EXCLU - Jean Tulard commente les figures classiques de Sherlock Holmes
Robert Downey Jr.
<strong>Le film : </strong>Sherlock Holmes (2009) de <strong>Guy Ritchie</strong> <strong>C?est qui, Robert Downey Jr. ? </strong>Revenu sur le devant de la scène grâce à Kiss Kiss Bang Bang de <strong>Shane Black</strong>, on lui offre Iron Man sur un plateau. Et il rempile dans Iron Man 2. Et il va faire Sherlock Holmes 2. Son rôle de Kirk Lazarus dans Tonnerre sous les tropiques lui a assuré une bonne presse. Il est l?acteur revenu du gouffre, capable de tout faire, y compris un Sherlock Holmes crypto-gay qui utilise ses facultés de déduction pour se battre plus efficacement? <strong>L?avis de Jean Tulard : </strong><em>« Un bon choix, c?est un acteur que j?apprécie. Il a le physique, en tous cas? J?ai bien l?intention de voir le film !»</em>
Michael Caine
<strong>Le film :</strong> Elémentaire mon cher?lock Holmes (1988) de <strong>Thom Eberhardt</strong> <strong>C?est qui, Michael Caine ? </strong>Presque cinquante ans de cinoche anglo-saxon, d'Un pont trop loin en passant par L?homme qui voulut être roi, mais aussi les deux derniers Batman, Austin Powers 3, il a tout fait, tout vu. Le film Elémentaire mon cher?lock Holmes (traduction parfaitement idiote de <em>Without a clue</em>), réalisé par <strong>Thom Eberhardt</strong> (réalisateur de teléfilms de série Z, et du pilote de la série <em>Parker Lewis</em> !), est irrespectueux car il renverse complètement les rôles : <strong>Michael Caine</strong> est un acteur raté et alcoolo, Reginald Kincaid, qui est engagé par Watson (<strong>Ben Kingsley</strong>) pour jouer Sherlock Holmes? et récolter les lauriers des enquêtes, alors que c?est Watson le détective génial. <strong>L?avis de Jean Tulard : </strong><em>« Voilà un Holmes bien irrespectueux ! Cela me fait penser à la série de romans écrits par Carni, </em>Loufock Holmès<em>, qui datent du début du siècle, où Holmes est parodié sous la forme d?un ahuri? L?idée d?avoir choisi </em><strong>Caine</strong><em> est très forte : il ne respecte pas l?aspect physique des critères holmésiens, du fait de sa carrure et de son charisme très populaire. Une très belle idée. »</em>
Nicol Williamson
<strong>Le film :</strong><em> </em>Sherlock Holmes attaque l?Orient Express (1976) de <strong>Herbert Ross</strong> <strong>C?est qui, </strong><strong>Nicol Williamson </strong><strong>? </strong>Encore un acteur venu du théâtre shakespearien, <strong>Nicol Williamson</strong> est surtout connu pour son rôle de Merlin dans Excalibur (1981) de <strong>John Boorman</strong>. Ses apparitions au cinoche restent rares, il a toujours préféré être sur les planches (il a même fait un one-man show devant Richard Nixon), et ses excentricités ne lui ont jamais permis d?atteindre le sommet. <strong>L?avis de Jean Tulard : </strong><em>« Un bon Holmes, peut-être parce que le film entraîne le personnage sur ses pentes les plus obscures et les plus obsessionnelles. J?aime bien la liberté que prend le film : Holmes rencontre Sigmund Freud, apprend que Moriarty est son père. Cela fait partie de la tendance qu?ont eu des écrivains à remplir les vides créés par Conan Doyle. C?est la force d?un mythe après tout. Et avec son jeu très shakespearien, </em><strong>Williamson </strong><em> donne une interprétation forte du personnage »</em>
Jeremy Brett
<strong>Le film : </strong>Une série télé, en fait. <em>Les aventures de Sherlock Holmes</em> ont duré de 1984 à 1994. <strong>C?est qui, Jeremy Brett ? </strong>Un acteur shakespearien, qui a fait tout plein de séries télé en Angleterre dans les années soixante, avant de connaître la célébrité en 1964 dans My Fair Lady aux côtés d?<strong>Audrey Hepburn</strong>. Il a failli remplacer <strong>Sean Connery</strong> dans James Bond, mais c?est <strong>George Lazenby</strong> qui remporta le rôle pour Au service secret de sa Majesté. Ce n?est qu?en 1984 qu?il devient une star internationale avec la série télé <em>Les aventures de Sherlock Holmes</em>, qu?il interprètera dix ans, tout au long d?un combat avec le cancer qui finira par l?emporter en 1995. Cela a-t-il ajouté à son interprétation de Holmes ? <strong>L?avis de Jean Tulard : </strong><em>« Le Holmes le plus classique. Point. »</em>
Peter Cushing
<strong>Le film : </strong>Le chien des Baskerville (1959) de <strong>Terence Fisher </strong> <strong>C?est qui, Peter Cushing ? </strong><strong>Peter Cushing</strong> est surtout connu pour ses rôles de méchant docteur dans toute une série de films d?horreur de la Hammer (Le Cauchemar de Dracula, <em>La Malédiction</em><em> de Frankenstein</em>?), et aussi comme interprète du Grand Moff Tarkin dans le premier film La Guerre des étoiles<em> </em>(il aurait dû jouer Obi-Wan Kenobi !). Pour La revanche des Sith, <strong>George Lucas</strong> voulait le « ressusciter » numériquement (<strong>Cushing</strong> est mort en 1994), mais cela s?avéra impossible. Dans ce film, <strong>Peter Cushing</strong> affronte Christopher Lee, qui jouera bien plus tard le comte Dooku dans Star Wars II et III. <strong>L?avis de Jean Tulard : </strong>« Encore un acteur au physique de méchant pour jouer Holmes ! C?est amusant de constater qu?on a souvent choisi des physiques sombres et durs pour jouer le détective? Le physique anguleux de <strong>Cushing</strong> sert le rôle, comme <strong>Basil Rathbone</strong> avant lui. Et puis on remarque ici que pour interpréter Holmes, il y a un ensemble de signes dont on ne peut faire l?impasse : la casquette, la loupe, la pipe, la silhouette, et voilà ! vous avez Holmes. Il est servi par le cinéma car il est très visuel.»
