Michèle Laroque incarne Renée Leroux dans cette chronique racontant l'affaire Agnès Le Roux, riche héritière du Palais de la Méditerranée, tragiquement disparue en 1977. A l'origine de la mini-série, Judith Naudet-Baulieu nous raconte comment a été pensé ce "true crime" français.
"C'est une histoire hors normes. Elle a marqué les esprits parce qu'elle s'étale sur près de 40 ans. Il y a eu trois procès. Et Maurice Agnelet avait près de 80 ans quand il a été condamné !" Judith Naudet-Baulieu est fascinée par l'affaire Agnès Leroux, l'une des plus marquantes de l'Histoire judiciaire française. Il y a cinq ans, la productrice a décidé de se lancer dans un grand documentaire, Confidences d'un condamné (diffusé sur Canal + en 2020) évoquant le volet judiciaire de l'affaire à partir de 8 heures d'entretien du principal accusé, Maurice Agnelet, filmé par son fils. En parallèle, elle décide de lancer la production d'une mini-série, Tout pour Agnès, avec l'idée de "s'attacher plutôt aux personnages et donc à la saga familiale", confie Judith Naudet-Baulieu à Première.
Pour autant, par question de partir dans la fiction pure et dure. Tout pour Agnès, diffusé à partir de ce soir sur France 2 (et disponible depuis décembre sur Paramount +), est un "true crime drama" qui respecte scrupuleusement la vérité historique. "On a surtout imaginé les décors dans lesquels se tiennent les scènes, les attitudes", explique la productrice, avant de préciser que peu de libertés ont été prises avec la réalité : "Le réalisateur Vincent Garenq et les scénaristes ont lu le dossier de fond en comble. Ils ont regardé le documentaire avec beaucoup d'attention. Vincent n'aime pas beaucoup inventer ce qui fonctionne très bien dans la réalité. Et c'est le cas ici. C'est une affaire déjà fondamentalement très romanesque. On n'a pas eu besoin de trop romancer. Par exemple, l'enquête était menée par deux policiers. Évidemment, ils n'avaient pas ces noms-là ni ces têtes-là. Tout ne s'est pas exactement déroulé comme ça. Mais les interrogatoires qu'on décrit dans la série sont relatés comme on les a lus dans le dossier d'instruction. Les preuves qui sont opposées à Maurice Agnelet sont celles-là. Il y avait déjà tout. Parce que c'est une affaire vraiment folle en vrai."
Au-delà de la narration, Judith Naudet-Baulieu nous avoue aussi qu'il y a "un principe de responsabilité vis-à-vis des familles. Renée Le Roux et Maurice Agnelet sont décédés ces dernières années. Par contre, les enfants vivent toujours et ont vécu toute leur vie avec cette affaire. Alors que ce soit pour les parties civiles ou la défense, il fallait faire un travail qui soit le moins fictionné possible. Romanesque ne veut pas dire inventé. On s'est attaché à raconter les choses telles qu'on les étudiées."
D'ailleurs, la productrice nous révèle avoir prévenu les proches de Renée Le Roux (décédée en 2016) et de Maurice Agnelet (décédé en 2021) "parce que, par rapport au documentaire, la fiction parle plus du combat d'une mère. Du coup, la série est certainement plus dure à voir pour la famille Agnelet, d'autant qu'un de ses fils pense toujours que son père était innocent".
Plus qu'une adaptation télé d'un célèbre fait divers, Tout pour Agnès est aussi une histoire de femmes. Le portrait de deux générations qui a touché, au départ, Judith Naudet-Baulieu : "J'ai voulu comprendre comment une mère et une fille qui s'adorent peuvent arrêter de se comprendre. Là, ça a donné un drame épouvantable. Mais à la base, Renée Le Roux était une femme de son temps tandis que sa fille Agnès était de la génération 1968. Dans les années 1970, elle avait envie de croquer la vie, elle avait plusieurs amants, et cette histoire, c'est aussi le choc de deux époques et de deux générations. Et je crois que Maurice Agnelet a vu dans le fait que les deux femmes ne se comprenaient plus qu'il y avait quelque chose à exploiter. Il a vu que le talon d'Achille de Renée Le Roux était sa fille."
Tout pour Agnès, en 4 épisodes, à voir les lundis 8 et 15 janvier 2024 sur France 2.
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