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Richard Percy Jones, dit Dickie ou Dick Jones, est mort lundi 7 juillet dernier à l'âge de 87 ans à Northridge (Californie). Son nom ne vous dit sans doute rien. Né au Texas en 1927, il saute sur un cheval dès son plus jeune âge et devient cow-boy de rodéo à six ans, et commence parallèlement une carrière d'acteur : on le voit notamment dans la fameuse série de courts-métrages Les Petites canailles d'Hal Roach. Il apparaît en 1939 dans Femme ou démon avec Marlène Dietrich et Mr. Smith au Sénat de Frank Capra aux côtés de James Stewart -mais tout cela n'est rien par rapport au rôle qui le fait passer dans la légende : à 13 ans, il est engagé -à seulement 11 ans, alors que des adultes avaient été envisagés- pour assurer avec une fraîcheur et une innocence toute juvénile la voix du héros dans Pinocchio, le fameux deuxième long-métrage d'animation des studios Disney. Qui espéraient rééditer le succès de Blanche-Neige et les Sept nains (1937), mais Pinocchio fut une déception au box-office notamment à cause de la Seconde guerre mondiale qui empêcha le film d'être distribué en Europe. Sorti la même année, Fantasia fut aussi un flop et Disney ne se rattrapa qu'avec Dumbo, l'éléphant volant en 1941 (au fait : Disney prépare une version live de Dumbo, si vous n'étiez pas au courant).Les dessinateurs et animateurs du studio se serait aussi également servi des mouvements de Jones (la performance capture de l'époque !) et même de la forme de son nez pour créer complètement leur Pinocchio, au sein d'une production de 18 mois -une durée énorme pour l'époque. Début 1945, Jones sert quelques mois en Alaska dans l'armée américaine. Il continue sa carrière d'acteur et de chanteur, et apparaît surtout dans des séries télé western. Il obtient la sienne en 1955 : Buffalo Bill Jr. Il croise la route de Johnny Cash dans le téléfilm The Night Rider, et joue son dernier rôle en 1965 dans Le Glas du hors-la-loi (Requiem for a Gunfighter), "western mineur mais insolite" (Alain Paucard, Guide des films). Il prend alors sa retraite du show business, et se consacre à sa famille et à la finance. Mais Disney n'oublia pas son Pinocchio. En 2000, Jones est admis au sein des Légendes Disney, qui distingue chaque année les artistes qui ont contribué à la geste du studio. En 2009, pour fêter le lancement du Blu-Ray de Pinocchio, Jones plaisantait en disant qu'il n'avait vu qu'une fois le film "le mois dernier", et critiquait les films d'animation d'aujourd'hui pour être "plats", "sans aucune vie". A la différence évidemment de son Pinocchio, son heure de gloire, qui a su s'emparer des mouvements d'un petit cow-boy de onze ans pour donner vie à un simple morceau de bois.