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Better Call Saul est arrivé au terme d'une première saison surprenante et son final doux-amer ne fait pas exception. Il en dit long sur son héros et la série qui prouve une bonne fois pour toute qu'elle est plus que le spin-off de Breaking Bad. Review (attention, spoilers sur le dernier épisode).

Review du final de la première saison de la série « Better Call Saul », « Marco » (spoilers dans la suite).Jimmy McGill a-t-il définitivement tiré un trait sur sa quête de respectabilité ? Les dernières images du season finale de Better Call Saul (diffusé sur AMC outre-Atlantique et disponible sur Netflix chez nous) en ont en tout cas la force de conviction. Des derniers instants d'autant plus efficaces que le final impose un recul quasi-total du cœur de l'action pour motiver la métamorphose de son héros. Doux-amer, l'épisode donne pourtant le coup de grâce. Réalisé et écrit par le co-créateur du spin-off, Peter Gould, qui boucle la boucle, « Marco » ramène dans les moindres détails visuels aux frustrations et aux déboires du personnage. Les pièces du puzzle s'harmonisent dès la séquence « flashback » d'ouverture. Jimmy y retrouve pour la dernière fois son complice d'escroqueries, avant de quitter Chicago pour Albuquerque et de suivre son frère Chuck chez HHM. Il vient de sortir de prison et confie à son ami son désir ardent de se racheter une conduite. « C'est l'heure de grandir » lâche le personnage en prélude au générique annonciateur du basculement à venir.Au présent, c'est un Jimmy désenchanté qui retourne précisément à cette vie à laquelle il avait tourné le dos. De retour à Chicago, il renoue avec son camarade de jeu de l'époque pour rattraper le temps perdu et se laisser aller à de nouvelles arnaques en souvenir du bon vieux temps. Anodins en apparence, ces instants sont pourtant ceux où l'anti-héros (parfaitement incarné par Bob Odenkirk tout le long de la saison) tombe le masque, existe pour ce qu'il est et fait ce en quoi il excelle. Une incartade déterminante pour sa prise de conscience finale. Dispensés avec le sens du récit qu'on connaissait déjà de Vince Gilligan, les éléments de l'intrigue s'alignent avec précision. Cette saison aurait aussi pu rester une agréable itération de la mécanique Breaking Bad, mais Better Call Saul réussit totalement à affirmer sa différence, non sans rappeler aux plus attentifs la raison d'exister de la série. Les dix épisodes de la saison n'optent par ailleurs quasiment jamais pour la même approche pour souligner les revers successifs qui donnent l'épaisseur de trait espérée au personnage. Avec « Marco », le parcours de Jimmy McGill franchit une nouvelle étape qui le rapproche de Saul Goodman. Pourtant, si l'avocat a fait une croix sur ses principes, il semble encore loin d'avoir tout dit. Une perspective plus que réjouissante pour la saison prochaine.J. BlanchetToute la saison de Better Call Saul est disponible sur Netflix.