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Jean-Philippe BALTEL / © Jean-Philippe BALTEL / SPADE / © Jean-Philippe BALTEL / SPADE / AGAT FILMS ET CIE

Découverte en 2019 dans Just kids, elle impressionne dans le rôle complexe d’une jeune femme qui bascule dans l’idéologie fasciste devant la caméra de Jimmy Laporal- Trésor. Retour avec elle sur son parcours

Comment est née votre envie de faire du cinéma ?

Angelina Woreth : Je me sentais très mal à l’école, j’ai changé de lycée quatre fois en seconde, j’avais du mal à me faire de copains. Et à un moment,  mon père Eric ( qui est réalisateur et m’a fait aimer le cinéma) a compris que j’étais dans une impasse, malheureuse comme une pierre. Lui- même autodidacte et ayant réussi à faire son métier sans avoir son bac en se cultivant par lui- même, il m’a proposé de quitter le lycée mais à condition évidemment que je fasse quelque chose de mes journées. C’est là que j’ai eu envie d’intégrer tout à la fois une école de théâtre et un cursus pour apprendre à faire de la céramique. J’avais 17 ans et aujourd’hui je fais toujours les deux !

Ces cours de théâtre vous ont plu ?

Oui et non. En fait, je ne me suis pas sentie à l’aise. J’ai eu du mal à jouer devant un public. J’en ai donc enchaîné deux sans être particulièrement épanouie donc mais c’est pendant cette formation que j’ai rencontré celui qui est devenu mon agent, Gonzalve Leclerc, grâce à qui j’ai passé mes premiers castings. J’ai ainsi décroché mon premier rôle dans Jessica forever de Caroline Poggi et Jonathan Vinel. J’avais quelques jours de tournage et là j’ai adoré ! J’ai adoré jouer et l’ambiance du plateau, même si j’étais déjà familière de celle- ci pour avoir souvent accompagné son père sur ses tournages de séries. Ca a en tout cas été le déclic. Et l’année suivante, en 2019 j’ai eu la chance de décrocher mon premier rôle important dans Just kids de Christophe Blanc

Dans Les Rascals, vous franchissez encore un nouveau palier en incarnant la sœur d’une skinhead qui va se radicaliser après que son frère a été passé à tabac et basculer dans une idéologie fasciste. Votre interprétation est absolument impressionnante. C’est par casting que vous vous retrouvez sur ce premier long métrage de Jimmy Laporal- Trésor ?

Oui, on était au début du COVID. J’étais dans le tout premier studio que je louais. Le casting a eu lieu par Zoom, ce qui rajoute de la difficulté à se concentrer. Et honnêtement, une fois l’audition terminée, je passe vraiment à autre chose car je ne pense pas qu’ils vont me rappeler. Et puis, j’ai un call back. Je suis d’autant plus heureuse en y allant qu’entre temps j’ai reçu le scénario que j’ai adoré. Le rôle est très dur mais passionnant en termes de jeu. Il se trouve qu’en casting comme sur un plateau, quand on me parle, j’ai tendance à regarder droit devant moi, souvent le sol, même si j’écoute tout ce qu’on me dit. C’est ma manière de me concentrer. Je décroche le rôle mais quelque temps après Jimmy m’a avoué qu’il avait d’abord déduit de mon attitude, du fait que je ne le regardais pas dans les yeux, que je me foutais un peu du rôle et de ce qu’il me disait et que c’est ma manière de jouer qui a renversé la donne !

Que connaissiez-vous des années 80 dans lesquelles se déroule l’action ?

Je n’étais pas très familière de cette époque, ni de la manière dont les jeunes s’exprimaient dans ces années- là. Jimmy nous a familiarisé avec tout cela en nous faisant des compilations de vidéos Youtube d’archives de l’INA, d’interviews d’hommes politiques, de documentaires sur le GUD et des playlists musicales.

Comment avez- vous créé votre interprétation où sous une apparence angélique, votre personnage va se révéler d’une violence insoutenable ?

J’ai travaillé avec une coach, dès le début de la préparation, pour bosser tout particulièrement sur la trajectoire du personnage qui est très précise, afin de ne pas se perdre pendant le tournage qui n’allait pas bien évidemment se dérouler de manière chronologique. Pour cela, on a travaillé sur des moments clés de son évolution. J’avais des tonnes de notes auxquelles je me suis référé tout au long de l’aventure. C’est passionnant de se challenger avec un rôle aux antipodes de qui vous êtes, même si Jimmy a su y glisser des nuances voire de l’humanité, ce qui peut mettre le spectateur mal à l’aise face à elle car il peut se surprendre à être parfois presqu’en empathie alors qu’on a évidemment envie de la haïr.

Quelle était votre plus grande peur ?

Comme on ne m’avait pas beaucoup vu jouer et qu’il s’agissait de mon premier rôle principal, j’avais peur qu’on m’associe à une image de skin, qu’on m’enferme dans une case, qu’on oublie que je ne fais que jouer une partition. Alors que je n’avais pas vraiment d’inquiétude par rapport au jeu en lui- même.

Où vous retrouvera t’on dans les prochaines semaines ?

Je serai le 1er février à l’affiche d’Un petit frère de Léonor Serraille. J’ai la chance de vivre un beau début d’année