Le réalisateur Carlos Saldanha revient sur la création de Rio, son dernier film d'animation.Après l’Age de Glace 2 et 3, le réalisateur Carlos Saldanha quitte les rivages de la banquise et embarque les spectateurs pour les plages de Rio. Son nouveau film raconte l’histoire d’un Ara bleu domestique qui se retrouve propulsé en plein carnaval de Rio à la suite d’un concours de circonstances. Pourchassé par des traficants d’oiseaux rares, il va devoir... apprendre à voler.Pour Carlos et Blue Sky, le film est un vrai challenge : le cinéaste a dû abandonner une franchise profitable et signer un film personnel et beaucoup plus délicat. Rencontre.Carlos, après les dinosaures, les oiseaux ? Oui, enfin surtout le Brésil. J’avais depuis longtemps l’envie de faire un film sur mon pays d’origine, il fallait simplement que je trouve le bon sujet.Et le bon sujet, c’est... ?L’histoire d’un oiseau enlevé, qui quitte son environnement et retourne à ses racines. J’adore les oiseaux, je les observe depuis que je suis gamin et j’ai souvent vu des oiseaux enlevés. La conséquence sur la nature est immédiate... Quand on touche aux oiseaux, on touche à l’écosystème. Bref... pour revenir à mon oiseau, comme il est parti depuis longtemps, quand il rentre chez lui, c’est un étranger.Ca ressemble à un film très personnel.C’est vrai : à chaque fois que je reviens au Brésil, les premiers temps, j’ai l’impression d’être un alien. Il y a une période d’acclimatation toujours un peu bizarre. Je voulais raconter le parcours d’un personnage qui retrouve son coeur et son âme. Tout en réalisant une déclaration d’amour à cette culture et à ce pays.Tu n’as jamais eu peur de sombrer dans la carte postale ? Tu te doutes bien que j’ai briefé tous les animateurs pour que le film ne ressemble jamais à un dépliant touristique (rires). J’avais une responsabilité énorme : si ma famille ou mes amis avait trouvé le film stéréotypé, ils me l’auraient dit sans ménagement ! Du coup, on a fait plusieurs voyages au Brésil, on a participé au Carnaval et j’étais derrière chaque animateur dès qu’on voyait un bout de la ville ou des plages (rires). Je ne voulais pas qu’on triche.D’où la présence de Sergio Mendez pour la musique du film ?Quand tu penses Brésil, tu penses musique. Il y avait quelques scènes musicales dans L’Age de Glace 2, mais, sur Rio, je ne voulais pas que ce soit du musical. Je voulais que ce soit un élément de l’histoire, et que ce soit organique. Pas comme dans les Disney... Sergio est un dieu vivant, le meilleur musicien brésilien, le gourou. Parce qu’il a su comme personne mixer les influences. Il incarne la vision que j’ai du Brésil : un pays festif et ouvert et pour te donner un exemple, il avait déjà travaillé avec Will I. Am. Il fallait que Rio soit à la fois très contemporain et très authentiqueL’autre star du film, c’est Jesse EisenbergJesse avait signé bien avant d’être nommé aux Oscars. Il était en train de tourner d’autres films qui viennent de sortir... C’est ça la beauté de l’animation : j’engage un acteur et quand j’ai fini mon film, il a déjà fait 5 ou 6 films (rires). Jesse était parfait pour la voix de Blu. Quand on travaille sur ce genre de film, on essaie de définir le caractère du personnage. Sa personnalité. C’est à partir de ça qu’on caste un acteur. Dans ma tête, Blu était... étrange. Il est à la fois maladroit et très malin. Il est rapide, cultivé (il adore lire), un peu nerd à sa manière, mais en même temps très attachant.Euh Carlos... Tu te rends comptes que tu en parles comme d’un homme...Oups ! En tout cas, Jesse était une évidence dès le début. J’avais vu Bienvenue à Zombieland et je savais que ça collerait.Parlons business. En quelques années, Blue Sky est entré dans la cour des grands et rivalise aujourd’hui avec Dreamworks ou Pixar. Est-ce que... Je sais où tu veux m’emmener, mais pour moi, il n’y a pas de compétition. On fait des films différents. Je le dis sans cynisme. On fait vraiment les films qu’on a envie de faire et de voir. Si on était constamment en train de regarder ce que fait le voisin, on n’avancerait pas.Le succès “surprise” de L’Age de Glace 3 a dû changer des choses non ? Ce n’est pas le succès qui change les choses, c’est la manière dont on le vit. Et pour nous, ce succès là, n’a pas changé grand-chose. Il nous a juste offert une plus grande liberté de moyens et d’imagination.C’est quoi la formule magique de Blue Sky ? Rester une famille. Que chacun puisse s’accomplir dans ce qu’il fait. Chez Blue Sky, tout le monde a voix au chapitre. Nos films résultent d’un effort vraiment collaboratif. Et le plus important, c’est qu’on garde notre innocence et notre âme d’enfant. On a réussi jusque là, c’est que ça doit être possible, non ? En tout cas je ne vois pas pourquoi ça changerait avec Rio !Rio sort mercredi. Vous irez le voir ?
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