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Le top 10 des meilleurs films de 2014

10 - Her

De <strong>Spike Jonze</strong> avec <strong>Joaquin Phoenix</strong>, <strong>Scarlett Johansson</strong>, <strong>Amy Adams</strong>, <strong>Rooney Mara</strong><strong>L'avis de Première :</strong>En 1964, l?écrivain <strong>Isaac Asimov</strong> avait prédit ce qui nous arriverait cinquante ans plus tard, arguant que l?ennui serait le mal du siècle. <strong>Spike Jonze</strong> lui donne génialement raison à travers cette romance virtuelle traitée à la manière de la Sofia Coppola de <em>Lost in Translation</em>, Jonze partageant avec la réalisatrice cette même capacité à remplir le vide tout en laissant des blancs. (?) Pourquoi aime-t-on instantanément ce héros et donc ce film ? Peut-être parce que personne ne joue mieux la cristallisation amoureuse que <strong>Joaquin Phoenix</strong>. (?) Aussi, devant cette merveille, de battre notre coeur ne pouvait plus s?arrêter.  

9 - American Bluff

De <strong>David O. Russell</strong> avec <strong>Christian Bale</strong>, <strong>Amy Adams</strong>, <strong>Jennifer Lawrence</strong>, <strong>Bradley Cooper</strong><strong>L'avis de Première :</strong>Ça a l?air idiot dit comme ça mais, de la même manière que <em>Happiness Therapy</em> était un plaidoyer pour les happy ends au cinéma, <em>American Bluff</em> s?empare de thématiques a priori atrocement fleur bleue pour démontrer qu?elles ne sont pas condamnées à tapisser des romcoms lénifiantes mais qu?elles peuvent aussi fournir la matière d?un cinéma clinquant, roublard, exubérant et incroyablement sexy. Comme un film d?arnaques dont on aurait ravalé la façade pour le transformer en étude de caractères pétaradante. Bluffant ? C?est le mot, oui. 

8 - 12 Years a Slave

De <strong>Steve McQueen</strong> avec <strong>Chiwetel Ejiofor</strong>, <strong>Michael Fassbender</strong>, <strong>Lupita Nyong</strong>?o, <strong>Benedict Cumberbatch</strong><strong>L'avis de Première :</strong>Disons-le tout net : l?expérience est traumatisante. Spécialiste des sujets dérangeants (le radicalisme politique dans <em>Hunger</em>, l?addiction au sexe dans <em>Shame</em>) qu?il met en scène sans filtre et avec une volonté forte de démystification, <strong>Steve McQueen</strong> a appliqué le même traitement à cette sinistre aventure, aussi intime que collective. (?) Cousin américain de <em>Vénus noire</em> par son objectivité relative, sa factualité froide et son profond désir de résilience, <em>12 Years a Slave</em> regarde le passé droit dans les yeux et les lui fait baisser  

7 - Dragons 2

De <strong>Dean DeBlois</strong>, avec les voix de <strong>Jay Baruchel</strong>, <strong>Cate Blanchett</strong>, <strong>Gerard Butler</strong>, <strong>Jonah Hill</strong><strong>L'avis de Première :</strong>En termes d?émotion et de spectacle, dès les premières minutes, <em>Dragons 2</em> s?annonce comme une pure merveille. Avec une évidente suprématie visuelle, puisque l?on passe d?embardées miyazakiennes (l?apparition de la mère qui sort des nuages, moment extraordinaire) à l?épopée viking digne d?un <strong>Richard Fleischer</strong> ou à des séquences d?humour faramineuses... Prenant pour prétexte les retrouvailles entre Harold et sa génitrice, absente depuis vingt ans, cet opus révèle une aptitude folle pour l?aventure. Idéalement rythmé et écrit, il embrasse à chaque plan le gigantisme visuel d?un monde où se croisent léviathans, dragons et guerriers furieux. Mais, comme si cela n?était pas déjà suffisant, la prouesse de DeBlois est ailleurs, dans son aptitude à insuffler un mélo freudien au coeur de cet univers sauvage. <em>Dragons 2</em>, c?est un peu Hamlet caché sous <em>Le 13e Guerrier</em>. Un rêve de cinéma grand public, généreux, pudique et émouvant, qui s?attaque à des thèmes comme l?héritage, le passage à l?âge adulte et la transmission. 

6 - Samba

D?<strong>Eric Toledano</strong> et <strong>Olivier Nakache</strong> avec <strong>Omar Sy</strong>, <strong>Charlotte Gainsbourg</strong>, <strong>Tahar Rahim</strong><strong>L'avis de Première :</strong>Vouloir décrire le quotidien d?un sans-papiers à Paris, entre galères matérielles et trouille permanente, tout en racontant sa rencontre amoureuse avec une cadre sup épuisée par le système, témoigne d?une exigence que le film, en deux heures d?une remarquable densité, met en ?uvre sans flancher. Alors qu?<em>Intouchables</em> était encore engoncé dans les codes du buddy movie, <em>Samba</em> assemble ceux de la comédie romantique hollywoodienne et du réalisme sociologique, en n'oubliant pas la fausse légèreté de la comédie italienne (l?amitié façon pieds nickelés de Samba et de Wilson, son compagnon d?infortune). C?est la synthèse réussie entre <em>La Faute à Voltaire</em>, <em>Nous nous sommes tant aimés</em> et un film de <strong>Nora Ephron</strong>.  

