Pacific Rim : tous les secrets du blockbuster dément de Guillermo Del Toro
Pacific Rim : tous les secrets du blockbuster dément de Guillermo Del Toro
D comme Dérive
L'une des plus belles idées du film est la technique employée pour piloter les jaegers. Les pilotes connectent leurs cerveaux au corps du robot : mais manipuler des milliers de tonnes de métal par la pensée se révélant trop difficile à supporter pour un seul esprit, il faut deux pilotes par engin. Nommée "dérive", la technique consiste à se connecter après un calibrage (le "neural handshake") puis partager ses souvenirs via un lien émotionnel fort (les fratries font d'excellents pilotes). Ce qui permet d'intéressantes conséquences scénaristiques : <em>"en gros, on permet à quelqu'un de pénétrer dans son cerveau, et vice-versa"</em>, explique Charlie Hunnam. <em>"Permettre à quelqu'un d'accéder à toutes les saloperies que tu essayais de renfermer... Alors quand deux personnes, blessées par la vie, se connectent alors qu'elles essayaient de garder toutes leurs erreurs au fond d'elles, le film raconte tout le cheminement pour s'ouvrir aux autres. C'est vraiment le coeur de l'histoire."</em>
R comme Rinko Kikuchi
L'un des personnages principaux de <em>Pacific Rim</em>, Mako Mori, est une héroïne, ce qui est déjà bien. En plus, elle est japonaise et est jouée par la très douée <strong>Rinko Kikuchi</strong> (nommée à l'Oscar du meilleur second rôle féminin en 2007 pour <em>Babel</em>) : elle se permet même de converser en nippon avec Idris Elba. Ce qui passe aujourd'hui pour une originalité ne le sera bientôt plus tellement : Hollywood va chercher de plus en plus des acteurs asiatiques pour attirer le public d'Extrême-Orient, potentiellement énorme mais qui préfère les productions locales. Les succès là-bas de Cloud Atlas (avec Doona Bae et Xun Zou) et de la version china-friendly d'Iron Man 3 (rallongé d'une scène avec des acteurs locaux) ouvrent la voie à des blockbusters aux castings de plus en plus internationaux. Espérons-le.
O comme organe
Après Cronos, Blade II, Hellboy et sa suite Les Légions d'or maudites, Pacific Rim marque donc la cinquième collaboration entre Del Toro et <strong>Ron Perlman</strong>. <em>"Notre relation va au-delà du côté professionnel"</em>, d'après Perlman, qui ne manque jamais d'évoquer la <em>"grande fraternité"</em> qui les unit. Le Mexicain en a profité pour lui tailler un rôle sur mesure dans <em>Pacific Rim</em>, celui d'un second rôle, certes, mais essentiel : Hannibal Chau, trafiquant d'organes de kaijus dont le labo se trouve au coeur de la "cité des os" (le reste de la cage thoracique d'un monstre) à Hong Kong. Avec ses santiags dorées, ses lunettes de soleil steampunk, son costard rouge, son couteau papillon plaqué or, Hannibal est délectable.
C comme Cruise (Tom)
"Au départ, j?avais pensé à <strong>Tom Cruise</strong> pour incarner le Marshal Pentecost, mais ça ne collait pas pour des questions d?emploi du temps et parce qu?au fond, il ne s?agit pas d?un film ?de stars?" se justifie Del Toro dans les colonnes de <em>Première</em>. <em>"Mais je trouverai une autre occasion de travailler avec lui car Tom est vraiment un acteur dément."</em>En effet, Cruise devait initialement tenir le rôle principal de l'adaptation avortée des <em>Montagnes hallucinées</em> d'H.P. Lovecraft (une expédition scientifique dans l'Antarctique découvre une cité extra-terrestre abandonnée), dont l'annulation poussa Del Toro à lancer <em>Pacific Rim</em>. Quant à Cruise, il partit tourner l'élégant film de SF post-apocalyptique Oblivion.
