Harry Potter VS Twilight : le match
Anglais contre américains
<em>Harry Potter</em> : Dès sa sortie, <em>Harry Potter</em> a séduit par le charme désuet de son monde de sorciers. Jouant à fond la carte du cliché british, <em>HP</em> assume totalement son ambiance tasse de thé et campagne anglaise. La jeune génération d?écoliers rêve d?uniforme et de souliers vernis.<em>Twilight</em> : Dans un contexte très contemporain. <em>Twilight</em> c?est le fin fond des USA, un aller direct chez les red-necks. Mais le lycée où échoue Bella n?a rien du high school de série télé avec ses pom pom girls hystériques, ses gothics qui sèchent la gym ou les nerds du club d?échec. L?histoire a beau être extraordinaire le décor n?en n?est pas moins banal. Attention on a quand même droit à de beaux paysages de forêt.<strong>Verdict</strong> : Rien ne vaut le charme UK. Surtout quand il est renforcé par la présence de figures de proue du ciné BBC comme <strong>Maggie Smith</strong> ou <strong>Alan Rickman</strong>.
Les geeks
<em>Harry Potter </em>: Complète, cohérente et fourmillant de détails, la saga <em>HP </em>a de quoi ravir le geek qui recherche avant tout un univers dans lequel il peut s?immerger totalement. Véritable paradis du cosplayer, <em>Harry Potter </em>donne lieu à des phénomènes de masse et des conventions pas loin d?égaler celles des fondus de <em>Star Wars</em>. Les parodies se comptent par milliers...<em>Twilight </em>: Difficile de parler de geek pour <em>Twilight</em>. Terriblement romantiques, ce sont les fans girls qui affluent en masse, séduites par le charisme d?Edward. La nature de ces fans n?est pas tant collectionneuse mais plutôt compulsive de l?internet. <strong>Verdict</strong> : <em>Harry Potter</em> s?est taillé une place de choix dans l?imaginaire collectif. <em>Twilight</em> n'a pas encore cette épaisseur pop culturel...
Les chiffres
<em>Harry Potter </em>: Le premier volet de la saga, <em>Harry Potter et la pierre philosophale</em>, aura rapporté 976 475 550 dollars à la Warner. Une somme à la hauteur de la <em>Potter</em> mania qui aura rapporté en tout 4 milliards de dollars sur l?ensemble des films déjà sortis.<em>Twilight</em> : 324 731 103 dollars soit moins de la moitié de la recette du sorcier à lunettes. Normal me direz-vous pour une saga plus récente. Plus récente mais surtout moins fournie car un cinquième tome aurait dû être publié. Cet ultime opus qui ne verra jamais le jour suite à des fuites du manuscrit sur Internet devait reprendre l?histoire du premier volume mais du point de vue d?Edward.<strong>Verdict </strong>: Moins dense, <em>Twilight</em> ne se prête pas aussi bien qu?<em>Harry Potter</em> au jeu de la course au bénéfice. En dix ans, <em>Harry Potter</em> a harponné ses lecteurs dès le plus jeune âge pour évoluer avec eux. La machine mise en route a déjà surpassé les franchises <em>James Bond</em> et <em>Star Wars</em>, un record que <em>Twilight</em> serait bien en peine de suivre.
L'histoire
<em>Harry Potter</em> : <strong>J.K. Rowling</strong> créé un monde féérique autour d?un petit orphelin propulsé sorcier le jour de ses onze ans. Confronté à des épreuves toujours plus violentes au fil des tomes <em>Harry Potter</em> affronte sa némésis Voldemort, le meurtrier de ses parents.<em>Twilight</em> : Sa formule assez inattendue dans l?univers des vampires met en scène l?amour impossible d?une jeune mortelle éprise d?un beau vampire de 107 ans. Ici, le fantastique pimente la romance plutôt que l?inverse.<strong>Verdict</strong> : Dans le petit monde de <em>Potter</em>, tout est rendu possible par la magie. Alors que l?univers de <em>Twilight</em>, profondément ancré dans le monde réel, dose avec parcimonie le surnaturel et fait rêver à un monde où l?on ne peut jamais être sûr de la véritable identité de son voisin. Si Harry Potter fidèle en amour et en amitié est digne des héros épiques, son personnage reste très manichéen par rapport à la personnalité plus mature et aboutie des héros de <em>Twilight</em>.