5 - Noé

De <strong>Darren Aronofsky</strong> avec <strong>Russell Crowe</strong>, <strong>Jennifer Connelly</strong>, <strong>Douglas Booth</strong>, <strong>Logan Lerman</strong><strong>L'avis de Première :</strong>Après en avoir rêvé pendant quinze ans, <strong>Darren Aronofsky</strong> a fini par réaliser son projet de raconter l?histoire, étrangement inédite au cinéma, de Noé. Même s?il est très fidèle à la Bible, sa vision s?avère à la fois audacieuse et iconoclaste, intemporelle et indépendante. Le plus surprenant, c?est l?habileté avec laquelle il évite le formatage tout en utilisant à fond les moyens du blockbuster, y compris la licence artistique de mettre en scène des géants assez peu bibliques. Les groupes religieux de tous poils en ont profité pour rappeler qu?ils sont les seuls détenteurs de la vérité et qu?il faut donc se méfier de ce film qui invite à réfléchir et à penser librement.  

4 - Mommy

De <strong>Xavier Dolan</strong> avec <strong>Anne Dorval</strong>, Suzanne Clément, <strong>Antoine-Olivier Pilon</strong><strong>L'avis de Première :</strong><strong>Xavier Dolan</strong> a bel et bien réalisé un film monumental qui fait écho à son modeste premier long (<em>J?ai tué ma mère</em>, 2009). Affranchi des poses, mû par une véritable générosité, le cinéaste fait se croiser les destins de trois personnages brisés qui, en dépit de leurs différences, partagent un même malaise. Ensemble, ils se (dé)battent, tombent, s?aiment. Toute la force de <em>Mommy</em> réside dans le regard empathique que Dolan porte sur ses protagonistes, comme en témoigne cette scène d?anthologie au cours de laquelle Steve élargit littéralement le cadre pour s?en extraire. Le réalisateur offre ainsi à ses trois formidables comédiens l?occasion d?exceller dans des séquences d?une intense musicalité et d?une grande acuité psychologique. S?il fallait citer une référence pour évoquer une telle richesse, une telle maturité, ce serait non pas un film mais une série comme <em>Six Feet Under</em>, qui parlait de la mort pour mieux célébrer la vie et qui, dans son épilogue sublime, nous terrassait totalement.  

3 - Gone Girl

De <strong>David Fincher</strong> avec <strong>Ben Affleck</strong>, Rosamund Pike, <strong>Neil Patrick Harris</strong>, <strong>Tyler Perry</strong><strong>L'avis de Première :</strong><em>Gone Girl</em> est peut-être le meilleur film de Fincher depuis <em>Fight Club</em>. En tout cas, le cinéaste y remet les pendules à l?heure, retrouve ses marques et fait ce qu?il fait le mieux : un thriller d?une modernité incisive, d?une noirceur vertigineuse, et qui s?attaque aux institutions (en l?occurrence le mariage) avec une agressivité définitivement sale. Incidemment, c?est peut-être aussi la satire la plus décapante de la société américaine de ce premier quart de siècle.  

2 - Saint Laurent

De <strong>Bertrand Bonello</strong> avec <strong>Gaspard Ulliel</strong>, <strong>Jérémie Rénier</strong>, <strong>Louis Garrel</strong>, <strong>Léa Seydoux</strong><strong>L'avis de Première :</strong>Dans ce théâtre paré d?étoffes somptueusement assemblées (Bonello filme extrêmement bien les robes) où se rejouent des impressions tantôt vivaces, tantôt spectrales, la grande idée du film est de superposer deux Saint Laurent. Le jeune, incarné par <strong>Gaspard Ulliel</strong>, dont l?antiperformance est à la hauteur des subtilités de cet antibiopic. Puis, quand on bascule dans la stase mémorielle, le couturier malade et fatigué prend les traits épaissis du mythique interprète viscontien <strong>Helmut Berger</strong>. De la beauté, que restera-t-il ? Le souvenir d?un goût sur la langue ? L??uvre de ceux qui la prendront pour modèle ? Des initiales sur un vulgaire sac en cuir ? Cherchant l?éternel dans l?éphémère, la grandeur dans la frivolité, Saint Laurent parvient à capter l?esprit d?une époque et de la mode en général, qui passe mais se sédimente. 

1 - Le Vent se lève

De Hayao Miyazaki<strong>L'avis de Première :</strong>Alors qu?une dimension tragique se dessine en filigrane à l?évocation de la vie sentimentale du héros, le thème principal du film pourrait se résumer à l?homme face à son destin et à ses obligations. Ici, l?ingénieur se doit de concevoir le meilleur avion possible, quel qu?en soit le prix. Il n?est pas difficile d?imaginer les points communs existant entre le réalisateur et ce créateur si particulier. Hayao Miyazaki a également trouvé dans cette histoire un souffle romanesque inédit qui lui a permis de composer quelques-unes de ses plus belles séquences, notamment lorsqu?il représente le vent, à l?origine de la rencontre entre Jiro et celle qui deviendra sa femme. Si, comme il l?a annoncé, le maître ne réalise plus de longs métrages, il a fini là en beauté. 

L'heure du bilan a sonné. Pour inaugurer un mois de tops, best-of et flops de l'année, voici le top 10 des meilleurs films de 2014 selon la rédaction de Première. Le grand gagnant : Le Vent se lève, la sublime révérence du maître de l'animation japonaise Hayao Miyazaki et pour refermer le top, Her, la rêverie techno-sentimentale de Spike Jonze.Retrouvez aussi le top des lecteurs, les tops des journalistes de la rédac et notre bilan de l'année dans le prochain numéro de Première, dès mercredi dans les kiosques.