E comme Elba (Idris)
Donc, Del Toro voulait Tom Cruise pour jouer le rôle du Marshall Stacker Pentecost, big boss de la Pan Pacific Defence Corps -l'unité d'élite des jaegers luttant contre les kaijus. Mais à cause de l'emploi du temps chargé de la star, Cruise n'était pas disponible pour <em>Pacific Rim</em>. "Du coup, il a fallu qu?on trouve quelqu?un d?aussi charismatique. Et c?est là qu?est apparu <strong>Idris Elba</strong>", s'émerveille Del Toro. <em>"Je vous jure que les objets se mettent à bouger lorsqu?il entre dans une pièce. Il est littéralement magnétique. On dirait une sculpture de Rodin, il exerce le même pouvoir de fascination."</em> C'est surtout le premier grand rôle au cinéma pour l'acteur anglais, révélé par la série télé Sur écoute, puis vainqueur d'un Golden globe pour son autre série Luther, et jusqu'ici cantonné à des seconds rôles sur grand écran (super-concierge d'Asgard dans Thor, moine français alcoolo dans <em>Ghost Rider : L'Esprit de vengeance</em>). <em>"Guillermo adore les acteurs. Quand tu vois les répétition, tu réalises qu'on fait partie de cette grande BD qu'il a dans la tête"</em> raconte Elba en décrivant son expérience sur Pacific Rim. <em>"Il nous modèle à son idée, image par image, réplique par réplique... Il est très très didactique et il tourne en petites prises. C'est super, mais c'est une discipline."</em>
Les secrets de Pacific Rim
<strong>Apocalypse, robots géants, monstres marins, le remplacement de Tom Cruise, l'influence de Goya et Wagner... Découvrez les secrets du fantasme monstrueusement geek du réalisateur de <em>Hellboy</em>.</strong>Des robots géants affrontent des monstres gigantesques partis à l'assaut de notre planète à travers un portail dimensionnel. Avec un tel sujet, le nouveau film de <strong>Guillermo Del Toro</strong> pouvait-il être plus excitant ? Sans doute pas. Pourtant, avec son pitch quand même très geek, Pacific Rim peut paraître carrément obscur. On fait le point.<strong>Par Sylvestre Picard</strong>
F comme Final cut
Question qui se pose : est-ce que Del Toro a dû couper dans son film ? La durée du montage cinéma de <em>Pacific Rim</em> est de 1h50, mais le réalisateur nous promet déjà 30 minutes de scènes coupées sur le Blu-ray. Qu'on se rassure, aucune des scènes d'action n'a été supprimée: il s'agit de <em>"scènes qui n'ont pas coûté cher"</em>, de scènes de dialogues et d'explications scientifiques, car Del Toro ne voulait pas supprimer de scènes qui ont pris un temps fou à filmer. Ce qui est plutôt une bonne nouvelle, car cela signifie que la version cinéma de Pacific Rim contient tout ce qu'il faut de baston entre robots et monstres.
J comme Jaeger
Les véritables héros du film sont donc les jaegers ("chasseur" en allemand), des robots gigantesques ayant chacun leur look lié à leur nationalité, et leurs caractéristiques précises. Et qui ont chacun un nom de code incroyablement cool. Outre le jaeger des héros Gipsy Danger (USA), Crimson Typhoon (Chine) dont les trois bras garnis de scies circulaires sont contrôlés par des triplés, le très old school Cherno Alpha (Russie) au look de réacteur nucléaire sur jambes, Coyote Tango (Japon) qu'on ne voit guère, et Striker Eureka (Nouvelle-Zélande). Des colosses de métal hauts "comme vingt terrains de foot" (Del Toro dixit) et créés en numérique... A l'exception du pied de certains jaegers, reconstitués grandeaur nature et qui tenaient à peine dans les plus gros studios de tournage.