Les réalisateurs
<em>Harry Potter</em> : En cinq films et presque autant de réalisateurs, <em>Harry Potter</em> aura vu son style changer considérablement mais toujours avec une certaine logique. Les deux premiers tomes sont adaptés par <strong>Chris Columbus</strong>, scénariste des <em>Goonies</em> et spécialiste du film pour enfants. Quand <strong>Alfonso Cuaron</strong> reprend les rênes, le réalisateur mexicain s?attaque directement aux monstres, aux histoires de trahisons et dirige la saga vers sa vraie nature fantastique. En embauchant <strong>Mike Newell</strong><strong>,</strong> les studios changent de tactique et misent sur un film plus mélo à tendance romantique. Les enfants ne sont plus la cible privilégiée mais les ados qui ont grandi avec la saga. Quant à <strong>David Yates</strong>, réalisateur issu d?un univers télé assez sombre, le choix de lui confier la clôture de la saga révèle une volonté de verser résolument dans le dramatique.<em>Twilight </em>: Entre les <em>Seigneurs de Dogtown</em> ou encore <em>Thirteen</em>, on peut dire que <strong>Catherine Hardwicke</strong><strong> </strong>est passée maîtresse dans l?art de capter avec justesse la marginalisation de la jeunesse. Un choix judicieux qui aura suffit à sauver <em>Twilight</em> du destin gnangnan qui le guettait. Chargé de la suite, <strong>Chris</strong> '<em>American Pie</em>' <strong>Weitz</strong> s?est fait connaître par la comédie ado graveleuse et a récemment signé l?adaptation de la <em>Croisée des Mondes</em>. Une juste balance entre le film de teen et la grosse machine fantastique qui pourrait sortir <em>Twilight</em> de son communautarisme goth lolitas.<strong>Verdict </strong>: Alors que la première franchise touche à sa fin, la seconde est encore à l?aube de sa vie cinématographique.
Le merchandising
<em>Harry Potter</em> : Visuellement plus riche, l?univers de Poudlard réjouit les fans de cosplay. Outre les fans hardcore qui viennent voir les films en cape et chapeaux pointus, les amateurs du sorcier binoclard sont gavés de produits dérivés en tous genres : de la papeterie traditionnelle aux objets les plus insolites puisque tous les accessoires visibles à l?écran sont disponibles à la vente. On peut même trouver des poignées de portes frappées aux armes de Serpentard, trop la classe.<em>Twilight </em>: Phénomène plus récent, <em>Twilight </em>n?a pas encore eu le temps d?épuiser la folie collectionneuse de ses fans et se contente des agendas et classeurs pour permettre aux fans girls de rêver même en cours de maths. <strong>Verdict </strong>: Les goodies venant principalement des décors, <em>Harry Potter</em> l?emporte haut la main avec la somme rondelette de 6,5 milliards d?euros engrangés depuis 2000. Avec 80 licences accordées, notamment à Mattel et Electronic Arts, Warner et Rowling ont de quoi se frotter les mains.
Les seconds rôles
<em>Harry Potter </em>: Quand d?ordinaire le second rôle sert de faire-valoir, chez <em>Harry Potter</em>, c?est une pléiade d?acteurs de qualité qui donnent la réplique à un jeune Daniel Radcliffe encore inconnu jusque-là. Entre <strong>Kenneth Branagh</strong>,<strong> </strong><strong>Alan Rickman</strong>, <strong>Emma Thompson</strong>, <strong>Jim Broadbent</strong>, <strong>Helena Bonham-Carter</strong>... la liste est longue et convaincante.<em>Twilight</em> : Difficile de s?attacher vraiment aux seconds couteaux avec ce couple torturé et glamour à souhait qui crève l?écran. Pourtant Jacob, le jeune indien lycanthrope est déjà très attachant malgré ses rares apparitions et il possède déjà son propre groupe de fans. On attend donc la sortie de <em>Tentation</em> avec l?espoir que son personnage y soit davantage développé.<strong>Verdict </strong>: <em>Harry Potter </em>gagnant surnuméraire.
