius Berg : France 3 s'engage dans des séries "terroir", dans le bon sens du terme, avec des personnages assez simples, authentiques.
Christophe Carmona : Je pense qu'il y a un double phénomène : d'un côté, ce qui nous arrive des Etats-Unis aujourd'hui est moins "mainstream". Parce que les grandes chaînes américaines ont des problèmes sur le marché intérieur et fabriquent aujourd'hui des fictions sur des logiques de niche. Du coup, ce que produisent les Etats-Unis aujourd'hui correspond de moins en moins au besoin des chaînes françaises. Celles-ci prennent désormais des risques qu'elles ne se permettaient pas avant. Et nous on s'engouffre dans la brèche. La Forêt, c'est certainement une série que France 3 n'aurait pas produite il y a 10 ans ou même 5 ans.
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