Z comme Z (série)
Pour finir, un bon signe pour <em>Pacific Rim</em> : le studio Asylum (leur récent ?Sharknado fait le buzz) a lancé à la flotte son mockbuster, <em>Atlantic Rim</em>, qui clone en DTV sans vergogne le film de Del Toro. Jugez plutôt : des robots géants pilotés par des militaires affrontent des créatures aquatiques. Réalisé par <strong>Jared Cohn</strong> (<em>12/12/12</em>, <em>Bikini Spring Break</em>) avec des acteurs atroces (le nom le plus connu au générique : <strong>Grahame Greene</strong>, abonné aux rôles de sage indien -<em>La Ligne verte</em>, <em>Twilight</em>...) et des SFX au méga-rabais. La bande-annonce est rigolote : c'est un tel copié-collé de <em>Pacific Rim</em> qu'on dirait un film suédé.
B comme Box-office
190 millions, publicité comprise : c'est le budget final de Pacific Rim. Miraculeusement, cette montagne de fric n'a pourtant pas fait ployer Del Toro. "Malgré l?importance du budget, je n?ai jamais bénéficié d?une telle liberté sur un projet. J?ai réalisé Pacific Rim avec la même latitude que sur L?Échine du diable (2002) ou Le Labyrinthe de Pan (2006). Et pour un blockbuster estival, c?est quand même un film de fou", reconnaît Del Toro, lui-même surpris par la latitude que Legendary Pictures lui a octroyé sur le projet. Résultat, les concurrents de Warner (qui distribue <em>Pacific Rim</em> via son deal avec Legendary) sont passés à l'attaque il y a quinze jours : malgré les réactions enthousiastes du public face aux trailers surexcitants, les premières estimations du week-end de démarrage du film aux USA étaient mauvaises et le film devait se faire bouffer tout cru par l'autre nouveauté, Copains pour toujours 2, la comédie beauf d'<strong>Adam Sandler</strong>. Trop geek, pas adapté d'une franchise existante, pitch pas évident, absence de star en tête d'affiche... Et les prédictions se sont révélées exactes : <strong>Adam Sandler a battu <em>Pacific Rim</em> ce week-end</strong>. Après, les critiques enthousiastes pourront aider le film à bénéficier d'un bouche à oreilles positif ; surtout, l'ambiance pro asiatique de <em>Pacific Rim</em> l'aidera à cartonner là-bas, comme cela s'est déroulé pour Cloud Atlas (four aux USA, succès en Asie).
S comme suites
Si le succès est au rendez-vous, Del Toro promet évidemment des suites. <em>"J?ai écrit une biographie pour chaque personnage qui apparaît dans le film"</em>, s'enflamme-t-il. <em>"On a une bible de plus de 100 pages avec des informations sur chaque membre de la station. De quoi nourrir plusieurs suites !"</em> Qui ne risquent pas de tomber dans le syndrome des sequels de <em>Godzilla</em> avec de nouveaux types de monstres : Del Toro et son scénariste Travis Beacham pourraient plutôt explorer l'univers qui se trouve dans la dimension où mène le portail du Pacifique, et où se trouvent les envahisseurs aliens. <em>"Je ne veux rien spoiler, mais je ne crois pas que nous allons répéter quoi que ce soit du premier film"</em>, tease le réalisateur. <em>Pacific Rim 2</em> pourrait donc s'embarquer dans l'espace infini...
U comme USA
Où sont passés les USA ? C'est une des questions qui se posent quand on voit <em>Pacific Rim</em>. Ok, le héros Raleigh est yankee, comme le jaeger Gipsy Danger, mais ça passe au second plan par rapport au casting multi-ethnique et à la topographie du film. Le Shatterdome - base de la Pan Pacific Defence Corps - se trouve dans la baie de Hong Kong, le lieu où se joue véritablement l'intrigue du film. Signe des temps : tout se passe du côté asiatique du Pacifique, et non sur la côte ouest des USA. Le mexicain Del Toro, qui a grandi de l'autre côté de la frontière, sait que l'avenir du cinoche se joue de l'autre côté du Pacifique.