Les acteurs
<em>Harry Potter</em> : Si on vous avait dit <strong>Daniel Radcliffe</strong> une décennie plus tôt, vous auriez probablement levé un sourcil interrogateur. À juste titre d?ailleurs. Tout comme ses comparses <strong>Rupert Grint</strong> et <strong>Emma Watson</strong>, le jeune Daniel a fait craquer tout le monde avec son petit air timide. Au fil des films, il a su s?approprier le personnage d?Harry avec tant de brio qu?on redoute pour lui le syndrome <strong>Mark Hamill</strong> (être trop assimilé à un personnage pour jouer autre chose). <em>Twilight</em> : Vive la récup? ! Après un petit rôle chez <em>Harry Potter</em>, <strong>Robert Pattinson</strong> prend du galon et un pot de gel pour partir à la conquête des fans de Meyer. Avant même que <em>Twilight Chapitre 1</em> ne pointe le bout de son teaser, l?ami Robert est déjà adulé par des milliers de fan girls. Pour cause : ces dernières, assoiffées de nouveauté ont squatté le net et ont créé un buzz invraisemblable. <strong>Verdict </strong>: Avec un pied dans les deux sagas fantastiques les plus hype du moment, Robert Pattinson possède une longueur d?avance sur Daniel Radcliffe. Moins catégorisé, il a aussi eu l?opportunité d?être davantage un interprète de son personnage alors que Radcliffe ayant commencé plus jeune lutte (en vain ?) pour ne pas être la créature d'une saga.
L'avis de l'expert
<em>Harry Potter</em> : Comme toute saga dense, on peut tirer beaucoup d'interprétations diverses d'<em>Harry Potter</em>. Version catho, version libérale, version socialiste... C'est le propre des grands mythes d'être ouverts à une pluralité d'interprétations...<em>Twilight </em>: Si l?influence de la culture mormone de <strong>Meyer</strong> n?échappe à personne, « la vraie différence [entre <strong>J.K. Rowling</strong> et Stephenie Meyer] c?est que J.K. Rowling est un excellent écrivain alors que Stephenie Meyer ne sait pas écrire correctement. » Et c?est <strong>Stephen King</strong> qui le dit.Verdict : D?accord avec le King : J.K. Rowling narre son histoire en s?effaçant derrière son contenu tandis que le style de Stephenie Meyer tient de la pâtisserie lourde et écoeurante à force de figures de styles redondantes.
L'univers
Harry Potter : L?auteur s?étant lâchée sans scrupule sur les créatures mythiques, les studios d?effets spéciaux ont eu à c?ur de se montrer dignes des romans. On se souvient donc notamment du magistral loup-garou de<strong> </strong><strong>Cuaron</strong>, des détraqueurs flottants de <strong>Newell</strong><strong> </strong>sans compter les centaures, les griffons, les fantômes... Twilight : Malgré tous les efforts de <strong>Catherine Hardwicke</strong>, <em>Twilight</em> ressemble à un épisode des <em>Frères Scott</em> avec des vampires. Classiques et sobres les vampires sont donc tout pâles et ne sortent pas les crocs à tout va mais le côté je-brille-au-soleil garde tout de même un aspect trop... lisse.<strong>Verdict</strong> : La seule chose qu?il manque à <em>Harry Potter</em> c?est un <strong>Guillermo Del Toro</strong> pour insuffler grandeur et majesté à un univers un poil trop léché. Plus pauvre en monstres, <em>Twilight</em> se traîne avec ses vampires scintillants. On attend de voir les lycanthropes que nous réserve la suite.
A la sortie de Twilight, la comparaison avec Harry Potter était récurrente : « Maintenant Harry et ses amis vont devoir compter avec Bella et ses vampires ». Mais qu’en est-il vraiment de ces deux sagas ? Le super champion Potter résistera-il à son challenger Twilight ? Analyse détaillée du match cinéma de l'annéePar Delphine Drieu la Rochelle et Claire Fortier-Durand
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