Les cinémas sont aussi touchés par la crise énergétique : moins de clim', de chauffage et de séances à l'avenir ?
Abaca

"Le cinéma est un art de lumière, et donc un gros consommateur d'électricité."

La semaine dernière, la Fédération nationale des cinémas français (FNCF) a profité du congrès des exploitants organisé à Deauville pour faire le point sur la crise énergétique qui touche actuellement l'Europe. Elle pourrait impacter le fonctionnement des salles de cinéma dès cet hiver, et c'est pour cette raison qu'une discussion a été engagée, pour trouver des solutions afin de réduire la consommation tout en pouvant continuer à projeter des films sur grand écran. Le communiqué explique ainsi : "Face à la crise de l’énergie qui frappe l’Europe, les cinémas s’engagent à réduire dès à présent leur consommation d’énergie en mettant en place des mesures simples et pratiques permettant de faire des économies immédiates d’électricité et de gaz tout en continuant à accueillir les spectateurs dans les meilleures conditions. (...)  Le cinéma est un art de lumière, et donc un gros consommateur d'électricité. L'énergie pour faire tourner une salle dépasse largement les 3 % du chiffre d'affaires, et les 10 % dans les cinémas les plus anciens."

Le but de cette discussion était d'établir une "charte de tous les cinémas pour une réduction immédiate de la consommation d’énergie", respectant ainsi le plan de sobriété énergétique mis en place par le gouvernement. Voici quelques propositions qui ont été faites : diminuer l'éclairage des cinémas, couper leurs enseignes quand les salles sont fermées, limiter l'utilisation de la climatisation en été, et du chauffage en hiver (une limite de 19° a été proposée), mais aussi modifier les horaires des séances en fonction de la présence du public, voire en annuler s'il y a trop peu de spectateurs. "Tout ce que nous entreprenons pour reconquérir le public n'a aucun intérêt si nous payons des factures monumentales, a exprimé l'exploitante et distributrice Sophie Dulac, relayée par Le Film Français. Il est nécessaire de repenser fondamentalement le fonctionnement de l'exploitation en France : aujourd'hui, une séance de cinéma pour deux ou trois personnes est une catastrophe sur le plan énergétique." François Aymé, président de l'Afcae, rappelle que le nombre de séances est passé de 6 à 8,6 millions entre 2010 et 2019 :  "Nous nous sommes emballés sur l'offre quantitative au cours des dernières années. Dans le cadre d'une crise énergétique, ce rythme ne semble pas tenable."

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Pour rendre le cinéma moins énergivore, il faudrait aussi investir dans de nouveaux équipements, et pour cela, des aides seront certainement nécessaires pour une partie des exploitants. De la part de l'Etat ? Des régions ? Du CNC ? Dominique Boutonnat, à la tête du Centre National du Cinéma, était présent à la réunion, et la question lui a été ouvertement posée. "[Baisser la consommation], cela passe par de nouveaux aménagements, de l'isolation à la projection laser, avance Marie-Christine Désandré, vice-présidente de la FNCF. Nous pouvons le faire mais nous ne sommes pas en capacité de les financer." Richard Patry, à la tête de la fédération, ajoute : "Il faut veiller à ce que ces aides soient adaptées à notre secteur. Au regard de leur consommation d'énergie, les PME du cinéma ne rentrent pas dans le dispositif du bouclier tarifaire. Nous aurons besoin du soutien du CNC auprès de Bercy pour ne pas exclure ces salles."

Ces discussions devraient se poursuivre dans les semaines à venir. Le 4 octobre, c'est un autre sujet important du cinéma qui sera renégocié : la chronologie des médias. Une question qui a beaucoup fait parler lors du congrès et qui est loin d'être réglée.

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