K comme Kaiju
Les monstres gigantesques de Pacific Rim s'appellent des Kaijus. Le terme vient du japonais kaiju ("créature étrange") qui a donné kaiju-eiga : cela signifie "cinéma des monstres" et désigne par extension tous les films japonais sortis à la suite du séminal <em>Godzilla</em> (1954), le lézard gigantesque créé par les explosions nucléaires. En hommage au kaiju-eiga et à ses innombrables avatars (Gamera la tortue géante, Mothra le papillon, King Ghidorah le dragon à trois têtes...), les kaijus de Del Toro revêtent différentes formes : Knifehead et sa tête tranchante, le reptilien Leatherback armé d'une onde de choc psychique, Otachi capable de cracher de l'acide. Un bestiaire ludique (les monstres ont des "niveaux de puissance" allant jusqu'à 4) qui surgit donc d'un portail dimensionnel situé au fond de l'océan. <em>"Oubliez Godzilla, ça vous donnerait une idée fausse de l'échelle du film"</em>, rigole Idris Elba. <em>"On parle là de vrais gros enfoirés."</em>
M comme Montagnes hallucinées (Les)
C'est après avoir échoué à porter sur grand écran <em>Les Montagnes hallucinées</em> d'après le bref roman de H.P Lovecraft écrit en 1931 que Del Toro s'est attaqué à <em>Pacific Rim</em>. Difficile d'ailleurs de ne pas penser aux créatures abominables de Lovecraft en voyant les kaijus, ces créatures cyclopéennes sorties des océans (comme Cthulhu). En fait, non. <em>"Contrairement à ce que les gens peuvent penser, je n?ai pas greffé Les Montagnes hallucinées sur Pacific Rim, même s?il était tentant de transformer les monstres extraterrestres en terreurs ?lovecraftiennes? ? on en a même évoqué la possibilité"</em> explique Del Toro à Première. <em>"Mais j?ai refusé pour une raison simple : je voulais que les robots soient confrontés à d?authentiques Kaijus. J?aurais eu l?impression de trahir les deux univers si je les avais mélangés, la greffe n?aurait jamais pris. Et puis, à mon avis, la frustration est un très mauvais moteur artistique."</em>
W comme Wagnérien
C'est l'adjectif choisi par Del Toro pour résumer le premier combat qui ouvre le film : <em>"En créant Pacific Rim, je voulais donner une structure aux combats, comme les matchs de catch de mon enfance -donc chaque combat a sa propre esthétique et une dynamique différente",</em> déclare Del Toro au magazine Empire. <em>"Le premier combat est comme dans un opéra, très théâtral : wagnérien. Il se déroule dans une mer glaciale remplie d'icebergs, au beau milieu d'une tempête, avec des vagues énormes qui s'écrasent sur le jaeger et le kaiju."</em> En citant Wagner, Del Toro voudrait se faire l'apôtre d'un cinéma total, où le réalisateur est le maître d'oeuvre d'un spectacle d'action pure, qu'il ne dirait pas mieux. <em>"Je ne voulais pas que le film ressemble à un film d'action estival lambda"</em>, ambitionnait Del Toro en conférence de presse, en juin dernier. <em>"Ni qu'il ressemble à une pub pour bagnoles ou à une vidéo de recrutement pour l'armée. Je voulais que le film soit visuellement dingue. C'est pour ça que j'utilise le terme opéra." </em>
N comme Navarro (Guillermo)
Pacific Rim marque également la sixième collaboration entre Del Toro et son grand pote, le directeur de la photo Guillermo Navarro. <em>Cronos</em>, <em>L'Echine du diable,</em> les deux <em>Hellboy</em>, Le Labyrinthe de Pan, enfin ce <em>Pacific Rim</em> : Navarro a d'ailleurs remporté l'Oscar de la Meilleure photo en 2007 pour <em>Le Labyrinthe de Pa</em>n, et a depuis éclairé notamment les deux derniers Twilight. <em>"D?un point de vue thématique et visuel, Pacific Rim est du Del Toro pur jus"</em>, confirme le réalisateur, avec qui Navarro donne le meilleur de lui-même. <em>"On y retrouve le même look, les mêmes tonalités, les mêmes palettes de couleurs que dans Le Labyrinthe de Pan, par exemple."</em> Visuellement, <em>Pacific Rim</em> semble toutefois une étape : entre les plans immenses 100% truqués (Hong Kong en plan large) et l'échelle humaine (un abri souterrain) , la photo fantasmagorique de Navarro assure la transtition, et sa palette chaude et organique donne toujours une vitalité bluffante à l'imaginaire du réalisateur. Tels deux pilotes de jaegers, les deux Guillermo ont définitivement le neural handshake.