Robert Stephens
<strong>Le film : </strong>La Vie privée de Sherlock Holmes (1970) de <strong>Billy Wilder</strong> <strong>C?est qui, Robert Stephens ?</strong> Acteur de formation shakespearienne (one more time?), il vient au cinéma sur le tard, et cette interprétation de Sherlock Holmes est sans doute son rôle le plus connu. Il fut un temps époux de l?actrice <strong>Maggie Smith</strong>, et sombra dans l?alcoolisme après leur rupture, pour n?interpréter que des rôles de second plan au cinéma. Il meurt en 1995, peu de temps après avoir été fait chevalier : la même année que <strong>Jeremy Brett</strong>. <strong>L?avis de Jean Tulard : </strong><em>« Hum... C?est un Holmes bien étrange, très discret? »</em>
Basil Rathbone
<strong>Le film : </strong>Le chien des Baskerville (1939) <strong>C?est qui, </strong><strong>Basil Rathbone</strong><strong> ? </strong><strong>Basil Rathbone</strong> est surtout connu pour avoir incarné l?archétype du traître, du méchant : voir son rôle emblématique du maléfique Guy de Gisbourne dans Les Aventures de Robin des bois (1938) de <strong>Michael Curtiz</strong>. Sa carrière d'acteur commence en 1921 (ouf !) et ne s?achève qu?en 1967. Impossible de résumer ça au cinéma, puisqu?il a tout joué et partout. Sherlock, pour lui, ça commence en 1939. Et cela ne s?arrêtera qu?en 1953? <strong>L?avis de Jean Tulard : </strong>« Le plus proche de la réalité? Et oui, on peut parler de réalité à propos de Sherlock Holmes. Parce que de nombreuses personnes ont été convaincues à l?époque de la réalité du personnage de Holmes, du fait de ses caractéristiques très crédibles. Et puis, dans les Holmes de <strong>Rathbone</strong>, il y a <strong>Nigel Bruce</strong>, un Watson parfait. »
Gene Wilder
<strong>Le film :</strong> Le frère le plus futé de Sherlock Holmes (1976) de <strong>Gene Wilder</strong><strong>C?est qui, </strong><strong>Gene Wilder</strong><strong> ? </strong>Acteur comique, grand pote de <strong>Mel Brooks</strong> (qui fait ici un caméo, et a dirigé l?acteur dans Frankenstein Junior, Les Producteurs, etc.), <strong>Wilder</strong> peut être considéré comme l?un des grands ancêtres de <strong>Will Ferrell</strong>. Le couple qu?il forme avec <strong>Marty Feldman</strong> et ses yeux globuleux est passé dans la légende.<strong>L?avis de Jean Tulard : </strong><em>« Dans cette comédie, </em><strong>Wilder</strong><em> interprète le frère parodique du détective, pas Holmes lui-même? cela permet une plus grande liberté, c'est amusant. »</em>
A l’occasion de la sortie de Sherlock Holmes, Premiere.fr a recueilli l’avis de Jean Tulard sur un choix d’acteurs qui ont incarné le détective.Recenser tous les comédiens qui ont interprété Sherlock Holmes relève d’un travail de titan. D’après le livre Guinness des records, le personnage de Holmes a figuré dans plus de 200 films et a été interprété par plus de 70 acteurs, ce qui lui permet d’être sans conteste le personnage le plus adapté à l’écran, dépassant même Napoléon (194 films…).Holmes, Napoléon, le cinéma… le rapprochement est vite fait. Nous avons recueilli l’opinion de Jean Tulard. Historien spécialiste de Napoléon et du Premier Empire, cinéphile, directeur du fameux Guide des films, un Dictionnaire des réalisateurs, un Dictionnaire des acteurs (tous trois publiés chez Robert Laffont « Bouquins »), un Dictionnaire du roman policier (Fayard). Actuellement, il est en pleine écriture de son prochain ouvrage de cinéma, qui se consacrera aux mythes cinématographiques. D’ailleurs, il indique que « Holmes est un mythe. On peut tout faire avec un mythe. »Voici donc son avis sur une sélection d’acteurs ayant interprété Holmes, de Basil Rathbone à Robert Downey Jr. En précisant que, s’il n’a pas vu Sherlock Holmes de Guy Ritchie, il avoue son impatience quand à le découvrir sur grand écran…Plus d'infos sur le Sherlock Holmes du 21ème siècle :Sherlock Holmes : tout ce qu’il faut savoir avant d’aller voir le film !PHOTOS - Robert Downey Jr : de Charlot à Sherlock Golden Globes 2010 : Robert Downey Jr est le meilleur acteur de comédieSherlock Holmes : le tournage de la suite doit commencer en juin !Jude Law : il a tourné dans Sherlock Holmes sans connaître les romans Arthur Conan Doyle !Robert Downey Jr : ses blagues mettent en péril la suite de Sherlock Holmes
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