L comme Legendary Pictures
Thomas Tull, PDG de Legendary Pictures, est l'homme qui a donné la franchise Batman à <strong>Christopher Nolan</strong>, mais également le producteur de <em>300</em> et <em>Sucker Punch</em> de Zack Snyder. Et il a donné carte blanche à Del Toro pour faire son film comme il le voulait, malgré l'importance du budget (150 millions). Del Toro raconte leur première rencontre à <em>Première</em>. <em>"Je me souviens du premier rendez-vous que j?ai eu chez Legendary Pictures, la société qui a produit le film. Thomas Tull, le patron, est allé droit au but : ?Je ne veux pas d?un film de monstres. Je veux un film de Guillermo del Toro."</em> Le cinéaste a même décrit Tull (41 ans) comme un "nerd absolu", fan de ce genre de films. Ceci explique cela.
G comme Godzilla
Une double dédicace à la toute fin du générique de <em>Pacific Rim</em> : le film est dédié à la mémoire de <strong>Ray Harryhausen</strong> et d'<strong>Ichiro Honda</strong>. Ce dernier est connu pour avoir signé le tout premier film <em>Godzilla</em> en 1954, engendrant plus d'une vingtaine de suites, des copies innombrables, des produits dérivés par milliers -et popularisant le genre kaiju-eiga ou film de monstres-géants-qui-ravagent-des-cités-entières. Dont le dernier avatar en date fut Cloverfield de <strong>Matt Reeves</strong> (Godzilla en found footage). Et voilà <em>Pacific Rim</em>, en attendant le reboot officiel de Godzilla réalisé par <strong>Gareth Edwards</strong> (Monsters) prévu par Warner / Legendary (distributeur et producteur de <em>Pacific Rim</em>) pour l'été 2014 : le lézard radioactif soufflera alors ses soixante bougies.
V comme voix
A la diffusion du premier trailer de <em>Pacific Rim</em>, les gamers ont remarqué que la voix de l'ordinateur qui pilote les Jaegers est la même que celle de de GLaDOS, l'Intelligence artificielle cynique et criminelle du jeu vidéo Portal. Il s'agissait bien d'un clin d'oeil de Del Toro, qui a recruté la même comédienne - Ellen McLain - pour faire la voix des jaegers dans le métrage final, mais sans le ton vocoder de Portal. <em>"Je tenais beaucoup à l'avoir, car je suis un grand fan de Portal. Mais seulement en clin d'oeil"</em>, expliquait Del Toro au <em>Toronto Sun</em>. <em>"Le filtre vocal que nous utilisons dans le film est plus faible que celui de GLaDOS, contrairement au son de la bande-annonce."</em>
T comme titre
Pourquoi ce titre de <em>Pacific Rim</em>, au fait ? Le terme désigne en fait tous les pays côtiers de l'océan Pacifique. Histoire de souligner l'impression de gigantisme et l'échelle planétaire du projet, mais également d'évoquer la dimension géopolitique du film : face à la menace alien, les pays du Pacifique, de l'Océanie à l'Extrême-Orient en passant par les Etats-Unis, doivent faire front commun. On est loin d'un film où l'Amérique sauve le monde toute seule.
A comme Apocalypse
Tout commence par l'imminence de la fin du monde, comme souvent chez Del Toro (<em>Blade II</em> et la fin du règne vampirique, <em>Hellboy</em> et l'armageddon...). Des montres colossaux, gros comme des immeubles, surgissent d'un portail situé au fond de l'océan : en quelques années, l'humanité est à genoux et seuls les pilotes de jaegers (les robots géants) semblent pouvoir empêcher la Terre de sombrer. Pourtant, au début du film, les Nations unies décident de couper les vivres du très coûteux programme jaeger et de construire un mur autour du portail. La dernière mission des jaegers : tenter de fermer le portail une bonne fois pour toutes. <em>"Cette histoire d'apocalypse détourne pas mal l'attention de toute la tension psychiologique qui règne entre les personnages"</em>, analyse <strong>Charlie Hunnam</strong>, qui joue l'un des héros, le pilote casse-cou Raleigh Beckett. <em>"Pourtant, Pacific Rim est bel et bien l'histoire de personnages qui se remettent à s'ouvrir au monde, à ouvrir leurs coeurs, à faire confiance à l'autre. C'est une histoire d'amour sans histoire d'amour."</em> L'ambition est là : un blockbuster apocalyptique OK, mais avec du coeur et une âme.
H comme Harryhausen (Ray)
Le film est donc dédié à la mémoire du papa de <em>Godzilla</em> <strong>Ishiro Honda</strong>, mais également à celle de <strong>Ray Harryhausen</strong>. Décédé le 7 mai dernier, Harryhausen, maître du stop motion, a signé nombre de créatures inoubliables. Il avait notamment conçu les SFX du Monstre des temps perdus (<em>Beast from 20,000 Fathoms</em>) en 1953, soit un an avant le Godzilla venu du Japon sur un sujet similaire. Harryhausen est l'un des maîtres à penser de Del Toro, en matière de monster design (Jason et les Argonautes, Le Septième voyage de Sinbad...) : donner de la personnalité et du gigantisme aux créatures qui peuplent ses films. Réunir Honda et Harryhausen dans la même dédicace est un beau symbole.
I comme Industrial Light and Magic
C'est ILM qui a créé les effets visuels de Pacific Rim, sous la supervision de John Knoll (qui a également assuré la conversion en relief des effets ainsi créés). L'un des piliers d'Industrial Light and Magic a un CV en béton armé : il a travaillé sur les effets visuels des films des plus grands, de <strong>John McTiernan</strong> à <strong>James Cameron</strong> en passant par <strong>George Lucas</strong>. A la poursuite d'Octobre rouge, Abyss, Willow, les trois premiers Pirates des Caraïbes, la nouvelle trilogie <em>Star Wars</em>, Avatar, Super 8... C'est également lui a qui chapeauté la mise à niveau des SFX de la réédition de <em>La Guerre des étoiles</em> en 1997. La réussite visuelle de <em>Pacific Rim</em> ne doit donc rien au hasard, et s'inscrit d'emblée dans l'histoire des grandes claques du studio ILM.
P comme peinture
Outre les références évidentes à Godzilla et la japanimation (Evangelion), Del Toro a surtout puisé dans le pictural. <em>"Mes autres influences sont à aller chercher du côté de l?art plastique plutôt que du cinéma. Je me suis par exemple inspiré de George Bellows, un peintre américain célèbre pour ses scènes de rues et ses visions sociales et politiques"</em>, détaille Del Toro, <em>"de Goya et de son Colosse [NDLR : il y a un doute sur la paternité du tableau] pour l?étrangeté et le sens des proportions..."</em> Même source d'inspiration pour le personnage le plus discret du film, et pourtant le plus présent -jusqu'au titre du film qui porte son nom : l'océan Pacifique. <em>"Pour donner une vraie personnalité aux vagues ? on a passé tellement de temps sous l?eau qu?elles sont quasiment devenues un personnage à part entière ? j?ai beaucoup étudié les toiles de Hokusai"</em> raconte le réalisateur.
Apocalypse, robots géants, monstres marins, le remplacement de Tom Cruise, l'influence de Goya et Wagner... Découvrez les secrets du fantasme monstrueusement geek du réalisateur de Hellboy.Des robots géants affrontent des monstres gigantesques partis à l'assaut de notre planète à travers un portail dimensionnel. Avec un tel sujet, le nouveau film de Guillermo Del Toro pouvait-il être plus excitant ? Sans doute pas. Pourtant, avec son pitch quand même très geek, Pacific Rim peut paraître carrément obscur. On fait le point.Par Sylvestre Picard
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